Bray et Rétaux (tome 2p. 111-123).

LARREY




I

« Les hommes, animaux raisonnables, dit M. Loménie, après avoir cité la fameuse page de La Bruyère sur la guerre[1], pour se distinguer de ceux qui ne se servent que de leurs dents et leurs ongles, ont imaginé d’abord les piques, les dards, les sabres, puis les fusils, les canons, les bombes, les obus, tous moyens de s’exterminer plus sûrement, plus promptement et avec plus de fracas. Il ne s’agit pas pour eux, quand ils se battent, de s’arracher les yeux ou de s’égratigner le visage, mais bien de se perforer réciproquement d’outre en outre, de se couper par morceaux, de se briser les membres, de se broyer la poitrine ou la tête ; et tandis qu’ils se massacrent ainsi par milliers dans une plaine au son des trompettes, au roulement des tambours, au rugissement des canons, sous une pluie de fer et de feu, il y en a parmi eux qui courent dans les rangs au plus fort du carnage, sans autre arme que des bistouris, des médicaments et de la charpie, ramassant ceux qui tombent, les soulageant, les pansant, les opérant sur le lieu même, au milieu des balles et des boulets ; puis les conduisant, couchés dans des voitures bien suspendues, derrière la ligne de bataille, pour les transférer ensuite dans l’hôpital le plus voisin où ils continuent leurs soins jusqu’à la guérison. »

Ces hommes, ce sont les chirurgiens, héros modestes, d’autant plus dignes d’admiration et d’estime, que trop souvent, après la victoire, on oublie leur dévouement et on se montre avare pour eux des récompenses (compris la gloire), prodiguées si largement aux tueurs, comme les qualifie un peu brutalement M. Loménie. Pourtant, parmi les premiers, les sauveurs du soldat, il s’en trouve parfois qui ont fait preuve d’un dévouement si héroïque, au milieu des circonstances les plus terribles, qui ont rendu à l’humanité de tels services que la gloire, et la plus pure, la plus enviable, fait rayonner leur nom de son auréole. Ce nom se trouve un jour sur toutes les lèvres, parce qu’il s’est gravé par la reconnaissance, en lettres de feu, dans des milliers de cœurs. Au premier rang de ces bienfaiteurs de l’humanité, si justement illustres, il faut placer Larrey, dont l’Empereur, en lui léguant par son testament une somme considérable (100 000 francs), disait : « Larrey, l’homme le plus activement vertueux que j’aie rencontré ; il a laissé dans mon esprit l’idée du véritable homme de bien. »

Dans les Mémoires dictés à Sainte-Hélène, on lit également : « Si jamais l’armée élève un monument à la reconnaissance, c’est à Larrey qu’elle doit le consacrer. »

Cette statue, conformément au vœu de l’Empereur, s’élève maintenant dans la cour du Val-de-Grâce ; une autre orne la salle des séances de l’Académie de médecine, dont Larrey fut membre en remplacement de Pelletan. Venons aux détails biographiques.

Larrey (Dominique-Jean), était né à Baudéan, près Bagnères-de-Bigorre, en juillet 1766. La Biographie universelle et la Biographie nouvelle ont répété, après beaucoup d’autres, que Larrey se trouva orphelin dès le plus bas âge, ce qui n’est point tout à fait exact, car, dit M. Loménie, démentant ces affirmations erronées, « il perdit son père seulement et fut élevé avec une grande tendresse par sa mère qui lui fut conservée jusqu’à la Restauration. Un digne prêtre, l’abbé de Grasset, curé de Baudéan, charmé de la gentillesse et de la vivacité de l’enfant, se chargea de sa première instruction… Élevé comme le petit Joas à l’ombre du sanctuaire, le jeune Larrey présentait au curé de Baudéan l’encens ou le sel, parait de fleurs le modeste autel du village et mêlait sa voix pure aux chants religieux des paysans béarnais ; il était enfant de chœur. »

