Les mausolées français/Boufflers

BOUFFLERS.



Près du tombeau de Delille, et dans le même jardin, un cippe surmonté d’un vase cinéraire, autour duquel serpentent le chèvre-feuille et le lierre, indique la tombe d’un autre poète, dont les productions, d’un genre moins sévère, attestent néanmoins le génie fécond, la verve sémillante et gracieuse, et dont le caractère aimable et enjoué est peint tout entier par ce mot tracé sur le vase, et qu’il semble adresser à ceux qui jouirent de son intimité.

mes amis, croyez que je dors.

Sur la colonne, décorée de ses armes et d’une guirlande de chêne et de laurier délicatement sculptée, on lit :

STANISLAS JEAN
CHEVALIER DE BOUFFLERS.
né a paris en 1738.
mort a paris en 1815.
l’honneur des chevaliers, la fleur des troubadours.
delille.




Le chevalier de Boufflers, de l’ancienne Académie française, prit dès sa jeunesse le parti des armes ; fit, en qualité de capitaine de hussards, la guerre de Sept-Ans, et assista à la sanglante bataille d’Amenebourg.

Il fut député aux états-généraux en 1789 ; et fit décréter en 1791 la propriété des découvertes et inventions en faveur de leurs auteurs.

Retiré en Prusse pendant les troubles de la révolution, il fut reçu de l’académie de Berlin, et trouva dans le roi Frédéric-Guillaume II un protecteur aussi généreux que délicat, auquel il dut des concessions considérables en Pologne, ayant pour but l’établissement d’une colonie en faveur des émigrés français. Rentré en France, il fut admis au nombre des membres de l’Institut, et mourut le 19 Janvier 1815, âgé de soixante-dix-huit ans. Passionné pour les belles-lettres, il s’était acquis, long-temps avant la révolution, une réputation brillante par ses œuvres fugitives ; et il est au rang de nos poëtes les plus aimables.