Les noms indiens de mon pays/ABEGWEIT-BOUCTOUCHE

Texte établi par Rayonnement (1p. 7-27).

LES NOMS INDIENS
de mon pays

ABEGWEIT

Abegweit pour epegweit (couché, étendu dans l’eau). Micmac.

Nom primitif de l’île du Prince-Édouard.

Les Micmacs furent les premiers habitants de cette île ; et voici ce que raconte une de leurs pittoresques légendes.

Le demi-dieu Glosscap, devenu vieux et rhumatisant, décida de se choisir un endroit de repos, de s’organiser une sorte de paradis terrestre, loin du monde. Son choix tomba sur cette île invitante, située à 9 milles de la côte. Comme le rouge était sa couleur préférée, d’un coup de pinceau magique il lui donna la teinte éclatante et rafraîchissante que le sol de cette île conserve à perpétuité. Et Glosscap baptisa cette terre de prédilection du nom d’Abegweit (couché dans l’eau), pour évoquer les bonnes heures de détente qu’il se promettait d’y passer par la suite.

Ce paradis terrestre, les blancs l’ont changé de nom ; mais il demeure pour les touristes un endroit réputé. Nombre de Canadiens chaque année imitent le dieu Glosscap et choisissent l’île du Prince-Édouard comme endroit de vacances, pour se reposer des tracas de l’existence et du tapage des grandes villes.

Études historiques et géographiques p. 229. R. P. Pacifique, Cap.

ABÉNAQUIS
Abénaquis pour Wabanaki. (Les Indiens de la terre de l’Est, du levant.) Algonquin.
Racines : waban : le levant, l’est, l’aurore ; aki : terre (indien est sous-entendu).

Nom d’une tribu indienne, autrefois populeuse et glorieuse, qui couvrait le Nouveau-Brunswick et l’état du Maine. Malheureusement la race abénaquise est maintenant presque éteinte et ne parle plus sa langue. Une langue pourtant originale, qui se prononçait probablement à coups de glotte ; car les iroquois s’en amusaient en disant : « Le langage des Abénaquis ressemble aux cris de l’akotsakamenka (le goglu). »

Les Abénaquis avaient comme emblème national le chevreuil ; lequel est encore aujourd’hui le gibier par excellence de ces régions.

La race abénaquise se lia très vite d’amitié avec les premiers colons français et cette alliance a été d’une fidélité sans reproche. Ses guerriers partagèrent nos combats et ne cessèrent de harceler nos ennemis de la Nouvelle Angleterre.

La nation abénaquise se convertit en bloc à la foi catholique. Elle eut surtout comme missionnaires les deux fameux jésuites Druillettes et Rasles. (1687-1724). L’histoire rapporte que ce dernier fut massacré par les anglais, le 23 août 1724, au village de Narantsouak.

« Le jésuite, en sortant de l’église, est criblé de balles, scalpé, mutilé. On pille les cabanes, on profane les vases sacrés, on incendie le temple, on massacre quelques femmes et enfants. 150 Indiens avaient fui dans les bois et revinrent ensevelir les dépouilles de leur missionnaire ; puis les abénaquis se dispersèrent à jamais. »

En 1690, après la prise de Port-Royal, c’est un Abénaquis qui, à toute vitesse et à travers la forêt, alla prévenir à Québec le gouverneur Frontenac de l’arrivée imminente de la flotte anglaise commandée par l’amiral Phipps.

Les grands noms oubliés de notre histoire, pp. 211, 238, 247, Alphonse Fortin.
Dictionnaire illustré historique. Larousse.
Indians of Canada, p. 270, Diamond Jenness.
ABITIBI
Abitibi (eau mitoyenne). Algonquin, cris.
Racines : Abita, la moitié. Bi, pour nipi, mot tronqué et adouci signifiant eau. Bi signifie également breuvage, boisson.

Nom d’un lac et d’une rivière, dont les eaux se déversent dans le fleuve Mosse, un affluent de la Baie James, P. Q.

Géographiquement, cette appellation est pleinement justifiée. Le lac Abitibi est situé sur la ligne du partage des eaux, que nous appelons communément hauteur des terres. C’est la partie élevée du bouclier laurentien. À cet endroit, les eaux ont à choisir entre deux versants qui se séparent dos à dos : celui du St-Laurent et celui de la baie James. Elles sont donc les eaux du milieu, les eaux mitoyennes, et l’indien eut raison d’appeler cette région Abitibi.

Jusqu’à 1902, époque de la trouée du Transcontinental, le territoire de l’Abitibi n’était autre chose qu’une forêt vierge et sans limite. Les Indiens de la nation algonquine la sillonnaient en toute tranquillité et en maîtres incontestés. Ils piégeaient et chassaient à leur guise, alimentant le comptoir de la Compagnie de la Baie d’Hudson, qui ne fut abandonné qu’en 1914. Il était établi, près de la chapelle, sur une langue de terre graveleuse, au bord du grand lac Abitibi.

Ce poste remonte à un passé encore plus lointain, puisque le chevalier Pierre de Troyes y avait établi un petit fort en 1682, en se rendant à la baie James où il devait emporter d’assaut le fort Moose Factory.

Cette région de la hauteur des terres est un immense pays plat. argileux et minier. Le lac Abitibi est forcément un labyrinthe d’îles et de presqu’îles ; car ce réservoir gigantesque épouse les formes indécises d’un terrain à peine accidenté. Je mentionne qu’il y existe une pointe de terre si longue que cela prend un temps interminable en canot pour la doubler.

