Revue L'Oiseau bleu (1p. 244-259).

XIV. — AUTOUR DE L’ASSEMBLÉE DES SIX COMTÉS


Depuis le vingt octobre au soir, Olivier était de retour à Saint-Denis. Il avait trouvé les deux villages, entre lesquels il faisait sans cesse la navette, dans un état d’agitation extrême. Le Dr  Nelson se voyait, semblait-il, partout à la fois. Il augurait bien de cet énorme rassemblement de patriotes pour le 23 octobre. Des résolutions nombreuses, graves au point de vue des conséquences, seraient prises par une foule remuée en ses profondeurs, par les discours des orateurs. Comment entendre Papineau en vain, alors que le grand tribun se proposait de faire à Saint-Charles l’un des plus considérables discours de sa carrière ? N’y aurait-il pas aussi, auprès des treize députés présents, — on en avait la promesse, — d’autres orateurs, attendant leur tour, et qui auraient nom « le beau Viger », Lacoste, Rodier, le Dr  Côté, Thomas Storrow Brown… Et chacun ajoutait alors en souriant : « Il y aura aussi les chaudes paroles du président de l’assemblée, le Dr  Wolfred Nelson ! » Cependant, l’on semblait encore envisager la lutte de façon assez modérée. Du moins, personne, vraiment, ne croyait à l’approche, à l’imminence de quelque bataille tragique et décisive.

Peut-être des personnes pondérées, auxquelles la vie n’avait pas épargné de terribles leçons hochaient-elles la tête avec inquiétude, en redoutant de soulever ainsi le sentiment populaire, que l’on enflammerait peut-être dans un sens imprévu, une fois l’atmosphère hostile créée. L’expérience était faite, hélas ! de cette docilité de la masse entraînée soudainement vers un but insoupçonné et d’une violence extrême.

Olivier Précourt entendait des doléances de ce genre presque chaque jour, chez lui. Le Dr  Cherrier et le curé de Saint-Denis ne causaient que trop volontiers avec sa grand’mère de la tournure alarmante que prenaient les événements. La surexcitation de tous les esprits autour d’eux les impressionnait fortement. « Il n’était point jusqu’aux enfants, petits garçons et petites filles, qui ne serrassent les poings et ne fissent les plus batailleuses promesses, si Messieurs les gouvernants ne voulaient pas se montrer plus conciliants », narrait le Curé.

Olivier se montra patient durant ces conversations. Et cela, malgré les allusions fréquentes à son attitude trop combative, et, surtout, sans le moindre mouvement conciliateur. Hélas ! lui était-il possible de se montrer autre, lorsque, considérant la grand’mère qu’il adorait, il la voyait changer chaque jour davantage, devenir pâle et si faible qu’elle semblait parfois habiter sur le bord d’elle-même. Allait-elle donc le quitter ? Bientôt ? Il ne s’y résignait point. Il entretenait de ses craintes, non seulement le Dr  Cherrier, le médecin de famille, mais aussi le Dr  Duvert, de Saint-Charles. Il avait supplié ce dernier de venir visiter son aïeule, aussi souvent qu’il le pourrait. Le sachant très physionomiste, d’une divination presque miraculeuse, parfois, en sa profession, il aimait à le consulter sur l’impression ressentie à chaque nouvelle visite, non officielle, cependant. Et l’aïeule, toujours accueillante pour ceux qu’Olivier aimait et auxquels il accordait sa confiance, tentait de donner le change. Elle se prêtait même aux discussions politiques, entre le Dr  Duvert et Siméon Marchessault, de Saint-Charles, et le Dr  Cherrier, de Saint-Denis. Étendue sur sa chaise longue, sa main dans celle d’Olivier, elle empêchait souvent la véhémence de tous de s’aggraver, avec quelques mots ironiques, aussi spirituels que tendres ou modérés. Olivier, qui l’observait et parlait peu, l’admirait en s’attristant. Depuis, en effet, qu’il avait constaté ce changement pénible dans la maladie de sa grand’mère, il s’était abstenu de plus en plus de prendre directement part aux entretiens de ses amis.

