Lettre du duc de Nevers, de Lyon, en 1702

Lettre du duc de Nevers, de Lyon, en 1702
Œuvres de ChaulieuPissotTome 1 (p. 126-129).

LETTRE DE M. LE DUC DE NEVERS,
De Lyon, où il etoit avec
Madame la Duchesse de Bouillon, en 1702.


Par Saint Cir !
De plaisir
J’eusse été
Transporté,
Si Chaulieu
Dans ce lieu
Fût venu.
Il eût vu
Les Penons,
Gens très-bons ;
Il eût fait
À souhait
Des repas

Maigre & gras ;
Eût mangé,
Dévoré
Des saumons,
Des chapons,
D’excellens
Ortolans,
Mets exquis !
Des perdrix,
Des canards,
Des guignards ;
Il eût bu,
Bien repu,
De ces vins
Les plus fins ;
Mais Paris,
Lieu sans prix
Et sans pair,
Fait filer
Ses beaux jours
Aux Amours ;

Quoiqu’encor
De Saint Maur
Ses esprits
Soient épris,
Que charmé,
Qu’enflammé
De Phébus,
De Bacchus,
Force fruits
Soient produits
Par Clion,
Le Baron
De ce lieu
Demi- Dieu,
Mécénas
Plein d’appas
Le lança,
Le plaça
D’un plein faut
Au plus haut
D’Hélicon.
Que son nom
Si vanté
Soit chanté
En beaux Vers
Sur des airs
Du Levant

Au Couchant !
Revenons
Aux Penons,
Bonnes gens,
Complaisans,
Généreux ;
Contens d’eux,
Nous partons,
Et quittons
Ce Pays
Pour Paris.
Un Abbé
Absorbé
Dans Comus,
Dans Vénus,
Tout charmant,
Est l’aimant
Qui nous fait
Sans regret
Me hâter
De quitter
Ce beau lieu,
Pour Chaulieu.