Bray et Rétaux (tome 2p. 156-168).

SAINT MARTIN



I

« On ne peut disconvenir, dit Jaillot, ni de l’antiquité, ni de la célébrité du culte de saint Martin. Nos rois le regardaient comme le saint tutélaire du royaume et comme le protecteur de leur couronne. Ils faisaient porter sa chape ou manteau dans leurs armées ; ils le regardaient comme un bouclier qui les mettait à couvert des traits de leurs ennemis dont il présageait la défaite, et c’était sur cette relique que se prononçaient les serments solennels que l’usage autorisait alors. Il n’y a pas lieu de douter qu’il n’y ait eu à Paris, au VIe siècle ou du moins au viie, une église ou chapelle bâtie sous son nom ; mais nos historiens ne sont pas d’accord entre eux : ils parlent d’un monastère ou abbaye de Saint-Martin sans nous apprendre quand, ni par qui elle a été fondée. On ignore même le lieu où elle était située. »

Jaillot est plus précis relativement à l’église Saint-Martin du quartier de la place Maubert. « L’auteur des Tablettes parisiennes dit qu’elle existait en 1100 : je ne sais qui a pu lui fournir cette date. Comme il ne la considère alors que sous le titre de chapelle, il aurait pu lui donner plus d’antiquité… L’abbé Lebœuf dit qu’elle fut érigée en paroisse dès l’an 1200, ou environ ; il le prouve par le pouillé de 1220, dans lequel elle est qualifiée : Ecclesia Sancti Martini… Elle a été considérablement augmentée en 1678. »

Un monument plus intéressant et plus précieux que la vieille église[1] malgré son antiquité, c’est la Vie du Saint écrite par son disciple Sulpice Sévère, avec tant de candeur et de sincérité. Aussi est-ce avec toute justice et sans présomption que, dans le prologue, il se rend à lui-même ce témoignage : « Mais au reste je conjure ceux qui liront ce petit ouvrage d’ajouter foi à mes paroles, et de croire que je n’écris que des vérités connues et que j’eusse mieux aimé me taire que de dire des faussetés[2]. »

Saint Martin, bien que né à Sabarie en Pannonie[3] en l’an 316, appartient à notre histoire, puisqu’il est mort évêque de Tours, après avoir été apôtre des Gaules. Fils d’un tribun militaire, par suite du décret de l’empereur Constance qui ordonnait d’enrôler tous les enfants des officiers vétérans, le jeune Martin dut entrer au service à l’âge de quinze ans, bien contre son gré, car sa vocation était tout autre. Catéchumène dès l’âge de dix ans, quoique ses parents fussent païens, il eut souhaité vivre dans la solitude. Soldat néanmoins et fidèle à tous ses devoirs, il fit admirer sa conduite exemplaire, comme son courage dans les combats. « Il demeura toujours innocent, dit son historien, de toutes ces sortes de vices qui sont si familiers aux gens de guerre. Il avait une douceur et une charité merveilleuse pour ses compagnons ; aussi avaient-ils pour lui non-seulement de l’amitié, mais même de la vénération et du respect. » Grand aumônier, il donnait avec bonheur aux pauvres, ne se réservant sur sa solde que le strict nécessaire. Ce trait de sa vie est célèbre dans toutes les histoires :

Pendant un hiver rigoureux, certain jour, Martin rencontra, à la porte d’Amiens, un pauvre qui, presque nu et grelottant de froid, sollicitait en vain la pitié des passants. Par suite de ses aumônes, la veille ou le matin, il ne restait au légionnaire que ses armes et ses vêtements. Martin pourtant n’hésite pas : il tire son épée, partage en deux son manteau dont il donne une moitié au mendiant, s’enveloppant comme il peut avec le reste, au risque des railleries. La nuit suivante, il vit en songe Notre Seigneur couvert de la moitié du manteau donnée au pauvre, et il l’entendit qui disait aux anges : « Martin, qui n’est encore que catéchumène, m’a couvert de ce vêtement. »

