Lettres à la princesse/Lettre082

Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 106-107).

LXXXII


Ce 28 juillet.
Princesse,

Merci, merci ! Tout s’est bien passé : nous avons ri, causé, un peu raillé. J’ai dormi au retour. Je n’ai que ma fatigue générale, qui est grande et habituelle ; mais la journée a été une riante et heureuse distraction.

Oh ! je m’explique bien toute cette incohérence ! Vouloir trop, embrasser trop à la fois, réunir des éléments contradictoires, éminents et fougueux, être à l’étroit dans une vie qu’on se fait trop pleine, avoir des passions maîtresses, une intelligence maîtresse aussi et qui juge toute chose, avoir des talents, et l’un surtout à un haut degré, dont on ne sait que faire et à qui il est presque interdit d’éclater[1]… Convenez-en, il y a là de quoi faire gronder et un peu rugir ceux qui sont de la race des lions. Mais j’avoue que cela ne m’aurait jamais fait oublier un dîner avec vous.

Je vous prie d’agréer, Princesse, l’expression de mon respectueux attachement.


  1. L’éloquence du prince Napoléon.