Les tendres épigrammes de Cydno la Lesbienne/30

(pseudonyme)
Traduction par Ibykos de Rhodes (pseudonyme).
Bibliothèque des curieux (p. 100-101).


XXX

LE VENTRE DE SMARAGDA


Voici le premier mars, le jour de fête où le printemps revient, suivant la tradition populaire.

Des adolescents crient de joie sur les collines. Déjanire, qui rentre d’une promenade, me dit que le double azur, céleste et maritime, a des frissons voluptueux.

Les gamins du village nous font visite : ils portent en triomphe l’oiseau de bois symbolique et ils demandent à manger pour la bonne messagère, l’hirondelle noire au ventre blanc.

Trois négrillonnes leur distribuent de ma part des tartes, des gâteaux et de l’hydromel.

Alors ils chantent, ravis, des stances d’heureux présage.

Mais je ne me dérange point et je reste, jusqu’au soir, dans ma chambre close.

Car un printemps meilleur est ici. J’ai sous les yeux, sous les doigts, sous les lèvres, la sœur cadette de Penthésilée, Smaragda l’innocente au ventre plus mignon et plus chaud que celui de l’hirondelle.