Encyclopédie Grolier.

ABOUJAKAN — NAPOSAGANG

Aboujakan (cordon de perles, de grains). Micmac.

Nom d’une paroisse de l’archidiocèse de Moncton, comté de Westmorland, province du Nouveau-Brunswick.

Études historiques et géographiques, Père Pacifique, Cap.

ACHAWAKAMIK
Achawakamik (maison d’observation) Cris.
Racines : achawab : regarder attentivement, observer.
kamik : maison, demeure.

Nom d’une colline sur le bord de la Baie d’Hudson entre les rivières Winisk et Severn. C’est également le nom du vieux chef indien qui avait planté son wigwam en cet endroit, pour mieux contempler l’immensité des forêts, des eaux et des cieux.

ACHIGAN

Achigan a une double signification :

1. En algonquin, c’est une espèce de « grosse tanche » que les Anglais nomment « black bass ». Le nom algonquin, adopté par les colons de l’endroit, s’étendit à la rivière où l’on pêchait ce poisson et finalement aux paroisses que cette rivière arrose. (Ex : St-Roch de l’Achigan, comté de l’Assomption, diocèse de Joliette).

Il y a quatre sortes d’achigan : l’achigan à grande bouche, l’achigan de roche, l’achigan à petite bouche et l’achigan blanc appelé melachigan. Ce dernier est un gros poisson au dos relevé en bosse ; il promène sous des écailles gris-argent une chair grossière et coriace qui dégagerait par moment une odeur de requin. Il émet des sons et ses grognements peuvent s’entendre même quand il nage en eau assez profonde. Les os de ses oreilles ressemblent à de l’ivoire et sont marqués d’un « L ». Les Noirs des États-Unis les portent en guise d’amulettes et les amoureux, qui veulent que le « L » signifie « luck » (chance), en font un talisman.

2. En cris, achigan signifie « bas, nippes, coupon d’étoffe. »

J. A. Cuoq, P. S. S. Lexique algonquin.

Claude Melançon : les poissons de nos eaux.

ADIRONDACK

Adirondack pour ratirontaks. D’après le R. P. Jacobs, s. j., ce mot iroquois signifie « les mangeurs de billots », « les mangeurs d’arbres ». C’est le nom que les iroquois donnent aux Algonquins. C’est aussi le nom d’un village, d’une voie ferrée et d’une chaîne de montagnes situées au nord-est de l’État de New-York. C’est encore le nom d’un parc de 4,000 milles carrés, mis en réserve par l’État.[1]

AGONIK

Agonik-akonik (serrez-vous, pressez-vous). C’est l’impératif du verbe cris akonew. J’ai lu ce mot dans un wagon-restaurant où sont installés comptoirs, chaises et cuisinier à haut bonnet blanc, qui nous demande un « tip » en présentant une assiette argentée.

AGUANUS
Aguanus pour akwanich (petit abri) Montagnais, Cris.
Racines : Akwan, abri ; ich, est un diminutif.

Nom d’une mission (St-Félix) sur la côte nord du golfe Saint-Laurent et d’une rivière dangereuse ainsi que poissonneuse, longue de 140 milles. À l’embouchure de cette rivière, s’élève un entrepôt frigorifique pour le saumon. La Compagnie de Téléphone du Bas Saint-Laurent y tient une station télégraphique.

L’encyclopédie Grolier se trompe, selon moi, en traduisant Aguanus par « endroit de déchargement ».

AKAKWIDJIC SIPI
Akakwidjic sipi (la rivière des marmottes). Algonquin. (en otchipwé, pécan)
Racines : Akakwidjic, marmotte, siffleux ; sipi, rivière.

La rivière Marmotte ou Groundhog river, comme l’apellent les Anglais, est un affluent de la Mattagami, en Ontario nord.

Les marmottes sont des animaux lourds, à tête aplatie et aux oreilles courtes, pourvus d’une queue touffue : leur chair est assez bonne à manger. Cet animal s’apprivoise facilement, il dort au moins quatre mois. Les Algonquins et les Têtes de Boule appellent le mois de février « Akakwidjic kisis » (la lune des siffleux), époque où la marmotte sort de sa léthargie.

AKAMASKI — AKIMASKI
Akamaski (la terre de l’autre côté, de l’autre bord). Cris.
Racines : Akam, au-delà de l’eau ; aski, terre.

Akamaski est une île de la Baie James, la plus grande de cette baie. C’est ainsi que la nomment les Indiens de la côte est, car ceux de l’Ouest (Attawapiskat et Albany) l’appellent Akamaskitchic (la petite Akamaski). De la rive ouest, en effet, cette île paraît comme un long serpent noir. Les Indiens qui l’habitent sont captifs plusieurs mois de l’année, à cause des brumes et des glaces flottantes.

Ce n’est pas cette île que le P. Charles Albanel, s. j. visita en juillet 1672, et où il baptisa quelques Indiens, mais bien l’île Charlton qui mesure environ 75 milles de tour.

Avant la construction du chemin de fer de Moosonee, c’était à l’île Charlton que s’arrêtait le vaisseau de la Compagnie de la Baie d’Hudson qui approvisionnait les postes de la Baie James.

R. P. L. Lejeune, O. M. I., Dictionnaire Général d’Histoire du Canada.

AKLAVIK
Aklavik (l’endroit des ours bruns). Esquimau.
Racines : Akla, ours bruns ; vik, endroit, lieu de.

Aklavik, situé sur le chenal ouest du fleuve MacKenzie à 69 milles de la côte arctique, est une mission du Vicariat Apostolique du Mackenzie.

