Traduction par René Auscher.
Hachette & Cie (p. 25-34).

CENTRES DE TOURISME D’HIVER

EN FRANCE

Les régions de la France où se pratique le tourisme d’hiver sont les Vosges, le Jura, les Alpes, les Pyrénées et le Massif Central.

Dans ces diverses contrées, on peut, bien entendu, s’installer n’importe où et y excursionner dans des conditions matérielles parfois favorables, parfois rudimentaires. Il faudrait, si l’on voulait indiquer toutes les stations de villégiatures hivernales, une géographie complète.

Aussi nous bornerons-nous à des considérations générales, en nous réservant le soin de donner des indications sur les centres les plus fréquentés, ceux qui sont spécialement aménagés, tant au point de vue des hôtels que des pistes, ceux enfin où l’initiative locale a fait le plus d’efforts.

Les Vosges. — Les Vosges offrent en hiver de merveilleux champs de sports. Elles comprennent une région montagneuse couverte de bois de sapins aussi beaux en hiver qu’en été. De nombreuses habitations, qui peuvent à l’occasion offrir un abri précieux, y sont parsemées. Enfin des pistes soigneusement jalonnées permettent en toute saison de les parcourir sans difficulté.

Les buts d’excursions les plus connus, la Schlucht, le Donon, le Ballon d’Alsace, sont des plus fréquentés et peuvent être atteints avec facilité des divers centres : de Saint-Dié, de Remiremont, stations que la seconde Semaine d’Hiver du T. C. F. révéla pour ainsi dire aux touristes, de Belfort et de Giromagny ou, comme dans les villes précédentes, existent des Ski-Clubs fort actifs.

Mais le centre véritablement organisé au point de vue du tourisme est Gérardmer où, grâce à son lac, se pratiquent en hiver tous les sports de la neige et de la glace. Gérardmer est situé à 700 mètres environ d’altitude et sa période d’enneigement est de trois à quatre mois.

Le Jura. — L initiative locale a certainement fait des efforts en ce qui concerne l’aménagement du Jura, au point de vue du tourisme. Mais cette région, resserrée entre les Vosges et les Alpes, plus connues et plus fréquentées, trop proche de la Suisse, dont la renommée est si solidement établie, ne possède pas encore de centre bien organisé.

On fait des sports d’hiver à Pontarlier, à Morez, à Saint-Claude, à Nantua, à Gex, à Champagnole, chef-lieu de canton qui pourrait devenir un centre des plus agréables.

Le grand mouvement de visiteurs ne s’est toutefois pas encore manifesté et reste limité aux sportsmen des environs ; mais on peut espérer que sous peu le Jura, grâce à l’intérêt qu’il offre, acquerra lui aussi, avec tous les avantages et les agréments des sports de la neige, la richesse que crée pour un pays le mouvement de tourisme.

Les lacs, nombreux dans la région, permettent d’ailleurs aux amateurs les sports de la glace les plus variés.

Les Alpes. — Par rapport à leur grande étendue, les Alpes possèdent peu de centres de villégiatures d’hiver. Ceux qui existent sont, il est vrai, très fréquentés, soit par les étrangers, soit par les habitants des régions voisines. En Savoie, Chamonix et Aix, avec le Revard, sont des plus connus et leurs hôtels sont très visités depuis quelques années, aussi bien en hiver qu’en été.

Chamonix, à 1000 mètres d’altitude, reçoit la neige pendant quatre mois ou quatre mois et demi. Des trains spéciaux mettent en hiver cette station en communication directe et rapide avec Paris et facilitent le parcours du trajet. Son organisation, au point de vue des hôtels et des moyens de locomotion, est des plus complétes ; ses ressources en excursions variées, soit a ski, soit en traîneau, justifient sa réputation et sa vogue.

Depuis quelques années, Aix-les-Bains lui fait une concurrence des plus vives.

concours du Mont Genèvre.

LE DÉPART DU CONCOURS INTERNATIONAL DU MONT GENÈVRE (1907)
(Cliché Rol.)


La ville d’Aix, dont l’organisation au point de vue du tourisme est connue, est surplombée par le superbe plateau du Revard, situé à 1500 mètres d’altitude, auquel elle est reliée par Un funiculaire fonctionnant d’une façon permanente. Un hôtel est ouvert toute l’année depuis quelque temps dans cette dernière station. La durée d’enneigement est d’environ quatre mois, pendant lesquels on peut parcourir en tous sens soit le plateau du Revard lui-même, soit le merveilleux massif des Bauges situé à proximité.

