Lettre de Saint-Évremond à la duchesse Mazarin (« C’est trop que d’être deux jours… »)


XCI. Billet à la duchesse Mazarin.


À LA MÊME.

C’est trop que d’être deux jours sans savoir de vos nouvelles. J’en ai demandé deux fois le jour à Saint-James sans en apprendre : vous aurez la bonté d’en faire dire au petit sénateur. Si vous vous portez bien, je ne saurois me porter mal. Votre santé a fait jusqu’ici la mienne : je souhaite que cette influence-là dure longtemps. Si vos champs, plus fertiles et moins brûlés du soleil que celui de Montiel1, vous donnent de petites fèves, vous contenteriez un appétit qui se peut nommer une fantaisie, tant il est déréglé. Le champ de Montiel vous est assez connu, sans que j’aie besoin de vous l’expliquer. J’y laisse Don Quichotte, et ne prends de lui que Hasta la Muerte, fin ordinaire de mes lettres.


NOTES DE L’ÉDITEUR

1. Résidence de milord Montaigu, où étoit en ce moment Saint-Évremond.