Aux yeux des Esquimaux de la terre stérile, c’est du spécial, car pour eux, il n’existe que l’ours blanc polaire. Ils donnèrent ce nom d’Aklavik à la bordure de la région boisée qui limite la terre stérile, à cause des ours bruns qu’ils y aperçurent pour la première fois.

Ce poste est un peu la capitale des missions de la côte, car c’est là que les bateaux du fleuve et ceux de la mer glaciale se rencontrent pour les approvisionnements.

La mission catholique y a été fondée en 1924 ainsi qu’un hôpital tenu par les Sœurs Grises de Montréal. Les mêmes religieuses y dirigent une école, fréquentée par les Indiens et les Esquimaux. De leur côté, les anglicans, pour imiter les catholiques, ont construit un hôpital et une école. Le Département de la Défense nationale y maintient un poste émetteur. La Police Montée et les officiers médicaux du gouvernement desservent également cette région. On y trouve un bureau de poste et quelques magasins de traite.

Ce fut la première mission stable de la côte arctique du Mackenzie. Pour plusieurs semaines, au solstice d’hiver, le soleil ne se montre point, de sorte qu’en plein midi il faut allumer la lampe.

Le contact avec les indiens chrétiens a contribué beaucoup à attirer les Esquimaux vers le catholicisme, Cette mission a été le trait d’union entre les missions indiennes et les missions esquimaudes du Vicariat du Mackenzie.

A. Thibert, O. M. I. ancien missionnaire chez les Esquimaux.

AKPATOK

Akpatok (Ils courent) Esquimau. (Akpatok ne signifie pas « Paradis des oiseaux » comme le prétend une encyclopédie canadienne.)

C’est le nom d’une île de 50 milles de longueur et 10 de largeur à l’entrée de la Baie d’Ungava.

Sur le rivage de cette île on trouve des colonies de pingouins. Ces oiseaux palmipèdes, aux ailes très courtes, ne peuvent voler ; ils courent. C’est en observant ce phénomène que les esquimaux baptisèrent l’île Akpatok. (L’île des coureurs).

Les pingouins, dont la taille peut atteindre trois pieds de hauteur, ont des mœurs très intéressantes. On dirait qu’ils agissent avec réflexion plutôt que par instinct. Ils habitent les rivages des mers du nord. Certains pingouins volent admirablement et tous sont d’excellents plongeurs.

ALASKA

Alaska (la grande terre) Aleut.

Alaska est une grande presqu’île attenante au nord-ouest du Canada. Cette terre fut découverte en 1741 par Bering et Chirikof, deux Russes. Les États-Unis l’achetèrent pour la modique somme de $7,800,000.00. Cet achat fut vraiment une affaire d’or ; car l’Alaska fournit des revenus qui dépassent 40 millions de dollars par année.

On est porté à croire, à cause de sa latitude, que l’Alaska est froid, même en été. C’est une erreur : en Alaska, les vents et les courants vont du sud au nord. Un courant d’eau chaude, le Kouro-Sivo, partant du sud de la Chine remonte vers le nord en longeant les côtes du Pacifique. Du côté de l’Atlantique c’est le contraire ; les vents et les courants marins avec leurs glaces voyagent du nord au sud et refroidissent continuellement la température.

La chaîne de montagnes côtières de l’Alaska est remarquable : douze monts atteignent 10,000 pieds d’altitude et sont dominés par le mont Logan, 19,540 pieds. Ces montagnes pullulent de mines et contiennent 1,200 milles carrés de glace mouvante qui forme des banquises. Le glacier Malaspina est le plus considérable de l’Amérique.

Le fleuve Yukon traverse l’Alaska et fertilise son territoire. Les botanistes ont trouvé dans ces immenses contrées des plantes jamais signalées et jamais décrites.

La population indigène (indienne et esquimaude) est plutôt faible ; et les blancs y sont en majorité.

Le Progrès du Golfe, 31 janvier 1949 — Encyclopédie Grolier.

AMADJUAK
Amadjuak (porter pesant) Esquimau.
Racines : Amartok, il porte sur le dos ; djuak, beaucoup.

Probablement ainsi nommé à cause du grand portage à effectuer pour arriver de là au grand lac Nettiling ou Netsilik, qui signifie : où il y a des phoques”.

Amadjuak est situé dans la partie sud-ouest de la terre de Baffin, sur le détroit d’Hudson, entre Cap Dorset et Lake Harbor. Il fait partie du vicariat apostolique de la Baie d’Hudson.

Autrefois on y tenta une expérience d’élevage des rennes. Emporté par bateau et acclimaté au pays, le troupeau fut malheureusement anéanti en peu de temps par des chasseurs ambitieux et par le manque de compétence de ceux qui avaient charge de leur entretien. Le peu qui reste est passé à l’état sauvage.

The North West Territories, Département des Mines et Ressources, Ottawa, 1943-47.

AMIKOSIPINS
Amikosipins (le ruisseau des castors) Algonquin.
Racines : Amik, castor ; sipi, rivière ; ins, est un diminutif : ruisseau, petite rivière.

Les ruisseaux et les lacs à castors se rencontrent un peu partout dans nos forêts. J’ai vu au cours de mes voyages maintes et maintes chaussées de castor. Les castors sont presque des animaux domestiques ; ils vivent en clan ou familles dans des souterrains qui aboutissent au rivage d’un lac ou d’un ruisseau. Au rétrécis de ces cours d’eau, ils construisent des barrages avec un béton armé de leur invention, formé de terre et de menues branches. C’est ainsi qu’ils maintiennent l’eau à un niveau toujours égal et gardent sec le fond de leurs terriers. Les castors se font chaque automne une réserve hivernale. Elle consiste en un amas de bois vert et frais, surtout de tremble, qu’ils placent dans l’eau, comme on met un bifteck au réfrigérateur, et qu’ils grignoteront tout l’hiver durant. On chasse le castor pour sa fourrure et sa chair.

