Les méthodes nouvelles de la mécanique céleste/Chap.22

CHAPITRE XXII.

INVARIANTS INTÉGRAUX.


Mouvement d’un fluide permanent.

233.Pour bien faire comprendre l’origine et la portée de la notion des invariants intégraux, je crois utile de commencer par l’étude d’un exemple particulier emprunté à une application physique.

Considérons un fluide quelconque, et soient les trois composantes de la vitesse de la molécule, qui, à l’instant a pour coordonnées

Nous regarderons comme des fonctions de et nous supposerons que ces fonctions sont données.

Si sont indépendants de et ne dépendent que de et on dit que le mouvement du fluide est permanent. Nous supposerons que cette condition est remplie.

La trajectoire d’une molécule quelconque du fluide est alors une courbe qui est définie par l’équation différentielle

(1)

Si l’on savait intégrer ces équations, on en tirerait

de sorte que et seraient exprimés en fonction du temps et de leurs valeurs initiales

Connaissant la position initiale d’une molécule, on en déduirait ainsi la position de cette même molécule au temps

Considérons des molécules fluides dont l’ensemble forme à l’origine des temps une certaine figure quand ces molécules se déplaceront, leur ensemble formera une nouvelle figure qui ira en se déformant d’une manière continue, et à l’instant l’ensemble des molécules envisagées formera une nouvelle figure

Nous supposerons que le mouvement du fluide est continu, c’est-à-dire que sont des fonctions continues de il existe alors entre les figures et certaines relations que la continuité rend évidentes.

Si la figure est une courbe ou une surface continue, la figure sera une courbe ou une surface continue.

Si la figure est un volume simplement connexe, la figure sera un volume simplement connexe.

Si la figure est une courbe ou une surface fermée, il en sera de même de la figure

Examinons en particulier le cas des liquides ; c’est celui où le fluide est incompressible, c’est-à-dire où le volume d’une masse fluide est invariable.

Supposons alors que la figure soit un volume, au bout du temps la masse fluide qui remplissait ce volume occupera un volume différent qui ne sera autre chose que la figure

Le volume de la masse fluide n’a pas dû changer ; donc et ont même volume : c’est ce que l’on peut écrire

(2)

la première intégrale est étendue au volume et l’autre au volume

Nous dirons alors que l’intégrale

est un invariant intégral.

On sait que la condition d’incompressibilité peut s’exprimer par l’équation

(3)

Les deux équations (2) et (3) sont donc équivalentes.

Revenons au cas des gaz, c’est-à-dire au cas où le volume d’une masse fluide est variable ; c’est alors la masse qui demeure invariable, de sorte que si l’on appelle la densité du gaz on aura

(4)

La première intégrale est étendue au volume la seconde au volume En d’autres termes, l’intégrale

est un invariant intégral.

Dans ce cas, le mouvement étant permanent, l’équation de continuité s’écrit

(5)

Les conditions (4) et (5) sont donc encore équivalentes.

234.Un second exemple nous est fourni par la théorie des tourbillons de Helmholtz.

Supposons que la figure soit une courbe fermée, il en sera de même de la figure

Supposons que le fluide, compressible ou non, soit à une température constante et ne soit soumis qu’à des forces admettant un potentiel ; il faut alors, pour que le mouvement reste permanent, que satisfassent à certaines conditions qu’il est inutile de développer ici.

Supposons-les remplies.

Cela posé, considérons l’intégrale

Elle aura, comme nous l’apprend le théorème de Helmholtz, même valeur le long de la courbe et le long de la courbe

En d’autres termes, cette intégrale est un invariant intégral.

Définition des invariants intégraux.

235.Dans les exemples que je viens de citer on est facilement conduit, par la nature même de la question, à la considération des invariants intégraux.

Mais il est clair que l’on peut employer ces invariants en en généralisant la définition dans des cas beaucoup plus étendus où l’on ne pourrait plus leur attribuer une signification physique aussi simple.

Considérons des équations différentielles de la forme

(1)

étant des fonctions données de

Si l’on savait les intégrer on en tirerait en fonction de et de leurs valeurs initiales

Si nous regardons comme représentant le temps et comme représentant les coordonnées d’un point mobile dans l’espace, les équations (1) définiront les lois du mouvement de ce point mobile.