À l’âge de treize ans, l’enfant dit adieu non sans larmes à sa mère et au bon curé pour aller continuer ses études littéraires, puis commencer ses études médicales sous les yeux et sous la direction de son oncle, M. Alexis Larrey, chirurgien-major et professeur à l’École de chirurgie de Toulouse. Après huit années de séjour dans cette ville, Larrey, muni de son diplôme, vint à Paris (1787), et de là fut envoyé à Brest où il s’embarqua en qualité de chirurgien-major sur la frégate la Vigilante, qui allait à Terre-Neuve protéger la pêche de la morue. À son retour, Dominique obtint une place de chirurgien interne aux Invalides,

Mais la guerre ayant éclaté (1792), il demanda à servir activement. «  Bientôt major des hôpitaux du Rhin, dit Pariset[2], dès les premiers pas, c’est-à-dire dès les premières victoires de ces valeureuses armées, Larrey fut frappé de l’imperfection du service médical ; c’était à une lieue du champ de bataille que se tenaient les ambulances ; la bataille terminée, ces ambulances rencontraient dans leurs mouvements des milliers d’obstacles, et vingt-quatre heures, trente, trente-six heures s’écoulaient avant que le blessé reçût aucun secours. Saisi de pitié, Larrey conçut le dessein d’une ambulance aussi légère, aussi mobile que l’artillerie volante. Quelques essais portèrent cette ambulance à la perfection. Elle fit sur l’âme du soldat la même impression que fit autrefois sur toute une armée la seule présence d’Ambroise Paré. Sûr d’être promptement secouru, le soldat se crut invincible, et plus d’une fois Larrey a recueilli les heureux fruits de sa belle invention, » dont Napoléon disait plus tard : « C’est en grande partie à Larrey que l’humanité est redevable de ce bienfait : aujourd’hui les chirurgiens partagent le péril du soldat, c’est au milieu du feu qu’ils viennent prodiguer leurs soins. Larrey a toute mon estime et ma reconnaissance. »

En 1794, Larrey fut appelé à diriger le service médical à l’armée des Pyrénées-Orientales. La paix signée avec l’Espagne, il revint à Paris, d’où il repartit bientôt pour une inspection dans le midi. Dans la campagne d’Égypte, il fit admirer en toute occasion son infatigable dévouement et rendit d’immenses services. « Larrey, dit l’auteur déjà cité, semblait créer d’une parole des ambulances, des hôpitaux, des appareils, des écoles ; s’arrêtant sur les champs de bataille tout fumants de carnage, ou se jetant sous le coup même qui venait de frapper Caffarelli, Lannes, Arrighi, Beauharnais et tant d’autres ; s’identifiant avec toutes les douleurs pour en adoucir la violence par de doux pansements, pour en abréger la durée par ces grandes opérations dont la seule image effraie et que la gravité du mal ne permet pas de différer ; enfin, pour en adoucir l’amertume aux braves soldats, aux braves généraux dont il recevait les derniers soupirs ; tellement menacé lui-même qu’il voyait tomber autour de lui ses collaborateurs, ayant à lutter d’ailleurs contre les privations, contre un ciel de feu, contre la plus insidieuse et la plus cruelle des maladies, la peste. » Rappelons un intéressant épisode de cette campagne.

À la première bataille d’Aboukir, Larrey opérait, sous les yeux de Bonaparte, le général Fugières qui, ne croyant pas survivre à sa blessure, offrit à son chef, comme souvenir, un magnifique damas dont la lame était de la plus fine trempe et la poignée toute garnie en or.

— Je l’accepte, dit Bonaparte, mais c’est pour le donner à l’homme qui va vous sauver la vie.

Fugières en effet guérit, et Bonaparte, à quelque temps de là, remit à Larrey le précieux damas sur la lame duquel il avait fait graver : Aboukir, Larrey.

Revenu en France, Larrey fut nommé chirurgien en chef de la garde consulaire. En 1804, il reçut la croix d’officier de la Légion d’Honneur, et l’Empereur en la lui remettant lui dit :

— C’est une récompense bien méritée !