Chez les Indiens, il existe plus d’un récit fabuleux sur le compte des animaux de la forêt. Voici une excellente version de la fable LE CASTOR ET LE PIÈGE, telle que racontée par mon vieux servant de messe, Alexandre Pitchikwi :

Un castor descendait à la nage une rivière, battant fièrement le courant de sa large queue. Il relevait la tête, montrant sa barbe et ses dents, il disait : « Je suis puissant, je fais des barrages, je taris les rivières, je refoule les eaux, je construis des mers, et les forêts s’éclaircissent sous mes dents ». À ce moment il passe près d’un piège. S’arrêtant devant la curieuse machine, il questionne. « Qui es-tu ? Qu’attends-tu ? Comment t’appelles-tu ? — Je m’appelle Piège, répond l’autre. Quand mon Maître m’a placé ici, il m’a dit : Si quelqu’un passe, prends-le et retiens-le dans tes serres. — Eh bien, prends-moi, dit le castor, si tu crois en avoir la force. — Je ne cours personne, répond le Piège, mais si tu me touches, malheur à toi. » Le Castor, d’un air dédaigneux, lui donne un coup de patte. Piège le saisit au jarret. Surpris et effrayé, le Castor fait un bond et veut fuir. Il rue, se tord, se mâte, s’élance, rage. Mais Piège n’en mord que plus rudement. « Lâche-moi, dit le Castor, tu me fais mal. — As-tu si vite oublié la parole de mon Maître ? répond Piège. » Alors, le Castor se met à mordre de ses deux mâchoires. Le Piège plie, étincelle sous les coups de dents. Le Castor brise ses longues incisives, ses belles et larges dents jaunes. Poil en broussailles, haletant, tremblant, le captif se sent vaincu, Il baisse la tête, ferme les yeux, et grogne des paroles incohérentes. À ce moment, sort du fond de la rivière, une multitude d’insectes. Apercevant un gros hanneton, le Castor lui dit : « Mon ami, viens à mon secours, coupe-moi cette patte endolorie ». Le hanneton s’approche en bourdonnant, se met à l’ouvrage, mordant les chairs bleuâtres et coupant lentement les os. L’opération terminée, le Castor se glisse vers sa cabane en lançant au Piège ce mot résolu : « Je ne m’approcherai jamais de toi ».

Et c’est depuis ce temps que tout castor échappé d’un piège ne peut être repris.

AMQUI
Amqui pour Ankwi (camarade d’homme et beau-frère d’homme) Algonquin.
Ankwi vient de ankwimens, vieux mot qui portait cette signification et qui n’est plus compris aujourd’hui.

Le Guide du Touriste et l’encyclopédie Grolier traduisent Amqui par « place d’amusement et terrain de jeux ». Cette traduction me paraît fantaisiste.

Amqui, localité de la vallée de la Matapédia, province de Québec.

Lexique algonquin par J. A. Cuoq, P. S. S.

ANAKAPECHAGAN SAKAIGAN
Anakapéchagan sakaigan (le lac culotte) Algonquin.
Anakapechagan, culotte, sakaigan, lac.

Ce lac sur la rivière du Lièvre, province de Québec, est un lac fourchu; vu d’un certain endroit, il ressemble à un immense pantalon. Un pauvre chasseur indien de cette région faisait remarquer à ses camarades que ce pantalon liquide ne s’usait pas si vite que le sien.

ANOKI CLUB
Anoki club, (club de chasse). Algonquin.

La traduction littérale du mot Anoki serait « il travaille », mais anoki s’emploie le plus souvent dans le sens de faire la chasse, parce que la chasse est le travail ordinaire des Indiens. Ils appellent une terre de chasse : anokiwaki.

Anoki Club est situé sur les bords de la rivière de l’Aigle, affluent de la rivière Désert qui jette ses eaux dans la Gatineau, province de Québec.

ANTICOSTI

Anticosti, grande île à l’embouchure du fleuve St-Laurent, mesurant 135 milles de longueur et près de 30 milles dans sa plus grande largeur. En 1535, Jacques Cartier la baptisa du glorieux nom de l’Assomption. Heylyn dans sa Cosmographie (1660) la nomme Anticostie.

La plupart soutiennent que ce mot vient de l’espagnol et signifie « l’avant côte ». Les Indiens l’appellent nataskwan « aller chasser l’ours ».

La première concession de l’île fut accordée à Louis Joliet, en 1680, en considération de ses valeureux services. Il y bâtit un fort qui fut détruit par les Anglais, en 1690.

Dans la suite, au traité de Paris de 1768, elle fut annexée à Terre-Neuve. Mais en 1774, elle fut rattachée au Canada et fait maintenant partie de la province de Québec.

En 1874, les membres de la famille Forsyth de Québec essayèrent de la coloniser, mais sans succès. En 1895, elle fut vendue à Henri Meunier, millionnaire français et fabriquant d’un fameux chocolat, qui y effectua de grands travaux et y pratiqua surtout l’élevage. En 1926, l’île fut vendue à la « Anticosti Corporation » pour la somme de $6,000,000. Cette compagnie s’associa ensuite à d’autres firmes sous le nom de « Canada Power and Paper Corporation » et cette dernière fut réorganisée en « Consolidated Paper Corporation ».

