Les souvenez-vous/Parfois la lassitude

H. Falque (p. 137-139).

PARFOIS

À M. André Lafon.

Parfois la lassitude, étendant ses mains lourdes,
S’appuie à mon épaule et fait ployer mon corps ;
Mais ma volonté veille et son geste est si fort
Qu’il redresse mon front, roidit mes jambes gourdes
Et m’entraîne en avant vers un nouvel effort.


Parfois le désespoir veut pénétrer mon âme :
L’heure est dure, le ciel est gris, tout est méchant ;
Mais ma volonté veille, et son geste est si grand
Qu’il dévoile au lointain comme un arc qui s’enflamme :
Le triomphe est au bout et je marche en chantant.

Parfois une douceur s’insinue en mon être.
Souple, elle glisse ainsi qu’un fleuve de langueur :
Mais ma volonté veille, et d’un geste vainqueur
Dissipant le levain qui germe et qui va naître,
Elle crie haut, comme une voix : « Lève ton cœur ! »

Levons nos cœurs ! — Qu’ils ne penchent pas vers la terre,
Qu’ils ne se grisent pas des miels voluptueux
Et, ne pouvant trouver toute défense en eux,
Qu’ils la puisent au puits profond de la prière.


Levons nos cœurs ! — Qu’ils soient joyeusement au Maître
Qui dispense la force et les sages désirs,
Que nos espoirs, que nos peines, que nos plaisirs
Soient les bons serviteurs toujours prêts à paraître.

Levons nos cœurs vers Lui pour que sa main puissante
Nous conduise d’un pas égal vers la clarté :
Elle est à Vous, Seigneur, toute ma volonté,
Faites-la toujours prompte et toujours triomphante.