Cette vision ne fit qu’enflammer le zèle du néophyte qui demanda et reçut le baptême. Il avait alors dix-huit ans. Deux années après, la paix signée avec les Germains lui permit d’obtenir son congé. Il se retira auprès de saint Hilaire, évêque de Poitiers, l’intrépide champion de la foi, qui voulait l’ordonner diacre pour l’attacher à son diocèse. Mais Martin, dans son humilité, ne voulut recevoir que le premier des ordres mineurs, celui d’exorciste ; puis, avec la permission de l’évêque, il se rendit en Pannonie afin de voir une fois encore ses parents, et, dans ce voyage il eut la consolation de convertir sa mère à la religion chrétienne. Son père, le vieux tribun militaire, s’opiniâtra dans l’idolâtrie. Martin, averti que saint Hilaire avait été exilé par suite des intrigues des hérétiques, ne revint point alors en Gaule. Mais il descendit en Lombardie et séjourna quelque temps à Milan d’où son zèle à combattre l’arianisme le fit chasser par des magistrats partisans de la secte. Bien plus, par leur ordre, Martin fut publiquement et cruellement battu de verges. Heureux d’avoir souffert persécution pour la justice, le saint se retira dans une solitude aux environs de Gènes, jusqu’à l’année 360, où saint Hilaire, ayant été rappelé de l’exil, son disciple se hâta de le rejoindre à Poitiers. Hilaire alors lui céda un petit enclos appelé Locociagum, aujourd’hui Ligugé à deux lieues de la ville de Tours, et Martin y bâtit un monastère, le premier, à ce qu’on croit, qui fut élevé dans les Gaules.

Sur ces entrefaites, le siége de Tours étant venu à vaquer, les habitants, par une pieuse ruse, tirèrent de sa retraite Martin qui, malgré son opposition, fut installé évêque aux acclamations du peuple et du clergé. Il ne changea rien à la simplicité ordinaire de sa vie, se contentant pour demeure d’une petite cellule attenant à l’église épiscopale. Mais s’y trouvant gêné par les bruits de la ville et surtout importuné par le concours incessant de visiteurs, il traversa la Loire, et remontant, le long du fleuve, un sentier escarpé, il alla s’établir avec quelques disciples dans la solitude si célèbre depuis sous le nom d’abbaye de Marmoutiers. Au bout d’un temps assez court, le nombre des religieux habitant des cabanes en planches ou des cellules creusées dans le roc, s’élevait à plus de quatre-vingts. « Depuis nous en avons plusieurs qui ont été faits évêques, dit Sulpice ; car quelle ville ou quelle église n’eut pas souhaité des prélats de l’école de saint Martin ? » Malgré l’attrait pour celui-ci de sa chère solitude, il savait la quitter par ce zèle généreux qui le poussait à la conquête des âmes. L’intrépidité de sa foi aussi bien que le don des miracles dont le Ciel l’avait favorisé, aidaient singulièrement au succès de sa prédication.

Un jour, dans le pays des Eduens (Autun), les habitants l’ayant vu renverser le temple de l’idole, se jetèrent sur lui avec fureur et l’un d’eux tira son sabre pour l’en frapper. Martin, le visage serein, laissant glisser à terre son manteau, tendit son col à l’agresseur qui, soudainement changé, se précipita aux genoux du saint en sollicitant son pardon.

Une autre fois, Martin pressait des païens d’abattre un chêne consacré aux idoles par une superstition séculaire. Après avoir résisté longtemps, ils y consentent mais à la condition que l’apôtre se placerait sous l’arbre au moment de la chute. Martin accepte, se met à l’endroit indiqué, et les haches frappent à l’envi le vieux tronc qu’on s’efforce de précipiter sur lui. L’arbre en effet chancelle et s’incline en menaçant sa tête ; mais, à ce moment même, Martin fait le signe de la croix. L’arbre aussitôt se relève et va tomber de l’autre côté, sans blesser personne d’ailleurs. Tous les idolâtres, témoins de ce miracle, se firent baptiser.