Le Revard est fréquenté non seulement par les étrangers mais aussi par les amateurs de la région de Lyon et d’une grande partie de la vallée du Rhône inférieur ; il acquiert chaque année plus d’importance.

D’ailleurs, indépendamment de ces centres parfaitement outillés, d’autres villes offrent des ressources des plus appréciables.

Ce sont Thonon et Evian, au bord du lac de Genève, puis Annecy, d’où l’on peut gagner les charmants villages de Thones et Faverges, puis encore Albertville avec Allondaz, ces dernières villes aux confins des Bauges.

Plus au sud, les environs de Grenoble abondent en petites stations parmi lesquelles Saint-Pierre-de-Chartreuse, le Sappey, Monestier-de-Clermont où ont lieu régulièrement des concours de ski, de bob et de luge, Villars-de-Lans, Saint-Martin-d’Uriage, Vizille.

Gap, Embrun et Briançon, dans les Hautes-Alpes, sont des centres des plus intéressants au pied des hauts sommets de la chaine. Briançon surtout est une station d’avenir par ses communications avec l’Italie par le col du mont Genevre, lieu du premier Concours International de ski en France, avec le Dauphiné par le col du Lautaret, avec la Maurienne par celui du Galibier. Cette ville est à proximité aussi des vallées si remarquables du Queyras et de Vallelouise, au pied du mont Pelvoux.

Enfin tout près de la Côte d’Azur, ou l’on va en plein hiver chercher le soleil et les fleurs, les stations de Peira-Cava et de Thorenc, respectivement à quelques heures de Nice et de Cannes, offrent, dans un merveilleux décor, les sports d’hiver les plus variés.


Les Pyrénées. La partie médiane des Pyrénées surtout offre aux Touristes des centres d’hiver importants et bien établis. Toutefois les portions orientales et occidentales de cette chaine, récemment conquises au mouvement touristique, offrent elles aussi un intérêt des plus sérieux, et le projet d’une route des Pyrénées ne peut être que favorable à leur développement.

Le plateau de Capsir, les cols de la Casteillou, de Peyresourde et d’Aspin, la région d’Ossau sont très accessibles, soit de Mont-Louis d’une part, soit de Pau et de Saint-Jean-Pied-de-Port de l’autre, en comprenant les villégiatures intermédiaires de Luchon, Luz, Barèges, Bagnères-de-Bigorre, Eaux-Bonnes, Gavarnie, et enfin Cauterets.

Centres de sport d’hiver

principaux centres de sports d’hiver.

Cauterets (900 mètres d’altitude) est parfaitement organisé au point de vue des excursions et du séjour en hiver. On y accède commodément par des trains directs et nombreux qui fonctionnent d’une façon régulière. En traineaux et en skis des promenades nombreuses sont possibles, et, jointes aux exercices de bobs, elles font de ce séjour une des villégiatures hivernales les plus appréciées.

Quant à Gavarnie (1250 mètres d’altitude), il est regrettable que les moyens de transport, trop rudimentaires en été comme en hiver, rendent le voyage assez pénible et le séjour dans cette station peu confortable. Pourtant ses champs d’exercices, où l’on trouve toutes les pentes désirables, boisées ou non, ses excursions variées dans un décor d’une majesté suprême, sont d’un attrait puissant et lui promettent, bien que peu fréquentée encore, un brillant avenir.


Le Massif Central. — Quelque bizarre que cette opinion ait pu paraître il y a quelques années, et bien qu’encore aujourd’hui elle soit peut-être contraire aux idées généralement admises, il n’en est pas moins vrai que le Massif Central, avec les Cévennes, offre au ski un champ très important.

À l’exception du Mont-Dore et du Lioran, les villégiatures hivernales proprement dites n’existent pas encore ; cependant les sports d’hiver se développent de jour en jour dans cette vaste région.

Des Ski-Clubs existent et montrent leur énergique vitalité dans le Velay, au Puy, au pied du Mont Pilat et à Yssingeaux ; dans le Cantal, à Aurillac, à Murat près du Lioran ; dans les Monts de l’Aygoual, du Vivarais, à Saint-Agrève, enfin à Clermont-Ferrand, non loin du Puy-de-Dôme, et jusqu’à Saint-Étienne dans les Cévennes.

Il est permis d’espérer que leurs efforts, joints a ceux des grandes organisations de tourisme, contribueront au développement sportif et économique d’une des régions les plus intéressantes de la France.


Algérie. Nous terminons cette rapide étude en mentionnant, comme centre de sports d’hiver, la région de l’Atlas algérien ou les chutes de neige, parfois très abondantes, ont montré par expérience les services pratiques que peuvent y rendre les skieurs.