Larrey, bientôt après, fut nommé inspecteur du service de santé des armées. Il joignit à ces fonctions celles de chirurgien en chef de la garde impériale, d’abord, et de la grande armée, ensuite, et fit, en cette qualité, toutes les campagnes d’Allemagne, Prusse, Pologne, Espagne, Russie. Lors de la campagne d’Allemagne, à la suite de la levée du camp de Boulogne, telle fut la célérité avec laquelle Larrey organisa le service des ambulances et hôpitaux de l’armée, que l’Empereur lui dit :

— Larrey, vous avez failli être prêt avant moi[3].

Dans cette campagne, comme dans toutes les autres, du reste, on aime à pouvoir dire que les blessés ennemis se voyaient recueillis et soignés dans nos hôpitaux et ambulances comme nos propres soldats. Russes, Autrichiens, Bavarois, Prussiens ou Français, Larrey, comme ses aides, ne faisait entre eux aucune différence. Ainsi que l’a dit un écrivain : « Après le combat, tous les blessés sont frères, à quelque nation qu’ils appartiennent. »

Pendant cette retraite de Moscou, qui fut un si complet désastre, la conduite de Larrey fut non pas admirable, mais au-dessus de tous les éloges…. « On le voyait passer des nuits soit à parcourir les ambulances, soit à panser d’anciens blessés ou des blessés échappés à un combat de la veille ou du matin, soit à opérer des malheureux dont les blessures ne pouvaient se guérir autrement…. Telles sont les fatigues et les douleurs que Larrey eut à souffrir, tels sont les tristes soins dont il fut occupé, tantôt seul et réduit à lui-même, tantôt avec le secours de quelques femmes généreuses et de quelques hommes excellents. » On peut juger quelles ressources restaient pour les blessés quand les hommes valides en étaient réduits à la viande de cheval qui manquait souvent même, ou que, faute de temps ou de feu, il fallait manger crue, saignante, palpitante. Le colonel Thirion, à ce qu’il raconte, dut la vie à certaine petite casserole en argent dans laquelle il recueillait subrepticement le sang des chevaux arrêtés au bivouac dont il faisait ensuite un boudin tel quel.


II


Dans la campagne de 1813, Larrey, convalescent à peine d’une maladie qui avait mis sa vie en péril, se hâta de quitter l’hôpital pour reprendre son laborieux et périlleux service. Un épisode de cette campagne ne doit pas être oublié. Après les batailles de Lutzen et Bautzen, beaucoup des nombreux blessés, conscrits de la veille, avaient les mains tronquées, les doigts coupés. Des officiers prétendaient que ces blessures étaient volontaires, et l’Empereur, inclinant à leur opinion, parlait de faire un exemple. Larrey, au contraire, protestant énergiquement, repoussait l’imputation comme une calomnie. Une enquête fut ordonnée ; le résultat donna pleinement raison au chirurgien en chef, et l’Empereur, après la première contrariété, heureux de lui faire réparation, ou, si l’on veut, de lui rendre justice, dit noblement :

— Larrey, recevez mes compliments, un souverain est bien heureux d’avoir un homme tel que vous !

Le soir même, Larrey recevait le brevet d’une pension de 3 000 francs, avec le portrait de l’Empereur enrichi de diamants.

Sur le champ de bataille de Waterloo, nous retrouvons à son poste l’intrépide chirurgien qui, n’écoutant que son zèle, se laissa entraîner au plus fort de la mêlée, où il fut blessé et fait prisonnier. Dépouillé de ses vêtements, et conduit loin de là de poste en poste, il se vit tout près d’être fusillé ; voici pour quels motifs. La redingote grise qu’il portait sur son uniforme, son teint mat, ses traits mêmes, lui donnaient un faux air de Napoléon. Les soldats, tout fiers et tout joyeux, le conduisirent, comme tel, vers un général prussien, auquel, par avance, on avait annoncé cette importante capture, et qui, furieux de la méprise, ordonna, brutalement, que le prisonnier fût passé par les armes. Déjà les soldats chargeaient leurs fusils, lorsque, par une circonstance providentielle, au moment de s’agenouiller, Larrey fut reconnu par un chirurgien prussien chargé de lui bander les yeux. Amené alors devant Blücher, dont naguère il avait soigné et guéri le fils, il fut immédiatement rendu à la liberté. Blücher, pour le protéger, lui donna une escorte, avec laquelle Larrey se rendit à Louvain, où il se rétablit et put revenir en France, à Paris même, sur une invitation formelle de l’Empereur Alexandre.