Sulpice Sévère raconte cet autre épisode dont il parle comme témoin oculaire : « En allant à Chartres où le saint Évêque était appelé, nous traversâmes un village très-populeux et dont tous les habitants étaient encore idolâtres. Néanmoins, par curiosité ou tout autre motif, ils s’empressèrent sur son passage. L’évêque, touché de compassion, après avoir élevé ses mains vers le ciel, pour qu’il daignât les éclairer, se mit à leur prêcher hardiment les vérités de la foi. Alors, une femme sort de la foule et présentant à saint Martin son fils qui venait de mourir, elle lui dit :

« Nous savons que vous êtes l’ami de Dieu : par lui vous pouvez tout, même rendre la vie à mon fils, mon fils unique. »

L’évêque ayant pris l’enfant mort dans ses bras, fléchit les genoux, et, après une fervente prière, il le rend plein de vie à sa mère. Alors tous dans la foule s’écrient : « Le Dieu que Martin adore est le Dieu véritable, nous voulons aussi l’adorer. »

Martin n’était pas moins éclairé que zélé, en voici la preuve : Non loin de son monastère s’élevait un autel que la fausse opinion des hommes avait consacré comme la sépulture de quelque martyr. Martin, qui avait à ce sujet des doutes sérieux, parce que la tradition ou les histoires n’apprenaient rien de certain à ce sujet, se transporta un jour en cet endroit avec plusieurs de ses religieux. « Alors s’étant mis sur la sépulture même qu’on avait en si grand honneur, il pria Dieu de lui apprendre de qui était ce tombeau et quels mérites avait celui qui y était renfermé. En même temps il vit à gauche un fantôme horrible et affreux… Ce fantôme lui parle ; il lui dit le nom qu’il avait porté ; il confesse qu’il avait été grand voleur ; qu’on l’avait puni pour ses crimes ; qu’il avait été sanctifié par l’erreur et par l’ignorance du vulgaire et n’avait rien de commun avec les martyrs…. Sans différer davantage, Martin fit abattre cet autel, et retira le peuple de superstition et d’erreur. »



II

On sait que Martin s’étant rendu à Trêves où se trouvait l’empereur Maxime, successeur de Gratien égorgé par ses propres soldats, refusa d’abord de s’asseoir à la table du prince. Le courageux évêque, quoiqu’il vînt en solliciteur, gardant la sainte indépendance de sa dignité, n’accepta l’invitation de Maxime qu’après que celui-ci se fût justifié « d’avoir dépouillé, comme il semblait, deux empereurs, l’un du sceptre, l’autre de la vie… Saint Martin se laissa vaincre ou par la raison ou par les prières, et alla manger avec l’empereur qui en reçut autant de joie que de quelque illustre conquête. » À la cour se trouvaient, en même temps que l’évêque de Tours, plusieurs prélats espagnols venus pour demander la condamnation à mort des hérétiques dits Priscillianistes. Saint Martin, comme saint Ambroise, blâmant ce zèle violent qu’il ne jugeait point selon la charité, s’efforca de les dissuader de leur projet d’autant plus que des motifs tout humains paraissaient diriger leur conduite. « Car pour ce qui est d’Ithace, un des deux accusateurs, dit Sulpice Sévère, on ne voyait en lui rien de grave, rien de saint. C’était un homme audacieux, grand parleur, impudent, ami du luxe et de la bonne chère. Il avait porté la folie à un point étrange ; toutes les personnes même les plus saintes, qui s’adonnaient à la lecture ou se livraient à la pratique du jeûne, étaient par lui dénoncées comme amis ou disciples de Priscillin. »

Martin, à force de représentations, obtint que l’empereur ne versât point le sang de ces malheureux. Tout en réprouvant absolument leurs doctrines, il jugeait suffisante la sentence épiscopale qui excommuniait les hérétiques et les bannissait des églises profanées par leur présence. Mais, après le départ du saint, Maxime, cédant à de nouvelles instances, fit exécuter les coupables. L’évêque de Tours, qui l’avait appris, forcé une seconde fois de revenir à Trêves, témoigna vivement de son indignation en disant : « C’est une chose monstrueuse et nouvelle que la cause de l’Église soit jugée par un juge séculier. » Il refusa d’abord de communiquer avec Ithace et Idace et ne s’y résigna que pour sauver la vie au comte Narsès et au président Leucadius, partisans de Gratien, et auxquels Maxime ne fit grâce qu’à cette condition. Pourtant Martin, en s’éloignant de la cour, ne put se défendre d’une sorte de remords. « Chemin faisant, il était tout triste et gémissait d’avoir été même une heure mêlé à une communion coupable. Soudain un ange lui apparut : « Tu as raison de t’affliger, Martin, lui dit-il ; mais tu n’as pu en sortir autrement. Répare ta vertu, rappelle ta constance, ou crains de mettre en danger non plus ta gloire, mais ton salut. »

Tel est le récit, quant à cet incident grave, de Sulpice Sévère dans ses Dialogues.