La veille de l’assemblée de Saint-Charles, Olivier rentra très tard chez lui et trouva Josephte en pleurs près de sa chambre. La petite fille, en toilette de nuit, avait les mains glacées et frissonnait malgré elle. Olivier courut à elle, la fit entrer dans sa chambre, la couvrit d’une épaisse couverture de voyage et, l’assoyant sur ses genoux, il la questionna sur cette veillée incompréhensible.

— Voyons, ma petite Josephte, que veut dire une pareille imprudence ? Que dira Grand’Mère, demain ? Et dis-moi, où est Sophie, qui veille toujours sur toi avec tant de soin ? Et Michel ? Comment n’est-il pas couché déjà sur le sofa près de mon lit ?

— C’est que tu ne sais pas, Olivier, fit la petite, dont les larmes se séchaient peu à peu, mais Grand’Mère a failli mourir, je crois. Ce soir, tandis que je lui parlais, elle a fermé les yeux, tout à coup. Ses joues sont devenues comme de la cire, oh !… elle ressemblait à la grand’mère de ma petite amie, qui est morte le printemps dernier et qui était si pâle, si pâle. J’ai eu peur. J’ai été chercher Sophie. Elle a poussé un grand cri en la voyant et a appelé Alec et Michel, qui travaillaient dans la cave… On l’a lavée, lavée. Et tout à coup, elle est revenue à elle. Mais elle ne pouvait parler. Alec l’a transporté dans ses bras jusque dans son lit, puis a couru chercher le docteur. Il est venu. Il a pris une figure longue, longue, après avoir écouté contre le cœur de Grand’Mère. Michel est alors parti pour te ramener ici. Tu ne l’as pas vu ? Pauvre Michel ! Où est-il maintenant ? Puis, Sophie, après m’avoir préparée pour la nuit et fait promettre de ne plus venir dans la chambre de Grand’Mère parce que je pleurais trop, est retournée pour la veiller jusqu’à ce que tu arrives. Quand je t’ai entendu monter, j’ai voulu courir, près de toi, car je ne dormais pas, mais j’avais si froid, et puis, j’avais tant de peine… Oh ! Olivier, Olivier, dis, elle ne mourra pas, Grand’Mère ?

— Josephte, tu as neuf ans, et tu ne peux pas être plus raisonnable ? Grand’Mère est très malade, depuis longtemps, tu le sais. Mais, tu sais aussi, elle ne mourra que quand Dieu le voudra. Et pas cette fois, puisque la crise est passée. Allons, allons, je vais aller te mettre au lit. Et tu vas te calmer. Sophie va t’apporter quelque chose de chaud. Je vais, moi, auprès de Grand’Mère pour prendre la place de Sophie !

— Olivier, tu ne penses donc pas au pauvre Michel ?

— Ne crains rien. Il va revenir. On va l’avertir quelque part que je suis retourné chez moi… Tiens, écoute, on frappe en bas. Vite, viens dans ta chambre. Je vais aller ouvrir à Michel. C’est lui, certainement.

En entrant, quelques minutes plus tard, dans la chambre de sa grand’mère, Olivier vit qu’elle reposait. Il appela Sophie dans le corridor.

— La crise a été terrible, cette fois encore, n’est-ce pas, ma bonne Sophie ?

— Oui, Monsieur Olivier, répondit celle-ci avec tristesse et un peu de réticence.

— Qu’a dit le docteur ?

— Peu de chose. Mais il était inquiet.

— Encore ?… Allons, parlez, Sophie, reprit Olivier, avec un peu d’impatience. Si vous refusez, je me rends à cheval, même à cette heure, jusque chez le docteur. Et vous savez que ce n’est pas là une vaine menace.

— Oh ! je sais, M. Olivier, allez, ce dont vous êtes capable. Vous l’aimez tant cette sainte femme… et moi aussi, fit la bonne en avalant ses larmes.

— Tout de même, le docteur l’a quittée, Sophie. Alors, le danger est conjuré.