Les mêmes équations une fois intégrées nous feraient connaître la position du point au temps connaissant sa position initiale dont les coordonnées sont

Si l’on considère des points mobiles suivant la même loi et dont l’ensemble forme à l’origine des temps une figure l’ensemble de ces mêmes points formera à l’instant une autre figure qui sera une ligne, une surface ou un volume suivant que la figure sera elle-même une ligne, une surface ou un volume.

Considérons alors une intégrale simple

(2)

sont des fonctions connues de et il peut arriver que si est une ligne, cette intégrale (2) étendue à tous les éléments de la ligne soit une constante indépendante du temps et soit égale par conséquent à la valeur de cette même intégrale étendue à tous les éléments de la ligne

Supposons maintenant que et soient des surfaces et envisageons l’intégrale double

(3)

sont des fonctions de et Il peut arriver que cette intégrale ait la même valeur, qu’on l’étende à tous les éléments de la surface ou à tous ceux de la surface

Imaginons maintenant que et soient des volumes et envisageons l’intégrale triple

(4)

étant une fonction de il peut arriver qu’elle ait même valeur pour et pour

Dans ces différents cas, nous dirons que les intégrales (2), (3) ou (4) sont des invariants intégraux.

Il arrivera quelquefois que l’intégrale simple (2) n’aura la même valeur pour les lignes et que si ces deux courbes sont fermées ; ou bien que l’intégrale double (3) n’aura la même valeur pour les surfaces et que si ces deux surfaces sont fermées.

Nous dirons alors que (2) est un invariant intégral par rapport aux courbes fermées et que (3) est un invariant intégral par rapport aux surfaces fermées.

236.La représentation géométrique dont nous avons fait usage ne joue évidemment aucun rôle essentiel ; nous pouvons la laisser de côté et rien n’empêchera plus d’étendre les définitions précédentes au cas où le nombre des variables est plus grand que trois. Considérons alors les équations

(1)

sont des fonctions données de si l’on savait les intégrer, on connaîtrait en fonctions de et de leurs valeurs initiales Nous pouvons, pour conserver le même langage, appeler point le système de valeurs et point le système de valeurs

Considérons un ensemble de points formant une variété et l’ensemble des points correspondants formant une autre variété [1].

Nous supposerons que et sont des variétés continues à dimensions

Considérons alors une intégrale d’ordre

(2)

est une fonction de et où est le produit de différentielles prises parmi les différentielles

Il peut se faire que cette intégrale ait même valeur pour les deux variétés et Nous dirons alors que c’est un invariant intégral.

Il peut arriver aussi que cette intégrale ait même valeur pour les deux variétés et mais seulement à la condition que ces deux variétés soient fermées. C’est alors un invariant intégral par rapport aux variétés fermées.

On peut encore imaginer d’autres espèces d’invariants intégraux. Supposons, par exemple, que et que et se réduisent à des lignes ; il peut arriver que l’intégrale

ait même valeur pour et et soit invariant intégral ; mais il peut arriver aussi que l’intégrale

où les et les sont comme les des fonctions de il peut arriver, dis-je, que cette intégrale ait même valeur pour et et il serait facile d’imaginer d’autres exemples analogues.

Le nombre s’appellera l’ordre de l’invariant intégral.

Relations entre les invariants et les intégrales.

237.Reprenons le système

(1)

Si l’on savait l’intégrer, on saurait former tous ses invariants intégraux.

Si en effet l’intégration était effectuée, on pourrait en mettre le résultat sous la forme

(2)

étant des constantes arbitraires, les et étant des fonctions données des

Changeons de variables en prenant pour variables nouvelles, au lieu des les et

Considérons alors un invariant intégral quelconque ; cet invariant devra contenir sous le signe qui sera répété fois si l’invariant est d’ordre il devra contenir, dis-je, une certaine expression, fonction des et de leurs différentielles Après le changement des variables, cette expression deviendra une fonction des de et de leurs différentielles et

Pour passer d’un point de la figure au point correspondant de la figure il faut, sans changer les changer en Donc, en passant d’un arc infiniment petit de à l’arc correspondant de les différentielles et ne changent pas (la quantité qu’on ajoute à est en effet la même pour les deux extrémités de l’arc) ; enfin, si l’on considère une figure infiniment petite d’un nombre quelconque de dimensions et la figure correspondante un produit d’un nombre (égal à celui des dimensions de et ) de différentielles ou ne changera pas non plus quand on passera d’une figure à l’autre.

