Les mausolées français/Montmorency

THIBAUT DE MONTMORENCY.



Sous ce monument d’une structure simple et d’un aspect mélancolique, git un noble descendant du premier baron chrétien[1], digne héritier des vertus de ses illustres aïeux, preux chevalier, vaillant défenseur des lis, enlevé trop tôt à la société et à sa patrie.

Sur la façade de son tombeau est écrit en lettres d’or, sur un marbre noir :

A LA MEMOIRE
d’anne joseph thibaut,
comte de montmorency,
qu’une chute aussi imprévue
que déplorable
arracha subitement a sa famille
le 21 octobre 1818,
entre les bras d’une sœur, d’une mère,
d’une épouse éplorée.




son noble caractère
et les belles qualités de son cœur
seront toujours présents
au souvenir de ses parents
et de ses amis

Au-dessus de cette inscription on remarque les armes de la famille, en relief de bronze, avec cette antique devise : Dieu aide au premier baron chrétien.

Le comte Thibaut de Montmorency était né en France en 1780 ; et il était colonel de la 5e légion, lorsqu’il est succombé à l’age de trente-huit ans, à la suite du plus funeste accident[2].

Nous croyons ne pouvoir mieux le faire connaitre, qu’en empruntant les propres expressions de celui qui fut chargé de prononcer sur sa tombe son oraison funèbre.

« Quelle famille s’enorgueillit jamais d’un fils plus respectueux et d’un époux plus tendre ? Où l’indigence trouva-t-elle jamais une ame plus compatissante, et des secours plus prompts ? Fut-il un plus ferme appui de l’autel et du trône ? Qui mérite mieux que Thibaut de Montmorency d’avoir part aux titres et aux souvenirs glorieux que lui avait légués le premier baron chrétien ? » (Discours prononcé par le lieutenant-colonel de la douzième légion.)

  1. Montmorency, premier baron, fut conétable sous Louis-le-Jeune et mourut en 1160 ; cette famille, une des plus illustres de France, tire son nom de celui de la petite ville de Montmorency (département de Seine-et-Oise, ancienne île de France) ; c’est la première terre du royaume qui ait porte le titre de baronie, ce qui, dans ce temps, n’était accordé qu’aux princes.
  2. Le comte, entraîné dans sa voiture par des chevaux fougueux que rien ne put arrêter, chercha à s’élancer au dehors ; mais, retenu par un pan de son habit, il se fracassa la tête contre les roues, et survécut peu d’heures à cet événement.