Les abords de l’île Anticosti sont dangereux pour la navigation ; on l’appela même un temps le cimetière du golfe. Le gouvernement canadien remédia au danger des échouages et des naufrages en y construisant plusieurs phares puissants.

Encyclopédie Grolier.

Dictionnaire général du Canada par le R. P. Lejeune, O. M. I.

Du Cométique à l’Avion, p. 225, L. Garnier, eudiste.

ARTHABASKA
Arthabaska (il y a des roseaux) Cris, Algonquin.
Racines : Ayaw, il y a (cela) ; ack, roseaux, joncs, foin.

(D’autres grammairiens donnent comme racine ATHAPAW ou AVAPAW : sorte de joncs ; SKA : idée d’abondance. Cette description du mot est plus conforme aux langues crises de l’ouest.)

Le roseau est une plante creuse de 5 à 7 pieds de hauteur, aux feuilles étroites et longues. Elle fleurit en quenouille brune. Froissée, cette quenouille donne une laine blanche dont on fait des matelas et des oreillers. Nos ancêtres faisaient de sa tige creuse un ambre qu’ils mettaient au tuyau de leur pipe de plâtre. Les roseaux poussent dans les terrains humides et, là où ils croissent, rien ne pousse comme s’ils étaient un poison pour les autres plantes.

Arthabaska, dans le pays des Bois Francs, est le nom d’un comté du Québec et d’une ville bâtie en demi-cercle sur le flanc du mont Cristo, aux bords de la rivière Nicolet. Une croix lumineuse domine cette ville qui fut la patrie du peintre Suzor Côté et de plusieurs grands hommes d’état.

C’est dans ce village que pratiqua comme avocat Wilfrid Laurier, ancien premier ministre du Canada (1896-1911}. Sa résidence a été convertie en musée.

Les Frères du Sacré-Cœur, institut fondé à Lyon par le Père André Coindre, se fixèrent à Arthabaska dès leur arrivée de France au Canada en 1872.

ARVIAK
Arviak (l’endroit de la chasse à la baleine) Esquimau.
Racines : Arverk, baleine noire ; iartok, aller chasser.

Arviak ou Pointe-Esquimaude ou encore Cap Esquimau, dénomme un terminus de chemin de fer situé sur le littoral ouest de la Baie d’Hudson, T. N. O., à environ 180 milles au nord de Churchill, province de Manitoba. C’est la première localité qu’on rencontre en quittant le Manitoba pour les territoires du nord-ouest vers le nord. C’est donc là que se trouve la tribu esquimaude la plus méridionale : les Padlermints.

Le nom fut d’abord donné à l’île Sentry qui se trouve en face du Cap Esquimau où les Esquimaux passaient l’été, d’où le nom Esquimau Point ou Cap Esquimau. La chasse à la baleine a cessé, mais d’autres animaux marins fréquentent ces lieux. La mission Ste-Thérèse de l’Enfant-Jésus du Cap Esquimau a été fondée par Son Excellence Mgr O. Charlebois, O. M. I., et faisait alors partie du vicariat du Keewatin. Le P. Lionel Ducharme et le F. Prime Girard ont été les premiers missionnaires desservants. Ils ont construit la première mission appelée dès lors, Mission de la Bienheureuse Thérèse de l’Enfant Jésus, en 1924. Pour la construire on défit de vieilles baraques de la Police Montée à Churchill ; on perdit une bonne partie du bois dans le transport, de sorte qu’elle resta longtemps inachevée. Les deux premières années, on réussit à baptiser deux enfants à l’article de la mort. Les enfants vécurent et ce fut l’occasion de la conversion des parents qui devinrent le premier noyau du christianisme. De cette mission principale, les Oblats rayonnent dans trois dessertes : Padlei, Nunala et Mistake Bay. Les Anglicans y construisirent aussi une mission en 1926. On y trouve un détachement de la Police Montée, un poste de traiteur de H.B.C. Pendant la dernière guerre on y maintint un détachement militaire et une station météorologique.

Journal du R. Père A. Thibert, o.m.i.

ASHKIPAKAW SAKAIKAN
Ashkipakaw (lac aux feuilles vertes) Algonquin, Cris.
Racines : Ash, vert ; pak, feuilles, sakahigan, lac.

Les eaux de ce lac rejoignent la rivière Gatineau à plus de 200 milles de son embouchure. On l’appelle encore de nos jours « le lac Vert ».

ASHUAPMOUCHOUAN
Ashuapmouchouan pour aswamousdjiwan (rivière où l’on guette l’orignal). Cris.
Racines : Asw : guetter, surveiller, épier ; mous : orignal : djiwan : courant, rivière.

(Les Indiens d’aujourd’hui prononcent Ashamouchouane et donnent comme signification : « Rendez-vous des orignaux ».)

Ashuapmouchouan est le nom d’un lac et d’une rivière qui versent leurs eaux dans le lac St-Jean, province de Québec. À l’embouchure de cette rivière, la Compagnie de la Baie d’Hudson avait autrefois un poste secondaire, dépendant de celui de Métabéjiwan, et tenu jusqu’en 1850.

Le Père Charles Albanel, jésuite, suivit le cours de cette rivière, en 1671, pour se rendre à la Baie James. Il y rencontra trois indiens qui voyageaient en sens contraire. Ceux-ci l’avertirent qu’ils avaient vu deux navires anglais à la Baie James et qu’on y installait des postes de commerce.

