(1p. 41-42).

XI

Vous êtes charmante, chère marquise, trop charmante même. Je viens de recevoir le schizzo. Je possède à la fois votre portrait et votre confiance, double bonheur. Vous étiez en veine de bonté ce jour-là, car votre lettre était longue et aimable ; seulement, elle a un défaut, c’est qu’elle ne conclut à rien. Vous verrai-je ou non ? That is the question. Je sais bien, moi, comment la résoudre ; mais vous ne voulez pas vous déterminer. Vous êtes, comme vous le serez toute votre vie, entre votre caractère et vos habitudes de couvent ; tout le mal vient de là. Je vous jure que, si vous ne me permettez pas de vous faire visite, j’irai vous demander de vos nouvelles de la part de madame D… À ce propos, madame D… doit vous rendre un favorable témoignage de ma discrétion. J’ai même résisté à un désir que je sentais au bout de mes doigts pour ouvrir le paquet qui m’apportait le schizzo. Admirez-moi.

Pourquoi ne voulez-vous pas que je vous voie à la promenade par exemple, ou bien mieux au British-Museum ou à la galerie Ingerstein ? J’ai un ami à côté de moi qui est fort intrigué du paquet énorme que j’ai été décacheter loin de lui, et du changement que son arrivée a produit dans mon moral. Je ne lui ai rien dit qui pût l’approcher de la vérité, mais il me paraît pourtant sur la voie. Adieu ; je voulais vous dire que le schizzo était arrivé à bon port et qu’il m’a fait le plus grand plaisir. Écrivons-nous souvent à Londres si nous ne nous voyons pas…