Dans un âge avancé déjà, saint Martin s’était rendu à Cande, petite ville presque à l’extrémité de son diocèse, pour y apaiser un différend survenu entre des membres de son clergé, lorsqu’il tomba malade. Privé presque aussitôt de ses forces, il jugea que son heure était proche. Les disciples qui l’accompagnaient, rassemblés autour de son lit, murmuraient avec des sanglots : « Notre père, pourquoi nous abandonnez-vous ? À qui laisserez-vous le soin de vos enfants ? »

Saint Martin, attendri par leurs larmes, levant les yeux au ciel, fit cette prière : « Seigneur, mon Dieu, si je suis encore nécessaire à votre peuple, je ne refuse point le travail : que votre volonté soit faite ! »

« Encore qu’il fût travaillé d’une fièvre violente, dit Sulpice Sévère, il ne diminuait rien de ses pieux et saints exercices ; il passait les nuits en prières ; il contraignait son corps languissant d’obéir à son esprit, et n’avait point d’autre lit que la cendre et le cilice… Ayant toujours les yeux et les mains au ciel, son esprit invincible ne se relâchait point de la prière. » C’est ainsi qu’il expira. (11 octobre 400.)

« Ceux qui furent présents à sa mort m’ont assuré qu’ils virent sur son corps dépouillé de son âme la gloire d’un homme glorifié. Son visage était plus reluisant que le soleil ; il n’y avait pas une tache en tout son corps, et l’on y voyait l’embonpoint, la grâce et la fraîcheur d’un enfant… Il était plus pur que le verre, plus blanc que le lait, et enfin on le voyait déjà comme dans la gloire de la résurrection ; et dans ce changement de la nature par qui la chair devient immortelle, on ne saurait croire combien il vint de monde de tous côtés à ses funérailles…. Que peut-on trouver de comparable aux obsèques de ce saint homme ? Ce ne furent point des funérailles, mais un triomphe. »

Voici en quels termes Sulpice Sévère, dans une lettre au diacre Aurélius, annonce la mort de son vénérable maître : « Je fus accablé, je l’avoue, mes yeux se mouillèrent et je fondis en larmes :… Ce grand homme, je le sais, n’a pas besoin d’être pleuré, il a vaincu et foulé aux pieds le siècle, maintenant il reçoit la couronne de justice…. En quel homme désormais trouverai-je un pareil appui ? Qui me consolera par sa charité ? Malheureux, infortuné que je suis ! Si je vis plus longtemps, pourrai-je cesser jamais de m’affliger pour avoir survécu à Martin ? La vie maintenant aura-t-elle pour moi quelque charme ? Passerai-je seulement un jour ou même une heure sans verser des larmes ? Pourrai-je, frère bien aimé, te parler de lui sans pleurer ? Mais pourquoi t’excité-je aux larmes et aux pleurs ? Il ne nous a pas abandonnés. Crois-moi, il ne nous a pas abandonnés. Il sera au milieu de ceux qui parleront de lui, il se tiendra près de ceux qui le prieront. La faveur qu’il a daigné nous accorder aujourd’hui, en se montrant à nous dans sa gloire, il la renouvellera souvent et toujours, comme, tout à l’heure, sa bénédiction descendra sur nous pour nous protéger. »