Le Père réalisa qu’il lui faudrait des papiers officiels, établissant qu’il était lui aussi l’envoyé de son Roi. Il dépêcha donc vers Québec un Français et deux Indiens qui revinrent le 10 octobre « avec des lettres patentes signées de Mgr de Laval, du gouverneur Courcelle et de l’intendant Talon. »

Comme la saison était fort avancée, le Père Albanel décida d’hiverner sur les lieux. Cet hivernement sur l’Asuapmouchouan lui fut extrêmement pénible à cause de la mauvaise humeur de ses guides. À bout de courage et de patience, ils refusaient d’aller plus loin. Heureusement que le missionnaire rencontra, parmi ceux qu’il évangélisait, un brave vieillard et ses fils, « de la nation des Mistassins, qui, moyennant un riche présent de tabac, acceptèrent de le conduire jusqu’au terme de son voyage ».

On se mit en route le premier juin 1672, en suivant l’Ashuapmouchouan pour atteindre, par sa branche nord, le grand lac Mistassini et finalement les rives de la Baie James.

Histoire du Saguenay, pp. 70, 251.

ASIGOOASH
Asigooash pour asikiwach (retraite du canard). Cris, algonquin.
Racines : asik, nom d’une variété de canards sauvages ; wach, cavité, retraite, creux horizontal.

Nom d’une rivière affluent de la Bourlamaque, Abitibi, province de Québec.

ASSINIBOINES
Assiniboines (ceux qui font rôtir (cuire) par le moyen de pierres chaudes).
Racines : Assini, pierre ; abwan, faire rôtir.

Assiniboine est le nom d’une rivière et d’un fort construit par la Cie du Nord-Ouest vers 1795. C’est aussi le nom d’un mont de 11,870 pieds d’altitude entre les provinces d’Alberta et Saskatchewan, d’une passe ardue des Rocheuses et d’une tribu indienne.

Les indiens Assiniboines sont une branche de la famille siouse. Brouillés avec leurs frères des grandes plaines américaines ils avaient émigré au nord où les Cris leur avaient donné l’hospitalité, leur assignant d’abord des terres incultes entre les lacs Winnipeg et Manitoba et la vallée de la rivière à laquelle ils devaient donner leur nom. Cette rivière se déverse dans la rivière Rouge après un cours de 480 milles.

Amis fidèles des Cris, ils firent avec eux la guerre aux Pieds-Noirs, aux Sioux et aux Sauteux. Ces cinq peuplades avaient des coutumes à peu près semblables. Vêtus au complet, ils portaient en guise de manteau une peau de buffle avec des mitasses et mocassins. La pièce principale de leur vêtement consistait en une sorte de chemise en peau, garnie de poils. Les femmes portaient une courte jupe de cuir, retenue à la taille par une ceinture, ornée de dents de castor, de griffes d’ours, etc.

Ces Indiens vivaient dans des loges coniques en peau, montées sur des perches légères, pour être facilement transportables, lors de leurs constantes migrations. Aucune de ces tribus n’était remarquable par la pureté de ses mœurs ou l’honorabilité de son code. On pratiquait la polygamie et l’échange temporaire des femmes, comme preuve d’amitié. La femme était une esclave. La jeune fille n’avait pratiquement rien à dire dans la question de son mariage. Ces indiens croyaient en Dieu et l’appelaient le Grand-Esprit (Kitchi Manito), alors qu’ils appelaient le diable Mauvais Esprit (Matchi Manito).

AG. Morice, o.m.i, Hist. de l’Église catholique dans l’ouest canadien, Vol. 1, p. 3.

ASSINICA
Assinica pour asinikaw (c’est pierreux, rocheux) Cris.
Racines : Asini : pierre ; kaw, suffixe verbal, être.

Assinica est le nom d’un lac de la rivière Breadback qui coule dans la Baie James, parallèlement à la rivière Rupert, province de Québec.

ATAWABISKAT
Atawabiskat pour atawabiskak (au fond rocheux) Cris.
Racines : Atam : au fond ; Abisk : pierre, roche, fer.

Atawabiskat est le nom d’un fleuve au lit pierreux, qui se déverse dans la baie James, versant ouest. À 50 milles de son embouchure il se divise et donne naissance à la rivière Néachi.

C’est aussi le nom d’une mission crise fondée en 1894. Un chrétien de l’endroit serait l’auteur d’une phrase célèbre passée en proverbe : « Lorsque je tends un piège, je tends ma main à Dieu. »

Sur les bords du fleuve Atawabiskat pousse un arbuste à grains de chapelet. Ces grains jaunes-bruns, ont une forme un peu allongée, une enveloppe très dure, une perforation à chaque bout, ce qui leur donne une ressemblance frappante avec ceux d’un chapelet.

ATHABASKA
Comme ARTHABASKA (voir ce mot).
Nom d’une rivière et d’un lac de l’Alberta.
ATIKAMEG
Atikameg pour atikamek (poissons blancs) Cris.

Atikameg est le nom d’un lac de l’Alberta. Par ailleurs, on rencontre de nombreuses rivières Atikamek et lacs Atikamek dans le nord du Québec et de l’Ontario.

ATIKOKAN
Atikokan (os de caribou) Sauteux.
Racines : Atik : caribou ; kan : os, ossement ; okanan, ses os.

Atikokan est le nom d’un village ontarien. Bien que sauvage et rocailleuse, la région d’Atikokan peut connaître un brillant avenir à cause des dépôts de fer découverts à Steep Rock.

