Lettres à sa marraine/18 janvier 1916

Gallimard (p. 63-64).


18 janvier 1916


Ma chère petite marraine, me voici de retour d’une longue permission, longue parce que je l’ai passée en Algérie ; mais officiellement elle était de 6 jours seulement comme toutes les permissions. J’ai trouvé les délicieux bonbons, je suis très gourmand mais je ne me souviens pas d’avoir jamais mangé d’aussi bons bonbons. Les cigarettes et les cigares sont excellents ; ce sont également, ou plutôt c’étaient, mes cigarettes favorites. J’avais égaré votre adresse (en permission) je la retrouve et vous écris pour vous souhaiter une bonne année, beaucoup de bonheur, beaucoup de poésie et de travail heureux. Je vous écrirai chaque fois que je recevrai une lettre de vous. Aussi ne tenez pas compte du retard de celle-ci et écrivez-moi vite pour me dire que vous allez bien et me dire aussi ce que vous faites, ce que vous écrivez, ce que vous lisez. Je vous baise la main.

Votre filleul de guerre.

Guillaume Apollinaire.