Au duc de Nevers, en réponse à une épître en vers de trois syllabes

Au duc de Nevers, en réponse à une épître en vers de trois syllabes
Œuvres de ChaulieuPissotTome 1 (p. 130-135).

RÉPONSE DE M. L’ABBÉ DE CHAULIEU.


Grand Nevers
Si les Vers
Découloient,
Jaillissoient
De mon fond,
Comme ils font
De ton chef ;
Derechef
J’aurois ja

De pieça
Répondu.
Confondu
Je me sens
Et me rends,
J’ai frotté,
J’ai gratté
Occiput,
Sinciput ;
Ma foi rien
Ne me vient :
Comme toi,
Près de moi
Si j’avois,
Ou tenois
Dans mes bras
Les appas
De ta sœur
Dompte-cœur,
Enchanté,
Transporté,
Rimerois,

Chanterois
Rime en on
De Bouillon ;
Doux aimant !
Nom charmant,
Tu me peux,
Si tu veux
Rajeunir
Sans bouillir
Comme Éson !
Un garçon
Fort gaillard
D’un Vieillard
Tu feras,
Et rendras
À l’amour
Un Soyecour ;
Et ce dont
Besoin ont
Mes Cloris

À Paris,
Près de qui,
Dieu merci,
Tes brocards
Goguenards
M’ont tondu,
M’ont perdu.
Cependant
En servant
Ma Cypris,
Mal j’ai pris,
Dont le pied
Dolent j’ai.
Muse, hola !
Brisons là,
Et venons
Aux Penons,
Bonnes gens,
Excellens
Pour un mois ;
Mais pour trois,
Serviteur.
Leur bonheur
Nous rend tous
Trop jaloux.

Revenez,
Ramenez
Les plaisirs
À Paris.
Quand serez,
Y ferez
De ce lieu
Un Chaulieu.

Revenez donc promptement,
Revenez, couple adorable ;
Cédez à l’empressement
Qu’on a de se voir à table
Avec vous passer des jours,
Qui, filés d’or & de soie,
Font toujours naître la joie,
Et badiner les Amours.
On sent la vapeur légere
Déja de maint vin nouveau,

Qui, tout sortant du berceau,
Pétille dans la fougere,
Et menace le cerveau ;
Et l’on m’écrit qu’à Surene,
Au cabaret on a vu
La Fare & le bon Silene,
Qui, pour en avoir trop bu,
Retrouvoient la porte à peine
D’un lieu qu’ils ont tant connu.