Lettres à la princesse/Lettre020

Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 29).
◄  Lettre XIX
Lettre XXI  ►

XX


Ce 20 décembre.
Princesse,

Tout cela me paraît, en effet, assez insensé ; mais on n’a plus la mesure, rien n’avertit qu’on exagère, et l’on s’en donne à cœur joie. Quand on a de l’esprit, on en a comme Voltaire ; quand on a du génie, on en a comme Shakespeare ; pas à moins. Les gens sensés paraissent bien fades après ces orgies d’éloges. Oh ! qu’il est terrible de vivre et d’écrire entre tous ces amours propres qui croient ensuite qu’on leur en veut et qu’on leur manque dès qu’on ne tombe pas à leurs genoux !

Veuillez agréer, Princesse, vous qui vous laissez contrarier et contredire, l’expression de mes sentiments de haute estime et de respectueux dévouement.

P.-S. J’ai vu ce matin un homme bien heureux, M. Chesneau, qui vous doit tant et à qui vous permettrez un jour d’avoir l’honneur de vous remercier.