À L’ÉTRANGER


À l’étranger, les sports d’hiver sont pratiqués presque partout avec autant de ferveur qu’en France. Nous nous bornerons à esquisser ici l’étude de quelques régions de l’Europe intéressantes pour les touristes.


Suisse. — La Suisse, patrie de l’industrie hôtelière, est une des premières à avoir mis à la mode les sports d’hiver et, actuellement, nombreuses sont les stations ou les étrangers se pressent pour pratiquer les exercices auxquels se prêtent la neige et la glace.

Deux régions se spécialisent nettement par le nombre et le confort des installations hivernales.

La première, autour de l’extrémité orientale du lac Léman, comprend : Leysin, Villars, les Avants, Caux, Château d’Œx, Mont-Pélerin, Champéry.

La seconde dans les Grisons et la Haute-Engadine a pour centres Davos, Saint-Moritz, Pontresina.

Elles sont reliées par l’Oberland bernois avec Adelboden, Grindelwald, Engelberg.

Enfin les pentes suisses du Jura offrent quelques stations assez fréquentées.


Autriche-Hongrie et Allemagne. — Les Alpes suisses, devenues si sportives en hiver, ne se limitent pas géographiquement à l’Engadine ; elles se prolongent jusqu’à Vienne et portent sur toute leur chaîne des stations bien organisées et des plus intéressantes.

Ce sont : Bregenz, Egg, Saint-Valentin, Innsbruck, Kufstein, dans le Tyrol ; Zell am See. Kitzbühel, Salzbourg, Aussee, Murau, dans les Alpes Styriennes ; Toblach, Velden, Klagenfurth, Graz, dans les Alpes Carniques ; enfin Mürzzuschlag, Semmenng et surtout Lilienfeld, autour de Vienne.

Nous tenons à citer aussi, surtout au point de vue historique, Laibach, dans la Carniole, limite de la neige dans l’Autriche méridionale.

L’angle nord-ouest de l’Empire est limité par les Monts de Bohême, les Monts Métalliques et les Monts des Géants. Sur le versant autrichien de chacune de ces chaînes, et jusqu’à Prague, on trouve plusieurs stations hivernales, parmi lesquelles, nous nous bornerons à citer Linz, Kuschwarda, Marienbad et Carlsbad, Gablonz, Heidelberg.

Terminons en disant que les Carpathes hongroises sont fréquentées par des amateurs de la région ou des environs, mais elles sont encore rarement parcourues par les touristes de l’Europe occidentale et nous ne nous y arrêterons pas.

Le centre principal des sports d’hivers allemands est le Feldberg, dans la Forêt Noire.

On les pratique aussi un peu dans le Taunus et sur les versants opposés à l’Autriche des Monts de Bohême, des Monts Métalliques et des Monts des Géants dont nous venons de parler, mais les étrangers préfèrent à ces contrées le Tyrol, la Suisse ou la Norvège, et elles offrent en définitive peu d’intérêt au tourisme d’hiver international.


Suède et Norvège. — De nos jours, la rapidité et le confort des modes de locomotion sont tels qu’un voyage en Suède ou en Norvège n’est plus à redouter ; il est, au contraire, tout indiqué à ceux qui désirent se rendre compte par eux-mêmes des véritables ressources du ski, du patin, du traîneau.

En Norvège, la région la mieux aménagée et qui, grâce à sa latitude, offre des terrains d’exercices permanents, été comme hiver, est celle qui s’étend entre Christiania et Bergen, et tout particulièrement le pays de Télémark.

Plusieurs stations sont spécialement goûtées des touristes, et leurs hôtels, confortables et bien garantis du froid, y permettent Un séjour prolongé.

Nous citerons Drammen, Finse (1200 mètres d’altitude) sur la ligne de Christiania à Bergen dont les points terminus offrent d’ailleurs des ressources inépuisables pour le tourisme d’hiver. C’est près de la grande ville de Christiania, en effet, que se trouvent le Holmenkollen, célèbre par ses concours de saut, le Voksenkollen, le Frognersæteren, le Solbergbakken.

Enfin, vers le Nord, jusqu’en Laponie, s’espacent des stations dont les plus connues sont Gjovik, au bord du lac du même nom, Lillehammer, que ses concours de luge et de ski ont rendu célèbre, Trontheim et Tromsö.

La Suède est moins accidentée que la Norvège, et par suite, nous intéresse moins : les sports d’hiver y sont pourtant pratiqués en particulier à Falun et à Rättvik que fréquentent les habitants de Stockholm et des grandes villes suédoises.