La Restauration, dans les premiers temps, voyant trop dans Larrey le partisan dévoué de l’Empereur, parut un peu méconnaître les services rendus par l’illustre chirurgien, non pas seulement à la France, mais à l’humanité. Privé de son titre d’inspecteur général, il se vit retirer ses pensions ; néanmoins, il conserva son titre de chirurgien en chef de l’hôpital de la garde au Gros-Caillou, et continua d’en remplir les fonctions. Quoique peu riche, Larrey ne s’en refusa pas moins aux magnifiques propositions qui lui furent faites alors par plusieurs souverains étrangers ; il n’eut point à le regretter, car, bientôt, l’heure de la justice sonna pour lui, et par une loi spéciale, en 1818, sa pension lui fut rendue.

Le gouvernement issu de la Révolution de juillet ne témoigna pas pour Larrey moins d’estime. Nommé chirurgien en chef des Invalides, il donna au bout de quelques années sa démission par des motifs qui ne peuvent qu’honorer son caractère. Membre du conseil supérieur de santé, comme chirurgien inspecteur, il se rendit, au commencement de l’année 1842, en Algérie pour visiter les hôpitaux de la colonie. Sa mission accomplie, non sans de grandes fatigues, il revint en France, mais pendant la route, de Marseille à Paris, il fut atteint d’une pneumonie aiguë, et forcé de s’arrêter à Lyon. Bientôt il succomba[4] (22 juillet 1842) dans les bras de son fils, après avoir demandé et reçu les secours de la religion, prouvant à cette heure solennelle, comme par tant d’actes d’une admirable charité dont sa vie est pleine, qu’il n’avait jamais oublié les leçons du bon curé de Baudéan, auquel naguère encore il faisait un si touchant accueil. « Après bien des années, dit M. Loménie, le bon curé de Baudéan, vieillard presque octogénaire, a eu la joie de presser dans ses bras, avant de mourir, l’illustre chirurgien en chef de la Grande-Armée ; il a retrouvé son disciple en cheveux blancs, couvert de gloire, chamarré de décorations, conservant sous une enveloppe bronzée par le fer et le feu cette âme bonne, cet esprit jeune, cette sensibilité délicate, cette fraîcheur d’impressions, qui distinguaient l’enfant de chœur à cet âge heureux où il puisait dans les leçons et les exemples du pasteur les premières notions du bien et du beau. » C’est ainsi qu’il devint l’homme dont M. Pariset a pu dire dans un éloge qui semble un panégyrique et n’est que l’expression sincère de la vérité : « Intrépide, laborieux, vigilant, infatigable, il ne respirait que pour être utile aux hommes ; cœur généreux, cœur ouvert, il se donnait tout entier sans autre intérêt que le bonheur d’exercer son inépuisable pitié. »

Au milieu de sa vie si active, si occupée, Larrey trouvait encore le temps de consigner dans des mémoires, dans des articles de revues, ou même de longs ouvrages, le fruit de ses observations et les résultats de ses expériences. Entre les plus importants de ces ouvrages, que notre incompétence ne nous permet pas d’apprécier, il faut signaler en particulier les Mémoires de chirurgie militaire et campagnes de D.-J. Larrey, en un vol. in-8o, dont un bon juge a dit : « Outre que la partie technique est écrite avec une clarté, une simplicité qui la rendent accessible même aux yeux du monde, la partie historique abonde en détails curieux qu’on ne trouve pas ailleurs. Le style négligé, mais facile et naturel de l’auteur, ajoute à l’importance de ses observations et à l’intérêt de ses récits ce parfum de bonne foi qui transmet pour ainsi dire au lecteur l’impression fidèle du moment et des lieux. » (Loménie.)

