Les souvenez-vous/L’heure d’adieu

H. Falque (p. 113-114).

L’HEURE D’ADIEU

ELLE —
Tais-toi… Ne parle pas… Ne mettons pas des mots
Près de ton désespoir et près de ma tristesse,
Et que l’heure qui passe en s’éloignant nous laisse
Du silence où tombait le bruit de tes sanglots.


Car pour que le divin de la douleur nous reste,
Pour que sa volupté nous grise de son mal,
C’est bien assez des pleurs et le rêve idéal
Perd sa beauté par la parole et par le geste.

Nos âmes sont tout près, notre cœur, notre esprit
Se fondent à ce point de nous sembler les mêmes.
Cela c’est la souffrance et le bonheur suprêmes :
Goûtons-les simplement, profondément, sans bruit.

Ne mettons pas des mots
Près de ton désespoir et près de ma tristesse
Adieu !… Ne parle pas !… que cette heure nous laisse
Du silence, de la douceur et des sanglots !…