Lettres à la princesse/Lettre019

Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 28).
Lettre XX  ►

XIX


Ce 19 décembre 1862.
Princesse,

J’ai reçu ces pommes d’or, ces mandarines dont je n’avais jamais mangé, les prenant pour autre chose. Mon ignorance n’a d’égale que vos bontés.

Je me suis aperçu, en y repensant, que j’avais été bien vif, en effet, l’autre soir, en parlant de ce ministre si honnête homme et excellent homme. Permettez-moi de vous dire une excuse que ma vivacité même m’a fait oublier dans le moment : je m’étais fait un idéal de l’empire ; j’aurais voulu que l’empereur fît chaque jour quelque chose d’imprévu, de neuf et de bien. C’était mon programme. Toutes les fois qu’il n’est pas tenu et rempli, je souffre comme un auteur dont les acteurs écorcheraient la pièce et gâteraient les rôles.

Veuillez agréer, Princesse, l’expression de mon respect et de mon dévouement.