Les mausolées français/Barilli
Mme BARILLI.
e tombeau en marbre blanc, d’une petite dimension et peu décoré,
est élevé à la mémoire d’une cantatrice célèbre, qui joignit à la perfection
de son art la réunion des plus précieuses vertus. Sa voix flexible
et pure, l’excellence de sa méthode et le fini de son exécution lui
méritèrent les témoignages les plus flatteurs de l’admiration publique,
et le souvenir de ses rares talents doit être cher aux nombreux appréciateurs
de la musique italienne.
Au-dessous d’une lyre d’or, ornement caractéristique, on lit :
Madame Barilli, fille de Bondini, italien d’origine, et propriétaire d’un théâtre à Prague, qui fut entièrement consumé par les flammes, perdit son père à la suite de cet événement, dans le voyage qu’il entreprit avec sa famille pour retourner en Italie. Jeune encore, elle se livra à Bologne à l’étude de la musique vocale, et suivit les leçons du célèbre Sartorini. C’est à cette école, où s’était conservée la tradition de la bonne méthode de Farinelli, et plus encore à son goût naturel et à son génie, qu’elle dut cette supériorité de talent qui fit les beaux jours du Théâtre Italien, et lui fit obtenir des succès si brillants dans i Due Gemelli, la Griselda, i Nemici Generosi, la Destruzione di Gerusalemma, le Nozze di Figaro, Cosi fan tutti, et particulièrement la Donna di genio volubile, ou elle s’est surpassée elle-même.
Madame Barilli est morte à l’âge de 33 ans. Le nombreux concours de Français et d’étrangers de tout sexe et de tous rangs qui ont accompagné son convoi, a prouvé plus éloquemment qu’on ne pourrait l’exprimer combien elle avait été digne de l’estime générale, et combien elle méritait de regrets.