Le même écrivain nous dit, dans la vie du Saint, en parlant de ses vertus : « Jamais on ne l’avait vu agité par la colère ou par d’autres passions, sa charité était merveilleuse et ne faisait acception de personne. Toujours occupé, il passait les nuits mêmes dans la prière ou le travail et l’épuisement de ses forces seul pouvait l’obliger à prendre quelque repos…. On ne l’a jamais vu triste, on ne l’a jamais vu rire. Il était toujours égal et toujours le même, et l’on admirait sur son visage une satisfaction céleste que la nature ne donne point… Il n’y eut jamais dans son cœur que de la piété, que de la paix et de la miséricorde… » Le pieux historien ajoute : « Dirai-je qu’il m’a été impossible d’avoir une entière connaissance de ses actions. Et certes l’on a ignoré les choses qui n’ont eu que sa conscience pour spectateur et pour témoin, parce que, ne cherchant pas la louange des hommes, il travaillait de toutes ses forces à tenir ses vertus cachées. »

Rien n’est touchant comme la relation de la première visite faite par Sulpice Sévère au saint prélat : « Ayant dit-il, entendu parler de la foi, de la vie et des miracles de Martin, nous brulâmes du désir de le voir, et entreprîmes dans cette vue un pèlerinage bien doux à notre cœur. Or, on ne saurait croire avec quelle humilité, quelle bonté il me reçut à cette époque, se félicitant beaucoup et se réjouissant dans le Seigneur d’avoir été assez estimé de nous pour que le désir de lui rendre visite nous eût fait entreprendre ce voyage. Misérable que je suis ! J’ose à peine l’avouer. Lorsqu’il daigna m’admettre à sa table sainte, il nous offrit lui-même de l’eau pour laver nos mains. Lui-même aussi, le soir, il nous lava les pieds sans que je me sentisse la force de m’y refuser ou d’y opposer la moindre résistance, car j’étais tellement accablé sous le poids de son autorité, que j’aurais cru commettre un crime en ne me soumettant pas à tout. »

La magnifique basilique élevée à Tours en l’honneur de saint Martin, subsista jusqu’à la révolution. Même, il est à remarquer que, quoiqu’elle eût été profanée et dévastée à l’intérieur, sa démolition ne commença qu’après la Terreur, pendant l’année 1797. « La ruine totale du monument fut consommée par ceux mêmes dont l’autorité eût pu le conserver. Les cultes étaient libres. Déjà les chrétiens se pressaient autour de l’église du patron de la France, et demandaient à la réparer à leurs frais. Les chefs de l’administration locale décidèrent qu’elle serait jetée par terre. » Ce qui eut lieu pendant les années 1797, 1798 et suivantes.

« Pour arriver à leurs fins, dit dans un précédent paragraphe M. Dupuy[4], les impies recoururent à des voies détournées. On employa d’abord la basilique à d’indignes usages. Ainsi, elle fut convertie en bivouac pour les troupes, puis en écurie pour un régiment de cavalerie. À cette occasion, voici ce qu’on rapporte : « À peine des chevaux eurent-ils été placés dans l’église qu’une lumière étrange en éclaira les voûtes. Durant plusieurs nuits ces animaux épouvantés ne cessèrent d’inquiéter les gardiens. » « Ce fait, dit l’écrivain à qui nous l’empruntons, serait attesté au besoin par des contemporains encore vivants et tous dignes de foi. »

Les reliques du Saint avaient pu naguère être sauvées grâce à la présence d’esprit et à la piété du maître sonneur de la basilique, Martin Lhommais, et de sa cousine, Marie-Madeleine Brault. Ce pieux trésor, renfermé dans une châsse nouvelle, ne sera pas le moindre ornement de la grande et superbe église qui s’élève à Tours en ce moment en l’honneur de saint Martin. D’après ce que nous savons, elle ne fera point regretter l’ancienne et sera digne d’un des plus glorieux patrons de la France.


  1. Aujourd’hui disparue. Saint-Martin des Champs, autre paroisse, n’a point été démolie, mais détournée de sa première et pieuse destination, elle se trouve englobée dans les bâtiments du Conservatoire des Arts et Métiers.
  2. Vie de Saint Martin par Sulpice Sévère, mise en français par P. Du-Ryer ; in-18, 1650.
  3. Aujourd’hui Szombathely, dans le comté d’Eeisenstadt.
  4. Histoire de saint Martin et de son culte ; in 8° 1852.