Les mausolées français/Raucourt

Mademoiselle RAUCOURT.



Sur un simple piédestal en pierre, sans aucuns ornements, mais surmonté d’un buste en marbre dont l’exécution fait honneur à l’artiste[1], et qui nous rappelle parfaitement les traits de cette actrice célèbre à qui le Théâtre Française doit une partie de ses beaux jours, et qui, par sa beauté, son esprit, ses talents, mérita des hommages universels, on lit cette laconique épitaphe :

marie antoinette joseph
RAUCOURT
15 janvier 1815.


Un parterre soigneusement cultivé, émaillé des fleurs les plus rares et environne d’une grille légère, entoure ce modeste monument que l’amitié, sans doute, prend soin de décorer souvent de couronnes de roses et d’immortelles.




Mademoiselle Raucourt, actrice du Théâtre Français, débuta sur la scène en 1782. Ses succès furent brillants, et ses graces, son mérite réel et l’amabilité de son caractère, la firent rechercher par les personnages les plus distingués. Persécutée pendant la tourmente révolutionnaire à cause de ses opinions, elle perdit quelque temps sa liberté, qu’elle ne recouvra qu’en 1794. Elle s’occupa alors de rétablir le Théâtre Français, et parvint à former de ses débris une troupe assez bonne avec laquelle elle joua jusqu’en 1797. Mais bientôt le Directoire fit fermer la salle considérée alors comme le rendez-vous du parti royaliste. Un temps plus heureux venait de la rendre aux vœux de ses nombreux admirateurs, lorsqu’elle sortit de France et passa à Naples qu’elle n’a quitté qu’à la fin du règne du roi Murat. De retour à Paris, elle y est morte en 1815 ; et, sans la prudente intervention de l’autorité, on eut vu se renouveler à ses funérailles les scènes pénibles qui troublèrent plus d’un siècle auparavant celles de Molière.

Mademoiselle Raucourt est auteur d’un drame intitulé Henriette, qui a eu quelque succès.

  1. M. Flatters.