ATIKONAK
Atikonak (rencontre des caribous) Cris.
Racines : Atik : caribou ; nak : rencontre.

Le lac Atikonak et la rivière du même nom deversent leurs eaux dans le fleuve Hamilton, au Labrador.

Atikonak peut-être pour atikameck « poisson blanc. »

ATISAWIAN
Atisawian : (teinture, plante dont la racine donne la teinture). Cris. Algonquin.

Atisawian, sur la rivière Ekwan, à quelques milles de son embouchure, est un lieu couvert de jolis arbres, où l’Atisawian pousse en abondance. C’est là que, de bonne heure au printemps, les Indiens se rassemblent pour teindre les plumes, les poils de porc-épic et les bibelots servant à orner souliers, vêtements, trousses, paniers, etc.

La racine de l’Atisawian mélangée avec de l’alun donnent une teinture rouge.

AULATSIVIK
Aulatsivik (endroit idéal de pêche) Esquimau.
Racines : Aulayok : être en mouvement ; vik : Endroit (où on est en mouvement, dans le sens de faire la pêche à l’hameçon).

Aulatsivik est une île de la côte du Labrador.

AWANTJISH
Avwantjish (petite brume, peu de brume) Cris.
Racines : Awan : brume, vapeur ; ich, un dimunitif.
En iroquois awan signifie liquide, vapeur.
En micmac awanjish signifie petit portage.

Awantjish désigne un canton dans la vallée de la Matapédia, province de Québec.

J.A. Cuoq, P.S.S. Lexique iroquois.

R.P. Pacifique, Cap. Études historiques et géographiques, p. 190.

AYIMESIS
Ayimesis (Le pervers) Cris.

Ayimesis est le nom d’un Indien qui, au temps de la rébellion de Louis Riel, (1885) s’était entouré de sbires, dont Wandering Spirit était l’âme. C’est en levant son tomahawk sur la tête de Gilchrist qu’il commença le massacre du Lac La Grenouille, où tous les blancs furent tués avec les deux Pères Oblats Marchand et Fafard. Ce matin-là, le soleil se levait rougeâtre à l’horizon. « Comme c’est beau, s’écriait Ayimesis ! Un soleil de sang, c’est un signe de victoire pour les Indiens, toujours. »

Après la défaite des troupes de Riel, Ayimesis traversa aux États-Unis, mais, forcé de revenir, il changea son nom en celui de Petit-Ours : toutefois son identité ne faisait aucun doute. Comme suspect d’avoir pris part aux meurtres du Lac La Grenouille, il fut expédié à Régina ; aucun acte criminel ne lui ayant été directement imputé, il fut relâché, bénéficiant de la proclamation de l’amnistie. Il vint dire aux prêtres qu’il avait l’intention de se faire catholique. Peu après, Petit Ours (Ayimesis) vint se mettre à la remorque du Rév. John McDougall, ministre méthodiste, lequel l’accompagna à Ottawa comme interprète et conseiller. Alors on vit le spectacle inouï du chef d’une bande de brigands traverser le pays en triomphateur, aux acclamations de foules enthousiastes. Dans toutes les villes ses discours soulevaient des applaudissements. Il fut reçu avec déférence par tous les officiels ; le premier ministre Sir Wilfrid Laurier, le surintendant des Affaires indiennes, Sir Clifford Sifton. Ses demandes ressemblaient plutôt à l’ultimatum d’un adversaire redoutable qu’à l’humble requête d’un coupable repentant. Il réclamait en effet, pour lui et pour son peuple, des dédommagements pour dix années d’exil, une nouvelle réserve de son choix, des machines agricoles, du grain de semence, des chevaux, du bétail et des secours alimentaires.

Batoche, 27, 105, 301. Jules Chevalier, O.M.I.

BABICHE

Babiche, mot canadianisé. On désigne par ce mot une lanière de cuir ou de peau crue. Sans aucun doute ce vocable vient de assabab (fil), qui fait assababich au diminutif. En retranchant les deux premières syllabes on a le mot babiche. Assababich est un mot d’une langue de l’Ouest.

Sur la rivière du Lièvre, province de Québec, un lac et un portage sont appelés Babiche. Le vieil indien Antwan Jacot avait l’habitude d’expliquer ainsi l’origine de cette dénomination. « Il y a bien des années, des Algonquins furent tués ici par de féroces Iroquois qui leur faisaient la guerre sans raison. Pour les épeurer, nos ancêtres écorchèrent l’un de ces méchants et taillèrent sa peau en babiche puis ils étendirent cette babiche de peau humaine aux arbres qui longeaient le portage : ils taillèrent les bannières si étroites, qu’ils eurent assez de babiche pour clôturer tout un côté du chemin. »

P. Albert Lacombe, O.M.I., Dict. de la langue des Cris, p. 705

Baraba : Grammar of the Otcipowé language.

BASCATOSIN

Bascatosin pour Biskatachin « le petit lac plié ». tributaire du grand lac Baskaton.

BASHAW
Bashaw (concavé, cannelé, sillonné) Cris.

Bashaw, sur le chemin de fer du Canadien National, est le nom d’une paroisse de l’archidiocèse d’Edmonton en Alberta. Le terrain de cette localité est houleux. On y cultive le blé qui pousse en abondance. Le gros moulin à farine de l’endroit ne peut suffire à le moudre, tant les élévateurs sont remplis.

BASKATON
Baskaton pour piskita (plié, le lac plié) Algonquin.
Racines : pisk, plié. On dit, piskité, c’est plié par la chaleur.
Piska, c’est plié.