— Oui, M. Olivier… Mais M. le docteur a dit à Alec et à moi, qu’une nouvelle crise serait, serait… fatale. C’est ce qu’il a dit. Je n’ai pas compris. En un mot, a-t-il déclaré, c’en est fini de votre bonne chère dame… Appelez le prêtre… la prochaine fois.

Et la bonne Sophie, sans plus regarder le jeune homme, qui demeurait la tête basse devant elle, s’enfuit vers la chambre de la petite Josephte, qui l’appelait doucement.

Le lendemain, dimanche, un soleil éclatant vint enlever toute mélancolie à l’automne qui avançait. Sur la route, les voitures ne cessèrent de passer. On prévoyait qu’à l’assemblée de Saint-Charles, il y aurait au moins cinq ou six mille personnes. Des familles entières s’y rendaient, attirées par cette occasion, peut-être unique, d’entendre parler le célèbre Papineau.

La nouvelle de la grave crise cardiaque qui avait terrassé la vieille grand’mère d’Olivier Précourt s’était vite répandue à Saint-Denis et à Saint-Charles. L’on avait libéré le jeune homme de ses tâches d’organisateur. Siméon Marchessault était accouru de Saint-Charles, vers onze heures, le matin. Il apprenait à Olivier que le Dr  Duvert lui offrait une chambre chez lui. De la fenêtre de cette chambre, il pourrait assister à l’assemblée, ne perdre rien des discours. Puis, s’il lui fallait retourner à la maison plus tôt qu’il ne croyait, il le ferait sans trop d’encombre. Le petit Michel pourrait servir d’intermédiaire entre la maison d’Olivier et celle du Dr  Duvert.

— Vous êtes bien bon, Marchessault. Merci. Évidemment, si l’état de ma grand’mère ne s’améliorait pas graduellement, je ne bougerais pas d’ici. Mais vous connaissez ces états cardiaques étranges, subits, qui passent parfois avec la même rapidité qu’ils sont survenus. Ma chère grand’mère m’a dit, ce matin, avec assez de facilité : « Ce n’est pas encore pour cette fois, mon grand. Et ne te prive pas pour moi. Va à Saint-Charles ! » Pourtant, hier soir, à mon retour, elle semblait à peine vivante. Et lorsque je la veillais, cette nuit, sa main, qui voulait serrer la mienne, ne le pouvait pas… Je me rendrai certainement chez le docteur pour le début de l’assemblée, et j’emmènerai Josephte. Michel demeurera ici, prêt à me rejoindre, s’il y a lieu. Une fois les premiers orateurs entendus, je m’esquiverai. Vous le savez, Marchessault, j’ai pour mon aïeule un attachement extraordinaire…

— Je vous en admire, Précourt.

— Vous ne voulez pas dîner avec moi ?

— Merci. Notre bon curé Blanchet ne me pardonnerait pas d’aller dîner le dimanche ailleurs qu’au presbytère.

— Que dit-il de la colonne surmontée du bonnet de la Liberté, élevée au milieu de la prairie du docteur ? On aurait pu, il me semble, s’en dispenser. Cela vous fait respirer un air révolutionnaire plus ou moins de bon aloi.

— M. Blanchet a hoché la tête. Il aime encore moins que vous ces manifestations un peu équivoques. Mais qu’y peut-il ? Vous savez avec quelle passion le Dr  Côté a défendu son idée. L’inscription en l’honneur de Papineau sauvait tout, selon lui. Avec quelle emphase, il citait devant tous : À Papineau, ses compatriotes reconnaissants, 1837 ! Ah ! j’oubliais… Parmi les innombrables drapeaux, bannières, oriflammes, j’ai lu sur l’un d’eux : « À bas Debartzch ! »

— C’était à prévoir, cher ami. Vous n’ignorez pas qu’on accuse partout M. Debartzch de nous avoir trahis, après nous avoir abandonnés.

— Ce sont de vos amis, les Debartzch ?

— Oui, Marchessault. J’ai déploré, plus que tout autre, cette volte-face que je comprends mal encore. Nous en aurons une explication plausible tôt ou tard.

