Les vitraux du Moyen âge et de la Renaissance dans la région lyonnaise/1.04

ROSES DU TRANSEPT

xiiie siècle
Fig. 60. — L Église

Las deux belles roses du bras de croix ont conservé presque intacte leur décoration translucide qui est à peu près contemporaine des fenêtres basses du chœur. L’une et l’autre sont conçues sur le même tracé architectural. Les douze secteurs, séparés par de légères colonnettes, Contiennent chacun deux médaillons, dont l’ensemble forme deux cercles concentriques se détachant sur d’étincelantes mosaïques à dominantes rouges et bleues. Il est à noter que la coloration de la rose méridionale, plus exposée aux rayons du soleil, est sensiblement plus éteinte et plus violacée que celle du nord, où des rouges fulgurants apportent une exacte compensation au défaut d’éclairage.


Rose septentrionale

Les Bons et les Mauvais Anges.

Au centre, la figure allégorique de l’Église porte d’une main le calice surmonté de l’Hostie et, de l’autre, la croix traditionnelle à laquelle est attachée une bannière formée de bandes horizontales noires et blanches (fig. 60).

Les douze petits médaillons près du centre renferment les anges rebelles précipités la tête en bas. Suivant la tradition iconographique, ils sont privés du nimbe. Dans les médaillons du rang extérieur, dix anges nimbés, agenouillés, forment une cour céleste aux pieds du Christ qui, assis sur son trône dans le médaillon supérieur, domine tout l’ensemble (fig. 61). Le douzième médaillon, à la partie inférieure de la rose, représente la Création de l’homme et de la femme.

Enfin, dans un des trilobes du côté gauches, est le donateur du vitrail, en costume canonial. Il porte dans sa main l’image de la rose qu’il offre à sa

Fig. 61. — Les bons et les mauvais anges

cathédrale et l’inscription placée au-dessus de sa tête le désigne clairement : Li Doiens Ernus me fecis (sic) facere (v. fig. 4), donnant ainsi la date du vitrail. Arnoud de Colonges fut élu chanoine de la cathédrale de Lyon en 1217, chantre en 1229 et doyen vers 1241. Il mourut le 11 septembre 1250. C’est donc exactement au milieu du treizième siècle qu’il faut placer l’exécution de ces deux roses.


Rose méridionale

Au cœur de la rose plane le Saint-Esprit entouré de rayons. Les douze petits médaillons du rang intérieur renferment douze anges à mi-corps, portant à la main, les uns un petit bâton de commandement, les autres une cassolette contenant des objets semblables à des pièces de monnaie.

Fig. 62. — La Rédemption

Les grands médaillons de la zone extérieure retracent les principales circonstances de la chute et de la réhabilitation de l’homme.

1° Au sommet : le Créateur, assis sur son trône, est entouré des quatre attributs évangéliques ;

2° À droite : création d’Adam ;

3° Création d’Ève ;

4° Péché originel (fig. 62) ;

5° Adam et Ève chassés du Paradis terrestre ;

6° Descente aux limbes ;

7° Au bas de la rose. Adam et Ève condamnés au travail (sujet moderne) ;

Photogravure Arlin                                                                                                                                                                                    Cl. L. Bégule
ROSE DU TRANSEPT MÉRIDIONAL
(xiiie siècle.)
8° En haut, à gauche, en face de la Création d’Adam : l’Annonciation ;

9° La Nativité ;

10° L’Adoration des Mages ;

11° Le Calvaire ;

12° Les Saintes Femmes au tombeau (fig. 62).

Il est manifeste que le sujet de la Descente aux limbes, placé au sixième rang, devrait se trouver au bas du vitrail et non avant la scène d’Adam et Ève Condamnés au travail. C’est là, ainsi qu’en témoigne le dessin du P. Martin, une erreur de pose commise lors de la restauration exécutée, vers 1860, par Henri Gérente, de façon très consciencieuse d’ailleurs.

L’exécution de cette rose est incontestablement postérieure à celle des verrières basses de l’abside et, pourtant, on retrouve certains détails analogues, notamment dans la Nativité et les Saintes Femmes au Sépulcre, qui semblent affirmer la persistance des traditions orientales jusqu’au milieu du treizième siècle.