Lac de la rivière Gatineau, dans la province de Québec. En hiver, les eaux de ce lac travaillaient la glace, la bombaient, la pliaient, d’où le nom de lac plié. Ce phénomène dépend des sources ravineuses du lac, de sa mal-conformation et de sa profondeur irrégulière.

Autrefois, le lac Baskaton n’avait que quatre à cinq milles de longueur. Maintenant, depuis la construction du barrage Gouin (1926-27), il compte 800 milles de grève. La mission, bâtie sur le versant d’une colline de pins, fut noyée, ainsi que quatre grandes fermes de l’International Paper Co. La rivière Baskaton est disparue avec ses douze lacs. Ce barrage inonda tant de bois que pendant deux hivers on fit chantier sur la glace.

BATAWA
Batawa pour patahwaw (il est manqué, on l’a manqué) Cris.

La racine pat signifie manquer, manquer son coup. Exemple : un indien tire une balle sur un oiseau, elle passe à côté, il dira en le voyant fuir : « Ni gi patahwaw », je l’ai manqué, j’ai manqué mon coup.

Batawa est une mission des Pères Jésuites, près de la ligne du Canadien National, comté de Hastings, Ontario.

BATCHAWANA
Batchawana pour obatchiwanang (au courant du détroit). Sauteux, Algonquin.
Racines : Oba : détroit ; tchiwan, courant ; ang locatif.

Batchawana, situé à une quarantaine de milles au nord du Sault Ste-Marie, est le nom d’une baie et d’une rivière du comté d’Algoma, sur la rive est du lac Supérieur, en Ontario. La rivière Batchawana franchit un détroit où ses eaux s’engorgent entre deux murailles de pierre, ce qui justifie son nom.

Batchawana pour wibatchiwanang « au rétréci du courant », soutiennent d’autres traducteurs.
Racines : Wibo : étroit, rétréci ; tchiwan, courant ; ang est un locatif. Algonquin.
BATISCAN
Batiscan pour patiskam (il le manque du pied, son pied le manque, faire un faux pas) Cris.
Racines : Pat : manquer ; askam : terminaison verbale donnant l’idée du pied ;

Exemple : Quelqu’un traverse un ruisseau sur un tronc d’arbre et met le pied dans l’eau, on dira « papiskam ». Ou encore je veux embarquer dans un canot et je mets le pied en dehors. Je dirai : « Ni gi patiskam ».

Quebec Highways et l’encyclopédie Grolier ont fait erreur en traduisant Bastiscan par « Vapeur, nuée légère. »

Batiscan est le nom d’une rivière et d’une paroisse sur la rive nord du Saint-Laurent, diocèse des Trois-Rivières, fondée en 1684. À l’entrée du village, une vieille maison de pierres fut pendant plusieurs années la résidence des Pères Jésuites.

Along Quebec Highways, 1930.

BEDJIWAN
Bedjiwan (marée montante) Montagnais.
Racines : Pé et petchi : venir ; tchiwan : courant. Généralement on dit : petchitchiwan : la marée montante.

Bedjiwan, nom géographique de la côte nord du golfe St-Laurent.

La marée met en mouvement les eaux des mers. Deux fois par jour elle les fait monter aux rivages et dans les embouchures des fleuves. Ce phénomène est causé par l’attraction du soleil et de la lune. Quand le soleil vient en conjonction avec la lune, leurs forces attractives s’unissent et produisent les grandes marées. Elles font des marées moindres lorsqu’elles se désunissent. Les marées varient selon la superficie des mers. L’océan Pacifique, à cause de son immensité, n’a qu’une marée en 24 heures. Quand les forces d’attraction s’éloignent d’un océan, ses eaux reprennent l’équilibre. Le mouvement de ces masses liquides et leurs forts courants modifient sans cesse le profil des rivages océaniques et déplacent les alluvions apportées par les fleuves.

BETSIAMITES
Betsiamites pour « petchemits » (sangsue, lamproie de mer) Montagnais.

C’est le nom d’une rivière, d’une mission et d’une réserve montagnaise sur la rive nord du golfe Saint-Laurent, comté Saguenay.

Un vieil Indien soutient qu’autrefois la rivière Betsiamites était infestée de sangsues et qu’un missionnaire les aurait conjurées. À l’embouchure de la rivière Betsiamites, les Français avaient bâti un poste de traite qui existe encore.

En 1862, les pères Oblats, missionnaires de la côte nord, y établissent une résidence. La réserve de Bethsiamites, organisée en 1860, rendit les Montagnais maîtres de cette rivière, où abonde le gros saumon.

En 1911, Mgr Gustave Blanche, eudiste, fut nommé vicaire apostolique du Golfe St-Laurent et Betsiamites fut confié aux pères Eudistes, lesquels desservirent ce poste pendant 34 ans. En 1945, Son Excellence Mgr LaBrie, eudiste, invita les Oblats à reprendre leur ancienne mission. Ils la reprirent avec joie.

Histoire du Saguenay depuis son origine jusqu’à 1870, p. 208.

BISTCHO
Bistcho pour pitchaw (c’est loin) Cris.

Bistcho est le nom d’un lac aux sources de la rivière Petitot, province d’Alberta.

BOUCTOUCHE
Bouctouche pour pogtoe (feu, le feu) Micmac.

Bouctouche est le nom d’une rivière et d’un village du Nouveau-Brunswick situé à l’ouest du détroit de Northumberland, renommé par ses huitrières et ses huîtres.

  1. Le R. P. Michael Jacobs, s. j. est iroquois.