— En attendant, l’opinion s’émeut de dangereuse façon. J’ai peur qu’on ne l’attaque de façon plus tangible.

— Ce serait regrettable.

— En effet.

— Et les miliciens ? Arrivés ?

— Allez donc prendre nos beaux capitaines Lacasse et Jalbert en faute. Ils entourent déjà, avec leurs compagnies, la colonne de la Liberté. Et que de patriotes arrivent à chaque instant revêtus infailliblement d’habits d’étoffe du pays. J’ai serré la main, il y a une demi-heure à peine, à Ovide Perrault, au Dr  Chénier, au notaire Cardinal, à Chevalier de Lorimier.

— Et le Dr  Nelson ?

— Il rayonne au milieu des députés où l’on entend sans cesse les mots étincelants et spirituels du député de l’Assomption, Édouard Rodier.

— Et Papineau ?

— On le dit encore chez son oncle, le Dr  Cherrier. Mais, excusez-moi, Olivier. Il est onze heures et demie. J’ai tout juste le temps de me rendre à Saint-Charles pour l’ouverture de l’assemblée… sans dîner.

— Oui, c’est pour midi bien précis. Merci de tous ces intéressants détails, mon ami. Allez, allez.

Olivier Précourt apparut à la fenêtre chez le Dr  Duvert, en compagnie de Josephte et d’un ami de Montréal, juste au moment où Louis-Joseph Papineau, apparaissait à la tribune. Ce fut un instant inoubliable. Quel enthousiasme ! Quel délire ! La foule frémissait, ondulait. Sans arrêt, une longue acclamation sortait de toutes ces poitrines. Des bras se levaient, brandissaient des drapeaux. Il y avait là, remuées, entraînées en un tumulte émouvant qui grandissait, cinq ou six mille personnes, comme on l’avait espéré à l’avance. Puis, tout soudain, un silence encore plus impressionnant prit et garda cette foule houleuse. Papineau parla. Il parla longtemps, sans parvenir à lasser la multitude dont il faisait battre, comme un seul cœur, les innombrables cœurs. Papineau, mais c’était leur idole et leur maître. Il disait avec des mots clairs comme des épées, et sonores comme la voix avertisseuse des cloches, tout ce que l’on pensait et sentait avec puissance pourtant, mais sans pouvoir l’exprimer par le truchement de ces phrases, qui étaient lumière, vérité, justice et droit.

Nelson vint ensuite. Olivier l’écouta durant quelques instants, puis décida de retourner chez lui, par pitié pour la petite Josephte qui s’était endormie, malgré son vif intérêt, au début. L’ami de Montréal, qui se trouvait auprès de lui le suivit dans le corridor dans la maison qu’Olivier traversa avec Josephte, réveillée, un peu honteuse, et ne désirant pas du tout s’éloigner.

— Olivier, murmura-t-elle. Attends au moins Michel.

— Le docteur a mis une voiture à ma disposition, petite. Puis, Josephte, tu sais bien que j’ai hâte d’être de nouveau rassuré sur Grand’Mère ? Vous ne m’en voudrez pas trop, mon ami, ajouta le jeune homme, en se tournant vers le Montréalais qui l’avait accompagné en souriant.

— Je comprends tout, Précourt. Mais avant de vous éloigner, entrez donc une minute dans le cabinet du docteur. J’ai la clef. Les treize propositions qu’on doit soumettre au peuple, cet après-midi, sont là, en leur première ébauche.

— Merci. Marchessault m’en a fait tenir une copie tout à l’heure, à mon arrivée. Mais… quels cris ! quels bravos ! Voyez donc ce qui se passe à cette fenêtre tout près ?

— C’est Rodier qui vient de monter à la tribune… Notre président des Fils de la Liberté manie la parole avec quelle force, vraiment, quelle fougue et quel esprit ! Et le peuple le sait.

— Sa bravoure va de pair.

