Lettres à la princesse/Lettre254

Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 354-355).


CCLIV

Ce 10 juillet 1868.
Princesse,

Je crains bien de n’avoir pas sous la main la personne qu’il vous faudrait. La dame à laquelle j’avais pensé autrefois n’est plus à Paris ni voisine de Paris : elle a quitté et je ne saurais où l’atteindre. Et puis elle est un peu trop âgée et trop faite, et, quoique ayant les qualités essentielles, je ne sais si la forme y serait, et elle ne serait plus assez souple pour se faire à ce mouvement aimable et vif, mais prompt et toujours actif.

Il faudrait quelqu’un de jeune encore et déjà mûr. Je connais bien une personne capable par l’esprit, par le caractère, qui remplirait bien des conditions : je pourrai vous en parler à la première rencontre. L’inconvénient est qu’elle est déjà engagée dans la littérature. Cependant la chose mérite peut-être qu’on y pense. — Nous avons cette personne sous la main.

J’ai vu hier le bon docteur Phillips, qui porte sur sa figure la joie d’être tous les soirs à Saint-Gratien.

Voilà une place de sénateur encore par la mort de M. Thayer. Oh ! notre pauvre M. Giraud !

Je lis le dernier livre de Prévost-Paradol[1] : la forme en est modérée. Je crains que ce ne soit pas assez historique pour vous en conseiller la lecture : c’est didactique, bien que très-élégant.

Daignez agréer, Princesse, l’hommage de mon tendre et inaltérable attachement.


  1. La France nouvelle.