En résumé, pour qu’une expression soit un invariant intégral, il faut et il suffit que n’y figure pas ; les les et peuvent y figurer d’une manière quelconque.

Considérons une expression de même forme que celle que nous avons envisagée dans le paragraphe précédent

(3)

cette expression représente une intégrale d’ordre est une fonction de est un produit de différentielles prises parmi les différentielles

Nous voulons savoir si c’est un invariant intégral ; faisant le changement de variables indiqué plus haut, l’expression (3) deviendra

est une fonction des et de est un produit de différentielles prises parmi les différentielles

Pour que l’expression (3) soit un invariant intégral, il faut et il suffit que tous les soient indépendants de et ne dépendent que des

Reprenons de même, comme dans le numéro précédent, l’expression

(4)

les et les étant des fonctions des

Après le changement de variables, cette expression deviendra

j’ai posé, pour plus de symétrie dans les notations,

Pour que l’expression (4) soit un invariant intégral, il faut et il suffit que tous les et les soient indépendants de et ne dépendent que de

Invariants relatifs.

238.Nous sommes conduits maintenant à chercher à former les invariants intégraux relatifs aux variétés fermées. Supposons d’abord et cherchons quelle est la condition pour que l’intégrale simple

(1)

soit un invariant intégral par rapport aux lignes fermées.

Faisons le changement de variables indiqué plus haut, notre intégrale deviendra

ce que je puis encore écrire, en reprenant la notation plus symétrique de la fin du numéro précédent,

(1 bis)

Cette intégrale simple, étendue à une variété fermée à une dimension, c’est-à-dire à une ligne fermée, peut être transformée par le théorème de Stokes en une intégrale double étendue à une variété non fermée à deux dimensions, c’est-à-dire à une surface non fermée ; on a

(2)

Mais l’intégrale du second membre de (2) doit être un invariant intégral absolu et non seulement par rapport aux variétés fermées.

Nous conclurons donc ceci :

Pour que (1) soit un invariant intégral par rapport aux lignes fermées, il faut et il suffit que les binômes

soient tous indépendants de

De même et plus généralement soit

(3)

une expression intégrale d’ordre de même forme d’ailleurs que celles qui ont été envisagées dans les numéros précédents ; nous voulons savoir si c’est un invariant intégral par rapport aux variétés fermées d’ordre

Nous supposons cette intégrale étendue à une variété fermée quelconque d’ordre un théorème analogue à celui de Stokes nous apprendra alors qu’elle peut être transformée en une intégrale d’ordre étendue à une variété quelconque, fermée ou non, d’ordre L’intégrale transformée s’écrit

(4)

On prend toujours le signe si est pair et alternativement le signe et le signe si est impair. [Je renverrai pour plus de détails à mon Mémoire sur les résidus des intégrales doubles (Acta Mathematica, tome viii), et à mon Mémoire du Cahier du Centenaire du Journal de l’École Polytechnique.]

La condition nécessaire et suffisante pour que (3) soit un invariant intégral d’ordre par rapport aux variétés fermées, c’est que (4) soit un invariant intégral absolu d’ordre

239.Reprenons l’expression (1) du numéro précédent et supposons que ce soit un invariant relatif, je veux dire un invariant intégral par rapport aux lignes fermées.

Amenons-la à la forme (1 bis) par notre changement de variables

Soit un point de

ses coordonnées (avec les nouvelles variables).

Soit le point correspondant de

ses coordonnées. Les seront des fonctions des et de mais je mettrai en évidence, en écrivant sous la forme

Nous aurons alors, si la ligne est fermée,

ce qui veut dire que l’expression

(3)

est une différentielle exacte que je pose égale à la fonction dépendra non seulement des et de mais encore de Pour elle doit se réduire à une constante.

Si nous supposons infiniment petit et que nous appelions la dérivée de par rapport à l’expression (3) se réduit à

L’expression

(4)

est alors une différentielle exacte que je pose égale à La fonction ainsi définie dépendra des et de mais ne dépendra plus de Je mettrai encore en évidence en écrivant il vient alors

étant une fonction arbitraire de

Or peut être regardé comme la dérivée par rapport à d’une autre fonction dépendant aussi des et l’on aura

Comme d’autre part doit se réduire à une constante pour nous conclurons finalement

désignant une fonction arbitraire de seulement que l’on pourrait d’ailleurs supposer nulle sans restreindre essentiellement la généralité.

