Lettres à la princesse/Lettre109

Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 150-151).
Lettre CX  ►

CIX


Ce 13 mardi.
Princesse,

Tout n’est pas rose, même par ces beaux jours où la campagne est si verte et si riante : demain, mercredi même, un avis m’est donné que je suis d’une députation funèbre pour rendre les derniers honneurs à un sénateur mort (M. de Gabriac) : je ne puis, pour une première fois, me dérober à cette mission que je vais tâcher d’accomplir, au moins en partie, et qui me laissera bien fatigué. Un autre avis nous est donné que le soir du même jour l’empereur reçoit — et les sénateurs notamment. — Je crois que mon devoir est de ne pas manquer à cette réception, la première où je reverrai Sa Majesté depuis ma nomination. Me voilà donc dans la nécessité de remettre le plaisir de mon mercredi à l’un des jours suivants, jeudi ou vendredi. Vous me le permettrez, Princesse. J’ai bien hâte que cette session qui coupe toutes les journées soit finie : j’ai hâte de pouvoir jouir d’une journée franche à Saint-Gratien, que je n’ai jamais vu le matin. Enfin j’essaye tout doucement de me faire l’esprit à un arrangement de vie un peu nouveau, et où la satisfaction du cœur et d’un attachement déjà ancien trouve son compte. Il m’est impossible, pour le moment, de ne pas me sentir un peu dérouté, un peu étonné. On s’y fera. Je réclame, Princesse, votre gracieuse indulgence et vous prie d’agréer l’hommage de mes respectueux et tendres sentiments.