Les mausolées français/Urquijo
URQUIJO.
n ne peut se défendre d’abord d’une sorte d’étonnement, en considérant au milieu des tombeaux la forme élégante de cette rotonde de marbre blanc, dont la coupole est légèrement soutenue par huit colonnes d’ordre dorique, et dont l’aspect gracieux rappelle plutôt l’idée d’un temple digne de figurer dans les bosquets d’Idalie, que celle d’un monument funéraire. Celui qui en conçut le plan sentit, sans doute, la nécessite d’en justifier l’idée ; et l’on ne peut qu’applaudir à l’heureuse pensée, exprimée en lettres d’or, sur une des faces du cénotaphe placé au milieu de cette colonnade :
Pensée d’autant plus heureuse, qu’elle renferme un hommage juste dû au mérite du chevalier d’Urquijo.
Du côté opposé est écrit :
Sur une autre face du cénotaphe est gravé aussi en lettres d’or :
La même inscription est répétée en langue espagnole sur la face opposée.
Ce beau monument a été exécuté dans les ateliers de MM. Boudin et Arrault.
Le chevalier d’Urquijo naquit en Espagne en 1768, dans la vieille Castille, et passa une partie de son jeune âge en Angleterre ou il fut élevé. Appelé au ministère dans sa patrie, en 1798, on lui dut de sages réformes ; ses efforts furent principalement dirigés contre l’Inquisition, qu’il parvint à abolir, et dont il employa les biens à des établissements utiles ; mais bientôt en butte à la haine et à la vengeance d’un parti puissant, toute l’estime que lui accordait son souverain ne put le sauver d’une disgrace : les portes des cachots s’ouvrirent pour lui, et l’exil fut la récompense de ses travaux.
Rappelé dans la suite par Charles IV, les événements de 1808 le placèrent, peu de temps après, sous l’autorité de Joseph Napoléon, devenu roi d’Espagne, et qui lui confia le timon des affaires. La chûte de ce nouveau maitre entraîna encore la sienne ; il se réfugia en France en 1814 ; et cet homme, doué des plus éminentes qualités, qui eût mérité de naitre dans des circonstances plus heureuses, est mort dans cette terre d’exil, entouré de ses nombreux compagnons d’infortune, dont il fut souvent encore le consolateur et le soutien.