On trouve alors

étant indépendant de de sorte que l’expression (1 bis) se réduit à

la première intégrale étant celle d’une différentielle exacte et la seconde étant un invariant intégral absolu.

240.Traitons de même un invariant relatif d’ordre supérieur au premier ; soit

cet invariant qui, après le changement de variables, deviendra

L’intégrale

(1)

devra être nulle quelle que soit la variété fermée d’ordre à laquelle on l’étende.

Elle devra donc satisfaire à certaines « conditions d’intégrabilité » analogues à celles qui expriment qu’une différentielle totale du premier ordre est une différentielle exacte.

Considérons maintenant une variété de dimensions, mais non fermée et limitée par une variété de dimensions qui lui servira de frontière.

L’intégrale (1), étendue à la variété ne sera pas nulle, mais si on la calcule pour d’autres variétés analogues etc., ayant même frontière , on trouvera la même valeur, c’est-à-dire que la valeur de l’intégrale (1) ne dépend que de la frontière

Elle est égale à une intégrale d’ordre p-1,

(2)

étendue à la variété et où désigne un produit quelconque de différentielles pendant que est une fonction des de et de

Cette intégrale (2) est évidemment une fonction de dépendant en outre de la variété Considérons sa dérivée par rapport à on aura

Cette dérivée, comme le montre sa dernière expression, ne change pas quand on y change en et quand, en même temps, on transforme (ou ) en y changeant partout en

On en conclut que est de la forme suivante

étant une fonction de

L’intégrale

(3)

est d’ordre mais on peut la transformer facilement en une intégrale d’ordre il suffit d’appliquer la transformation qui, dans le no 238, nous a permis de passer de l’intégrale (3) à l’intégrale (4), et qui est inverse de celle par laquelle, dans le présent numéro, nous avons passé de l’intégrale (1) à l’intégrale (2).

L’intégrale (3), étendue à la variété est donc égale à l’intégrale d’ordre

(4)

étendue à la variété

Nous dirons, par analogie avec la terminologie consacrée pour les intégrales simples, que l’intégrale (4) est une intégrale de différentielle exacte. Et en effet :

1o Elle est nulle pour toute variété fermée ;

2o Elle est réductible à une intégrale d’ordre moindre.

Cela posé, on aura

les intégrales sont étendues à la variété

Mais cette égalité peut encore s’écrire

et elle est vraie pour une variété quelconque.

Cela veut dire que

est un invariant intégral absolu.

Nous arrivons donc au résultat suivant :

Tout invariant intégral relatif est la somme d’une intégrale de différentielle exacte et d’un invariant intégral absolu.

241.Nous avons vu au no 238 comment, d’un invariant relatif d’ordre on pouvait déduire un invariant absolu d’ordre

Le même procédé est évidemment applicable aux invariants absolus, de sorte qu’on pourrait être tenté de l’appliquer de proche en proche et de construire successivement des invariants d’ordre

Mais on serait promptement arrêté dans cette voie.

Il y a un cas en effet où le procédé en question est illusoire, c’est celui où l’invariant que l’on veut transformer est une intégrale de différentielle exacte. L’invariant intégral auquel conduirait la transformation serait alors identiquement nul.

Si maintenant on transforme un invariant d’ordre on obtient un invariant d’ordre mais cet invariant est une intégrale de différentielle exacte, de sorte que si l’on veut le transformer de nouveau, on tombe sur un résultat identiquement nul.

Relation entre les invariants et l’équation aux variations.

242.Reprenons le système

(1)

Nous pouvons former les équations aux variations correspondantes telles qu’elles ont été définies au début du Chapitre IV.

Pour former ces équations, on change dans les équations (1) en et l’on néglige les carrés des on trouve ainsi le système d’équations linéaires

(2)

Il y a, entre les intégrales des équations (2) et les invariants intégraux des équations (1), un lien intime qu’il est aisé d’apercevoir.

Soit

une intégrale quelconque des équations (2). Ce sera une fonction homogène par rapport aux et dépendant d’ailleurs des d’une manière quelconque. Je pourrai toujours supposer que cette fonction est homogène de degré 1 par rapport aux car s’il n’en était pas ainsi, je n’aurais qu’à élever à une puissance convenable pour trouver une fonction homogène du degré 1.

Considérons maintenant l’expression

(3)

je dis que c’est un invariant intégral du système (1).

