Les vitraux du Moyen âge et de la Renaissance dans la région lyonnaise/1.03

VITRAUX DE LA PARTIE SUPÉRIEURE DE L’ABSIDE

Les Prophètes et les Apôtres
xiiie siècle

Au dessus du triforium de l’abside, se développe une deuxième série de verrières occupant les fenêtres hautes. Elle comprend, de chaque côté de l’abside, deux fenêtres à trois baies contenant chacune un grand Prophète entre deux petits et une série de fenêtres géminées occupées par les douze Apôtres. Au centre, une baie double

Aggée.                                        Jérémie.                                        Abdias.
Fig. 57. — Les Prophètes

Vitraux de l’abside, xiiie siècle
renferme le Christ et la Marie. Ces verrières appartiennent incontestablement à la première moitié, peut-être au milieu du treizième siècle : la fenêtre centrale accuse une date un peu postérieure, se rapprochant de la fin du treizième siècle ou du commencement du quatorzième.
Fig. 58. — Saint André — Saint Pierre
Vitraux de l’abside, xiiie siècle

Les figures des Prophètes, d’un grand caractère, tiennent des banderoles sur lesquelles se lisent des versets de leurs prophéties. Elles se détachent en tons relativement clairs sur des fonds d’un bleu velouté et brillant ; mais, afin de ménager la lumière, l’artiste les a encadrées de larges bordures en grisaille, donnant à l’ensemble un effet nacré particulièrement harmonieux.

Première fenêtre, côté de l’Évangile : Agée, Jérémie, Abdias (fig. 57).

Deuxième fenêtre, à la suite : Michée, Isaïe, Malachie. Ces trois derniers personnages sont d’exécution entièrement moderne, ayant été refaits par Thibaud en 1850, et ne sont que la reproduction des précédents, mais avec les tons de verres criards et inharmonieux qui seuls étaient, à cette époque, à la disposition des peintres verriers.

Vis-à-vis, côté de l’Épitre : Amos, Daniel, Zacharie.

Deuxième fenêtre, à la suite : Sophonie, Ézéchiel (fig. 59), Habacuc. Ce vitrail, comme celui qui lui fait face, est entièrement moderne, et tous deux viennent d’être restaurés aux frais de l’État.

À la suite des Prophètes, les douze Apôtres rangés deux par deux occupent les fenêtres du chevet.

Du côté de l’épître : saint Simon et saint Mathias, saint Philippe et saint Barthélémy, figures en grande partie modernes, refaites en 1850, Seules les bordures en grisaille ont été conservées. À la suite, saint André et saint Pierre sont dans un bon état de conservation (fig. 58).

Vis-à-vis ; en continuant à la suite de la fenêtre centrale, dont il sera question plus loin : saint Jean et saint Jacques le Majeur, saint Thomas et Mathieu, saint Jacques et saint Jude. Ces damiers personnages sont malheureusement modernes en très grande partie. Actuellement, l’État s’occupe de les faire restaurer, eux aussi, comme les prophètes de Thibaud.

Fig. 59. — Tête du prophète Ézéchiel, xiiiesiècle
Panneau ancien. (Collection L. B)

Dans ces différentes figures, la science du verrier s’est manifestée avec une admirable maîtrise. En raison de la grande hauteur où elles sont placées, le peintre n’a pas hésité à employer des moyens audacieux pour rendre ses figures saisissantes, conformes au caractère de majesté qu’elles représentent, et surtout très lisibles par la simplicité de l’exécution. C’est ainsi que les yeux, découpés dans un verre blanc grisâtre, se détachent de même que les barbes blanches sur un ton de chair chaudement coloré et sans que les plombs qui les sertissent soient même visibles d’en bas. Il est allé jusqu’à mettre en plomb les lèvres de saint Pierre et celles de saint André (fig. 58) taillées dans un verre rouge.

On peut observer que plusieurs personnages sont identiques comme dessin et exécutés sur les mêmes cartons avec de simples changements dans la coloration des draperies, de même qu’on le constate souvent à Chartres, à Troyes, à Clermont-Ferrand, etc. La question d’économie et de temps pouvait très bien être invoquée, mais il faut aussi se rappeler que les maîtres verriers de nos cathédrales s’occupaient moins de faire des tableaux isolés que des ensembles décoratifs, harmonieusement compris comme grandes lignes et éclat des colorations.