Les mystères du château Roy/02/06

CHAPITRE
VI
ARRESTATION DE WALTER

Après avoir été poursuivie dans le parc Walter ne retourna pas à son hôtel, c’est ce qui explique l’impossibilité de l’appréhender lors de la perquisition qui fut faite dans sa chambre. À peine fut-il en ville qu’il fit la rencontre de Roland son ancien confrère d’étude qui insista pour l’amener passer la nuit chez lui. Il accepta aussitôt de passer la nuit chez Roland (Devenu le cousin de Thérèse) Il y passa aussi la journée du lendemain. Ne repartant que le soir pour retourner dans le parc du Château à l’endroit même où il avait fixé rendez-vous à Thérèse.

Il y a près de deux heures que Walter attend la venue de Thérèse qui ne vient pas. Il consulte sa montre bracelet. Onze heures moins un quart, elle ne viendra pas se dit-il à lui-même. Si je me rendais près du Château j’aurais peut-être l’occasion de pouvoir communiquer avec elle. Et mettant aussitôt son idée à exécution il partit dans la direction du Château où il était attendu sans le savoir.

Aux abords du Château, Walter marcha à pas feutrés pour ne pas dévoiler sa présence. Il vit plusieurs fenêtres illuminées et se dirigea vers l’une d’elle mais à peine eut-il fait quelques pas qu’il s’entendit interpeller. Halte là. Un pas de plus vous êtes mort ! Le jet de la lumière d’une lanterne électrique fut projeté sur lui, suivi immédiatement d’une seconde et en moins d’une minute il fut entouré de six hommes qui le regardaient comme une proie convoitée. On le conduisit aussitôt au Château après lui avoir passé les menottes aux poignets.

Durant au delà d’une demi-heure Walter dut subir un interrogatoire serré qui n’apporta pas au détective la satisfaction qu’il aurait désiré.

À bout de patience M. Philip voulut le malmener pour le forcer à avouer le crime dont on l’accusait, mais Jacques intervint.

— Nous ne sommes pas ici pour faire le procès d’un meurtrier, mais mettre en état d’arrestation un homme que les preuves accablent et je crois qu’il serait préférable de le conduire dans une cellule en attendant le jour où un juge rendra son verdict suivant les preuves qui lui seront présentées.

M. Philip dut se rendre à la volonté de son fils qu’il voyait persister dans son idée qu’il qualifiait de sottise.

— Puisque tu le désires, répondit son père, conduis-le toi-même au poste.

Jacques prit Walter par le bras et l’entraina hors du salon. Comme ils s’apprêtaient à sortir, Thérèse survint.

— Puis-je lui dire quelques mots demanda-t-elle à Jacques et sans attendre la réponse elle demanda à Walter.

— Est-ce toi qui a enlevé notre enfant et assassiné mon père ?

— Me crois-tu capable de faire des choses aussi atroces !

— Toutes les preuves sont contre toi.

— Je le vois bien mais je ne suis pour rien dans ces deux crimes et je ne comprends pas très bien comment il se fait que mon couteau de chasse soit ici.

— Comment vas-tu prouver ton innocence ?

— Je n’ai aucune idée.

— Tu vas certainement être condamné si tu es dans l’impossibilité de prouver ton innocence.

— Il faut espérer qu’on éclaircira assez tôt ce malentendu.

Walter sentit la main de Jacques qui l’attirait, il comprit que l’entretien était terminé.

— Permettez-moi demanda-t-il de lui donner un baiser une dernière fois, puisque c’est la dernière chose que je puisse désirer sur cette terre.

— Il est impossible de vous permettre ce baiser puisqu’elle ne vous appartient pas. Attendez le jour vous appartenant l’un et l’autre, il vous sera permis d’épancher honnêtement votre amour et ce jour viendra soyez-en assuré puisque je le promets pour vous deux. Et ouvrant la porte il entraîna Walter qui disparut bientôt emporté dans le cabriolet de Jacques.

M. Philip qui arriva au poste avant Jacques et Walter fut fort surpris d’apprendre qu’ils n’étaient pas encore rentrés. Car le voyage qui pouvait s’effectuer dans une demi-heure tout au plus leur prit une bonne heure. Et sa surprise fut au comble lorsqu’il vit entrer Walter les mains libres causant avec Jacques comme s’ils avaient été de vieux amis, parlant d’une excursion prochaine. Jacques conduisit Walter à sa cellule et recommanda au gardien qui refermait la porte.

Ayez bien soin de cet homme car il est aussi honnête que vous et moi.

— Pourquoi enfermez-vous les honnêtes gens fit entendre une voix derrière lui ?

Jacques se retourna et aperçut son père.

— C’est pour réchauffer la place pour deux que vous croyez innocent répondit-il en se retirant.

Un doute passa dans l’esprit de M. Philip. « Il doit surement voir quelque chose pour qu’il soit aussi obstiné ». Je chercherai dit-il en revenant chez lui. Et je verrai s’il a raison.

Depuis quinze jours Walter est enfermé aux quartiers généraux de la police attendant le jour de son procès. Mais pendant ce temps il n’éprouva pas cette impression d’emprisonnement, car les recommandations de Jacques au gardien lui avaient valu une cellule confortable. On lui servait des repas bien apprêtés. Et puis, il avait cet espoir certain que Jacques le sauverait

Dix heures viennent de sonner, l’obscurité se fit dans la chambre. Walter eut un cri de joie et se jeta sur son lit et il se dit en lui-même. « C’est demain le jugement qui par les preuves, suffisantes de Jacques, sera mon acquittement. La lune vient découper sur sa poitrine l’ombre d’une grille celle de la fenêtre qui éclairait sa chambre durant le jour. Mais ce dessin ne lui fit aucune impression, il ne ressentait pas comme tant de détenus le désir désespéré de l’enfoncer pour s’enfuir.

Il ferma enfin les yeux. Il revit dans son imagination celle que le jeune détective lui avait promise. Il la revit malgré les tracas des années passées sur sa figure qu’elle n’avait rien perdu de son charme d’autrefois, et comme cette douce image évoquée eut apaisé son ennui, comme si la main fine se fut posée sur son front pour en chasser le tumulte, il s’endormit d’un sommeil béni qui fit écouler avec plus de douceur, les heures qui le séparaient de sa libération promise.