Les principaux monuments funéraires/Masséna

MASSÉNA.




Masséna (André), duc de Rivoli, prince d’Esslirtg, maréchal de France, grand-aigle de la Légion-d’Honneur, surnommé l’Enfant chéri de la Victoire, naquit à Nice (Alpes-Maritimes), le 6 mai 1768, d’une famille avantageusement connue dans les armes et le commerce.

Orphelin dès sa plus tendre enfance, un de ses parens, capitaine de vaisseau marchand, le lit entrer dans le service de mer. Masséna fit avec lui deux voyages ; mais préférant le service de terre, à dix-sept ans, en 1775, il entra, comme simple soldat, dans le régiment Royal-Italien, où l’un de ses oncles était capitaine.

Après avoir vainement attendu de l’avancement pendant quatorze années, Masséna demanda son congé, et se retira, en 1789, dans son pays, où il fit un mariage avantageux. A la révolution il rentra dans l’armée. Les soldats choisissaient alors leurs officiers ; il fut nommé par eux d’abord adjudant-major au bataillon du Var, puis chef de bataillon le 1er août 1792.

Ce fut en cette qualité qu’il commanda le centre de l’armée d’Italie. Nommé général de brigade le 22 août 1793, et général de division le 20 décembre de la même année, il parvint à pas de géant aux plus hautes dignités militaires.

A dater du commencement de la guerre, il prit part à presque toutes les affaires ; son histoire, pendant la conquête de l’Italie, se rattache sans cesse à celle de Bonaparte. Envoyé en Suisse, il déconcerta seul les projets de l’ennemi.

La défense de Gênes est un des faits militaires les plus honorables pour Masséna, quoiqu’il ait été contraint par la disette à capituler, et cela, le jour même où le général Mêlas venait d’envoyer l’ordre aux troupes de lever le siège.

Les assiégeans, en prenant possession de Gènes, qu’ils trouvèrent en proie à tous les besoins, furent obligés de l’évacuer quelques jours après y être entrés, et Masséna, nommé commandant en chef de la nouvelle armée d’Italie, vit son revers récompensé comme un succès.

En 1804, Bonaparte étant devenu empereur, la dignité de maréchal fut rétablie : promu à ce grade suprême, Masséna reçut encore le grand cordon de la Légion-d’Honneur.

En 1806, Masséna fut chargé d’aller mettre à exécution le décret impérial qui donnait à Joseph Bonaparte le trône de Naples. Gaëte, qui passait pour inexpugnable, refusait seule d’ouvrir ses portes ; Masséna ordonna l’assaut, et la ville, effrayée, demanda à capituler.

En 1807, la grande armée combattait en Pologne contre les Russes. Masséna arriva à Osterode après la bataille d’Eylau. Napoléon lui confia la conduite de l’aile gauche de l’armée : il allait de nouveau se couvrir de gloire, lorsque l’armistice l’arrêta sur les bords du Bober ; le titre de duc de Rivoli, avec une dotation considérable, consacra tout à la fois ses nouveaux et ses anciens services.

Dans la campagne de 1809, Napoléon le choisit encore pour son principal lieutenant, et le chargea de commander toutes les troupes qui se trouvaient sur la rive droite du Danube. Dans une de ses fréquentes tournées, l’Empereur dit, en s’appuyant affectueusement sur Masséna : Voici mon bras droit. Ce fut dans une reconnaissance où il accompagna Napoléon la veille même de l’attaque, que Masséna fit une chute de cheval dont il fut violemment froissé. Tout à la gloire au milieu des souffrances, rien ne put le décider à ne prendre aucune part au combat. Traîné dans une calèche, il dirigea tous les mouvemens de la gauche de l’armée dans les mémorables batailles d’Enzendorff et de Wagram.

D’aussi brillans succès amenèrent la fin de cette guerre, qui valut à Masséna le titre de prince d’Essling. En 1810, il fut chargé par l’Empereur d’aller terminer la guerre d’Espagne, et de s’attacher spécialement à l’armée anglaise établie en Portugal, pour la contraindre à se rembarquer.

Cette dernière campagne, qu’il fit avec toute l’activité de la jeunesse, à l’âge de cinquante-trois ans, avait singulièrement affaibli sa vigueur physique. Pendant les cent-jours, il fut étranger à tout service militaire : désolé, malgré sa gloire intacte au milieu des revers, il se réfugia dans un profond isolement. Ses amis, effrayés des signes de son dépérissement, le pressaient d’aller chercher hors de France un climat moins rigoureux ; il répondit : « J’ai bien acquis le droit de mourir dans « notre chère France : quoi qu’il puisse arriver, j’y mourrai. » Il mourut en effet de chagrin plus que de maladie, le 4 avril 1817.

Son monument, élevé au cimetière du Père Lachaise, formant un obélisque, est construit en marbre de Carrare, et a près de vingt pieds de haut. La façade principale est ornée du buste du maréchal, soutenu par une guirlande de laurier que deux épées supportent. Au dessus on lit la date de sa mort, le 4 avril 1817, et les noms de Rivoli, de Zurich, Gênes, Essling. L’architecte de ce monument est M. Méry Vincent ; le buste, de M. Bosio, et la sculpture, de M. Jacques.