Les principaux monuments funéraires/Lavalette

LAVALETTE.




Lavalette (Marie-Chamans, comte de), directeur général des postes, conseiller d’État, commandant de la Légion-d’Honneur, est né à Paris en 1769. Il perdit son père de bonne heure, et le fameux accoucheur Baudelocque lui ayant reconnu d’heureuses dispositions, fit les frais d’une éducation dont le jeune Lavalette sut profiter.

On le destinait à l’état ecclésiastique, mais il préféra la carrière du barreau. Il commençait son droit quand la révolution éclata, et il prit du service dans la légion des Alpes. Il se distingua tellement aux armées du Rhin et d’Italie, qu’il fut rapidement élevé à des grades supérieurs, et qu’après la bataille d’Arcole, il mérita l’honneur d’être aide-de-camp de Bonaparte. Il paraît que, dans cette place, Lavalette fut spécialement chargé de la correspondance particulière du général, qui, appréciant à son tour le talent et la discrétion de son secrétaire, se l’attacha plus intimement en le mariant à la nièce de sa femme, fille de M. de Beau ha mais, depuis sénateur.

M. Lavalette, à son retour d’Égypte, fut nommé directeur général des postes, et conseiller d’État, puis commandant de la Légion-d’Honneur et comte de l’empire. Il conserva la direction générale des postes jusqu’en 1814, que M. le comte Ferrand lui succéda.

Pendant les cent jours, l’Empereur le confirma dans les fonctions de directeur général des postes le 2 juin 1815, et le nomma pair de France. Au mois de juillet suivant, M. Lavalette, qui n’avait point quitté l’hôtel des postes, fut arrêté, mis en jugement, et condamné à mort le 21 novembre 1815 par la Cour d’assises du département de la Seine. Il entendit son arrêt avec le même calme et la même dignité qu’il avait montrés dans les débats. Son pourvoi en cassation fut rejeté. Madame Lavalette implora vainement la clémence du souverain. L’exécution était fixée au 21 décembre : son mari était perdu, lorsque, ne prenant conseil que de son courage et de son attachement pour lui, madame Lavalette le sauva par un dévouement digne des temps antiques.

Munie d’une permission du procureur général, le 20 décembre, veille du jour fatal, elle se fit conduire comme à l’ordinaire dans une chaise à porteurs, accompagnée de sa fille, âgée de douze ans, d’une vieille domestique, et dîna avec M. Lavalette.

A sept heures du soir, mademoiselle Lavalette et la domestique, qui paraissaient soutenir péniblement une femme accablée de douleur, enveloppée dans sa fourrure, sous son chapeau, un mouchoir sur les yeux, se présentaient à la grille de la prison. La grille s’ouvre ; elles sortent. M. Lavalette, car c’était lui, disparut bientôt sur le quai des Orfèvres, à la faveur de l’obscurité de la nuit, et fut recueilli par trois Anglais, MM. Bruce, Hutchinson et Wilson, qui lui procurèrent une retraite sûre, où, pendant quinze jours, il brava les recherches les plus actives de la police. Enfin, le soir du 7 janvier, M. Lavalette se rendit chez le capitaine Hutchinson, sous l’uniforme d’un général anglais : le 8, il monta dans un cabriolet avec le général Wilson ; sortit de Paris sans avoir été reconnu, grâce à son déguisement ; arriva le lendemain à Mons, et de là se rendit à Munich, où il attendit, sous l’égide d’une protection puissante, que des temps plus heureux lui permissent de rentrer en France.

La sépulture de la famille Lavalette est composée de deux tombes couvertes horizontalement, à la tête desquelles s’élève, sur un stylobate, un cénotaphe. Sur sa principale face est un bas-relief en marbre représentant la scène intéressante de la prison, au moment où madame Lavalette fait prendre un déguisement à son mari pour faciliter son évasion. Au-dessus du cénotaphe s’élève une niche de forme carrée, surmontée d’un fronton, orné de pal mettes, au milieu duquel est gravée cette inscription :

FAMILLE LAVALETTE.

La niche dans laquelle est placé le buste du comte Lavalette, exécuté en bronze, est ornée d’un riche encadrement de rinceaux sculptés.

Ce monument, excepté le bas-relief, est tout en pierre de liais, et a été exécuté par la compagnie générale des inhumations, rue Saint-André.