— À qui le dites-vous ? Quel air martial on lui a reconnu, hier soir, à Montréal, dans cette parade, sur le Coteau Barron, qui réunissait bien mille à douze cents des Fils de la Liberté ! On disait, ce matin, à Montréal, à notre départ, que nous avions fait naître une crainte terrible partout, avec notre petite armée, pourtant pacifique.

— Elle pourrait le devenir moins.

— Oui, si ces messieurs du Doric Club continuent d’être aussi provocants… Alors, au revoir, Précourt. Nous vous donnerons des nouvelles demain sur la cérémonie à laquelle on va se livrer à la fin de l’après-midi, autour de la colonne de la Liberté.


« Eh bien, moi, je prétends que le temps est arrivé de fondre des cuillers pour en faire des balles. »

— Le Dr  Côté en arrivera à ses fins ?

— Bah ! Ce sera encore Papineau qui aura le dernier mot avec la foule, à moins que Nelson ne la gagne avec ses mots coupants comme un glaive. Vous l’avez entendu tout à l’heure : « Eh bien, moi, je prétends que le temps est arrivé de fondre des cuillers pour en faire des balles ». Ces mots font vraiment image.

— C’est peut-être un peu tôt… pour parler ainsi… Mais qui sait ? Au revoir, mon ami. Retournez au spectacle. Viens, viens, Josephte. Laisse cette fenêtre.

Le surlendemain, dans l’après-midi, la grand’mère était assez bien pour recevoir dans sa chaise longue. Elle se fit raconter toutes les péripéties de la grande assemblée de Saint-Charles. Elle fut surtout intéressée d’entendre les réflexions du Curé Magloire Blanchet, qui avait trouvé le moyen de venir faire une petite visite à la maison des Précourt. Hélas ! le bon prêtre se sentait rempli d’angoisses. Et sur l’assurance de l’aïeule que les discours les plus pessimistes ne pouvaient l’atteindre en son état d’âme que « couvrait vraiment, disait-elle, en souriant, un peu d’éternité », il avait longuement parlé d’une lettre qu’il venait de recevoir de Monseigneur Lartigue, évêque de Montréal. Et cette lettre voisinait avec un mandement qu’il aurait à lire le dimanche suivant. Comme il en craignait les salutaires et nettes vérités ! Les esprits étaient si peu disposés à entendre une parole épiscopale aussi ferme, aussi précise, surtout à l’endroit de la conduite à tenir pour les patriotes. Mais il ferait son devoir, coûte que coûte, à l’exemple de l’admirable évêque de Montréal, dans les veines duquel coulait le même sang que Papineau… « Misereor super turbam !… continuait-il. Comme je voudrais sauver tous ces grands cœurs blessés, Madame Précourt…, les bénir, si la main se montre plus prompte, hélas ! que l’esprit ! « Oh ! Madame, Madame, prions, prions ! » s’écria-t-il en joignant les mains, une fois ses confidences terminées.

Il avait ajouté, cependant, qu’il venait de terminer, la veille au soir, une longue lettre adressée au gouverneur, lord Gosford. Il l’avertissait du « pas immense que faisait l’opinion publique depuis l’assemblée de dimanche » ; il déclarait que « le mouvement devenait tel que, pour sa part, il doutait beaucoup que ceux qui l’avaient excité pussent l’arrêter, quand ils en eussent la volonté ».

L’aïeule l’écoutait avec attention. Elle approuvait, elle partageait tout à fait sa façon de voir, de comprendre, de sentir. Les événements semblaient si bien, d’ailleurs, répondre aux prédictions de ce prêtre du bon Dieu.

Olivier était absent de la maison durant cette visite. Mais la grand’mère se promit que son petit-fils entendrait tous ces propos si justes, si sensés du curé de Saint-Charles, elle en chercherait et en trouverait l’occasion.

Michel entra à temps, cependant, suivi bientôt par Josephte pour recevoir près du fauteuil de l’aïeule inclinée la bénédiction de l’homme de Dieu, de celui qui savait si bien souffrir, trembler, craindre, et jamais désespérer, avec chacun de ses paroissiens ou des amis de son grand cœur.