Maintenant, pour terminer, quelques anecdotes qui peignent l’homme. Au moment du départ de l’île d’Elbe, Larrey se présenta à l’Empereur pour l’accompagner. Napoléon, en le remerciant cordialement, lui dit :

— Vous appartenez à l’armée, Monsieur Larrey, vous devez la suivre ; ce n’est pas sans regret que je me sépare de vous.

« Je dus obéir, écrivait Larrey plus tard, cependant, après le départ de mon illustre protecteur, sous le coup d’une tristesse profonde, j’avais formé le projet d’aller le rejoindre, lorsque j’appris son retour. »

Le sang-froid de Larrey, au milieu du tumulte et des périls d’une sanglante mêlée, étonnait les plus intrépides. À Eylau, sur le champ de bataille même et au plus fort du combat, il organisa une ambulance provisoire qui se vit tout à coup entourée par un corps d’armée russe. Quelques soldats, dans le premier effroi, tout blessés qu’ils sont, veulent fuir. Larrey, avec le calme qui ne l’abandonnait jamais, les arrête en disant : « Vous voulez fuir la mort, et, vous la rendrez inévitable ; attendez, on respectera votre malheur ; je jure, d’ailleurs, de mourir au milieu de vous. »

Les Russes, menacés d’être pris entre deux feux, bientôt s’éloignaient ; mais Larrey resta plus de trente heures sans prendre ni repos, ni nourriture, et il n’y songea qu’après avoir vu tous les blessés pansés.

Après la Révolution de juillet, le troisième jour, une troupe de furieux se porta sur l’hôpital du Gros-Caillou, dans lequel se trouvaient la plupart des blessés de la garde royale. Larrey, prévenu, descend précipitamment, et s’avançant à la rencontre des insurgés, le front haut, le visage intrépide, il leur dit :

— Quels sont vos desseins ? Qui osez-vous menacer ? Sachez que ces malades sont à moi, que mon devoir est de les défendre et que le vôtre est de vous respecter vous-mêmes en respectant ces infortunés.

Étonnés de ce langage, et plus encore de son air et de son attitude, les insurgés paraissent un moment se consulter, puis ils se retirent paisiblement, et dans leurs rangs ce ne sont plus des cris de colère et de haine qui se font entendre, mais des paroles de pitié, et aussi des acclamations : « Au fait, il a raison ! C’est un brave, l’ami des pauvres gens et du soldat ! N’était-il pas le chirurgien de la Grande-Armée ? Vive Larrey ! Honneur à Larrey ! »

À quel point Larrey était populaire dans l’armée et quelle affection avaient pour lui les soldats, on en jugera par cet épisode de la campagne de Russie. Au passage de la Bérésina, alors que l’un des deux ponts s’étant rompu, la foule se précipitait frénétiquement vers l’autre, Larrey, entraîné par la violence du mouvement, se vit pressé, poussé, étouffé, tout près de périr. Par hasard il se nomme, ou peut-être il est reconnu, et soudain ces hommes que le désespoir rendait furieux, rendait féroces, qui, par l’instinct égoïste de la conservation, devenaient capables de marcher sur leurs officiers, sur leurs généraux, sur des femmes et des enfants même, au nom vénéré de Larrey s’émeuvent ; les rangs s’ouvrent pour lui donner passage, ou plutôt soulevé par des bras généreux, il est porté de main en main par dessus les têtes jusqu’à l’autre rive. À peine il y mettait le pied que le pont s’écroulait derrière lui ; ses sauveurs, et avec eux toute la multitude, étaient engloutis dans le fleuve.


  1. Biographies des Contemporains, par un homme de Rien.
  2. Éloge de Larrey.
  3. Larrey reçut à Austerlitz la croix de commandeur de la Légion d’Honneur ; après Wagram, il fut créé baron de l’Empire.
  4. Le jour même où Larrey s’éteignait à Lyon, sa femme, la digne compagne de sa vie, expirait à Bièvre dans les bras de sa fille.