CHAPITRE XXIX.

Enfin !


Trois semaines après son élection, Édouard se mariait.

Les cloches sonnaient à toute volée.

Sonnez ! carillons de cuivre, sonnez ! sonnez ! c’est la joie qui passe.

C’est une fête de tout le village que le mariage du député : tous les gens sont à leur porte pour voir passer les carrioles, qui vont au son clair des grelots ; et le cortège nuptial est imposant.

Dans l’église il y a foule ; chacun se hausse, pour mieux voir les mariés : lui, si beau avec son air vainqueur et sa haute taille ; elle, si douce et les yeux humides de bonheur.

Affaissée sur un prie-Dieu, cachée, dans un des bas-côtés, aux regards indiscrets, madame Leblanc pleure à chaudes larmes. — C’est trop de bonheur et de regret pour elle, pauvre femme.

Enfin, elle se console et regarde avec fierté son fils agenouillé, là-bas. Il a toujours été un fils modèle, se dit-elle : sainte Vierge, protégez-le et gardez-les, tous deux.

Marie-Louise suit la cérémonie avec émotion, elle aussi.

Les paroles sacramentelles sont prononcées ; et les fiancés deviennent graves ; lui répond avec fermeté, elle avec ferveur.

C’en est fait ; ils sont liés pour la vie ; et ce mot redoutable, toujours, ne les effraie pas.

Pour les invités, tout se passe gaiement ; on observe et on note les incidents du mariage.

Pour eux, tout se passe comme un rêve rapide et vague ! — Tout… excepté, peut-être, les adieux de leurs parents. — La cérémonie, le déjeuner de noce, l’allée à la gare, en voiture, ont lieu presque à leur insu. Ils reviennent à eux seulement lorsque le train les emporte seuls, tous deux, et qu’il la presse sur sa poitrine en disant : Enfin ! tu es à moi.

Blanche lève les yeux vers lui, puis laisse aller sa tête sur l’épaule de son époux.

Et maintenant, venez, épreuves et malheurs : ils sont deux pour vous défier.