Les principaux monuments funéraires/Cuvier

CUVIER.




Cuvier (le baron Georges), l’un des naturalistes les plus distingués de son siècle, membre de l’Institut, secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences physiques, conseiller d’État, Pair de France, commandant de la Légion-d’Honneur, et professeur d’histoire naturelle au Muséum et au Collège de France, naquit à Montbelliard (Haut-Rhin), le 23 août 1769.

Il commença ses études à Stuttgard, où il se familiarisa avec la langue et la littérature allemande. Il vint à Paris dans les premières années de la révolution : ses premiers essais le placèrent au premier rang dans une science qu’avaient déjà illustrée en France des génies d’un ordre si supérieur ; et ils le portèrent à l’Institut dès la création de ce corps savant.

Devenu membre de la Société philomatique, en 1801, Cuvier inséra dans le Bulletin des sciences, au mois d’août de cette année, des observations sur l’électricité ; le 21 floréal an iii, il proposa à la Société d’histoire naturelle de Paris, une classification nouvelle des animaux sans vertèbres, classification qu’il a perfectionnée depuis dans le Tableau élémentaire et dans les Leçons d’anatomie comparée. Pour donner une idée de l’exécution de cet important travail, nous citerons un fragment du rapport de la classe des sciences physiques de l’Institut à l’occasion des prix décennaux :

« L’anatomie humaine était trop avancée pour que l’on pût espérer de trouver dans la période du concours un ouvrage assez riche en faits nouveaux pour mériter un prix. L’anatomie comparée offrait un champ plus vaste, dont quelques parties seulement avaient été défrichées ou cultivées avec plus ou moins de succès ; mais il n’existait aucun traité général sur cette branche de l’histoire naturelle, qui exigeait tant d’observations et de dissections nouvelles. On le trouve aujourd’hui dans les Leçons de Cuvier : et cet ouvrage mériterait assurément, plus que tout autre, d’être proposé pour le grand prix décennal, si le jury ne s’était mis, par ses propres réglemens, dans l’impossibilité de proposer l’ouvrage d’un de ses membres. Cuvier y considère chaque organe dans toute la série des animaux successivement ; il y résume, dans un ordre méthodique, les faits qu’il avait consignés dans différens recueils ; il fait connaître la structure des organes de la voix des oiseaux, et il en explique le mécanisme ; il y donne celui des jets d’eau des cétacés, et les causes qui rendent ces animaux muets ; il y compare les cerveaux de diverses classes ; il y décrit en détail les organes de la circulation des mollusques et des vers à sang rouge, ainsi qu’une multitude de faits nouveaux dont on peut, tous les jours, voir les preuves dans cette collection précieuse qu’il a formée lui seul au Muséum d’histoire naturelle, et qui est une de celles que visitent avec ce le plus d’empressement les savans de toute l’Europe. »

Cuvier réunissait à de profondes connaissances l’art peu commun d’exprimer ses idées avec autant de clarté que d’élégance, et il s’est acquis une grande réputation par l’éloquence de ses Éloges et de ses Discours académiques. Ces Discours forment incontestablement la partie la plus brillante des Mémoires de la classe des sciences physiques de l’Institut.

Il fut nommé, le 16 septembre 1808, conseiller à vie de l’Université. Ce fut en cette qualité qu’en 1811 le Gouvernement lui confia la mission de visiter la Hollande et ensuite l’Allemagne jusqu’à Hambourg, pour y examiner l’état de l’instruction. Le 29 juin 1814 il fut nommé Conseiller d’État, et en 1831 Pair de France.

Lorsqu’il fut frappé, le 10 mai au soir, du premier symptôme de la maladie qui devait l’emporter, il eut rapidement jugé que tout était fini pour lui. Il exprima quelques regrets de ne pouvoir terminer les travaux qu’il avait commencés ; mais bientôt résigné, il prit quelques dispositions pour la publication de ses œuvres, et est décédé le 13 mai 1832. Il a été inhumé au cimetière du Père Lachaise, dans une tombe aussi simple que modeste, et qui ne se compose que d’une borne antique en pierre avec cette seule inscription :

georges
CUVIER,
né a montbelliard,
le 23 aout 1769,
mort à paris
le 13 mai 1832.