Lettres à Herzen et Ogareff/À Ogareff et à O-ff (3-10-1871)
O—FF
Mes amis, je suis coupable envers vous ; je vous demande grâce. Différentes affaires, mon spleen, mon indisposition, ma bourse à sec, surtout la guerre que j’ai faite à Ossip Ivanovitch[1] m’ont envahi tout entier et m’ont paralysé à tel point que j’ai suspendu toute correspondance avec mes intimes. Je ne pouvais vous envoyer les nos du « Golos » vu qu’ils sont entre les mains d’un Russe qui voyage en Italie. Il va me les renvoyer aujourd’hui ou demain et vous les aurez aussitôt.
Cette fois encore, à peine ai-je touché à ma plume que je dois déjà finir ma lettre. Mais je vous promets de vous en envoyer demain probablement ou un de ces jours une bien longue, à chacun de vous.
Cependant la défaite d’Outine et le triomphe de Malon, m’ont causé une véritable joie. Mon cher O., je t’en prie, donne-moi plus de détails dramatiques. Que faire, si ces commérages peuvent m’amuser, vieux que je suis ! C’est une faiblesse, mon cher, une faiblesse de vieillard, mais, que veux-tu ? j’aime bien les commérages qui sont intéressants. Écris-moi donc si Olga a assisté à cette défaite de son chéri ? Est-ce possible qu’Outine n’ait pas tenté de répondre aux terribles accusations de Malon ?
Votre programme, mon vieux, laisse à désirer, mais il ne s’agit pas de cela ; il s’agit beaucoup plus de ce que vous faites pour la propagande et pour l’organisation.
- ↑ Guiseppe Mazzini (Drag.).