J’observe d’abord que la quantité sous le signe

est un infiniment petit du premier ordre, puisque sont des infiniment petits du premier ordre et que est homogène du premier ordre par rapport à ces quantités.

L’intégrale simple (3) est donc finie.

Cela posé, supposons d’abord que la figure se réduise à une ligne infiniment petite, dont les extrémités aient pour coordonnées

L’intégrale (3) se réduira à un seul élément et sera par conséquent égale à

Cette expression étant une intégrale des équations (2) demeurera constante et aura même valeur pour la ligne et pour la ligne

Si maintenant la ligne et par conséquent la ligne sont finies, nous décomposerons la ligne en parties infiniment petites. L’intégrale (3), étendue à l’une de ces parties infiniment petites de sera égale à l’intégrale (3), étendue à la partie infiniment petite correspondante de L’intégrale étendue à la ligne tout entière sera égale à l’intégrale étendue à la ligne tout entière.

Donc l’intégrale (3) est un invariant intégral. C. Q. F. D.

Réciproquement, supposons que (3) soit un invariant intégral du premier ordre, je dis que

sera une intégrale des équations (2).

En effet, l’intégrale (3) doit être la même pour la ligne et pour la ligne quelles que soient ces lignes, et en particulier, si se réduit à un élément infiniment petit dont les extrémités ont pour coordonnées

 et 

L’intégrale (3) se réduit alors, comme nous l’avons vu, à

(4)

Comme l’intégrale est un invariant, cette expression (4) doit être constante.

C’est donc une intégrale des équations (2). C. Q. F. D.

Ainsi, à chaque invariant intégral du premier ordre des équations (1) correspond une intégrale des équations (2) et réciproquement.

243.Voyons maintenant à quoi correspondent les invariants d’ordre supérieur au premier.

Considérons deux solutions particulières quelconques des équations (2) ; soient

(5)

ces deux solutions.

Il peut exister des fonctions

qui dépendent à la fois des des et des et qui, quelles que soient les deux solutions choisies, se réduisent à des constantes indépendantes du temps.

En d’autres termes, la fonction sera une intégrale du système

(6)

auquel satisfont les et les

Faisons une hypothèse plus particulière et supposons que soit de la forme

les étant fonctions des seulement.

Je dis alors que l’intégrale double

est un invariant intégral des équations (1).

Supposons, en effet, que la figure se réduise à un parallélogramme infiniment petit dont les sommets ont pour coordonnées les valeurs pour de

La figure sera aussi assimilable à un parallélogramme infiniment petit dont les sommets auront pour coordonnées les valeurs pour de

L’intégrale se réduira à un seul élément qui aura précisément pour valeur

et, comme cette expression est par hypothèse une intégrale du système (6), elle aura même valeur pour les deux figures et

Supposons maintenant que et soient deux surfaces finies ; décomposons en parallélogrammes infiniment petits à chacun desquels correspondra un parallélogramme élémentaire de La valeur de est donc la même pour chaque élément de et pour l’élément correspondant de elle est donc la même encore pour la surface entière et pour la surface entière.

L’intégrale est donc un invariant intégral. C. Q. F. D.

La réciproque se démontrerait comme au numéro précédent.

244.Le théorème est évidemment général et s’applique aux invariants d’ordre supérieur à deux. Énonçons-le encore pour ceux d’ordre trois. Considérons trois solutions particulières des équations (2), ces trois solutions devront satisfaire au système

(7)

Si le système (7) admet une intégrale de la forme

(8)

où les sont fonctions des l’intégrale triple

(9)

sera un invariant intégral des équations (1) et réciproquement.

Transformation des invariants.

245.Les invariants étant ainsi ramenés aux intégrales de l’équation aux variations, on trouve facilement un très grand nombre de procédés qui permettent de transformer ces invariants.

Si l’on connaît un certain nombre d’invariants intégraux des équations

(1)

on déduira de chacun d’eux une intégrale des équations aux variations

(2)

En combinant entre elles ces diverses intégrales, on obtiendra une nouvelle intégrale des équations (2), d’où l’on déduira un nouvel invariant des équations (1).

Commençons par étudier le cas des invariants de premier ordre.

Soient

un certain nombre d’intégrales des équations (1), ces intégrales seront des fonctions des seulement.

Soient maintenant

invariants intégraux du premier ordre de ces mêmes équations (1).

Les fonctions sous le signe

dépendront des et de leurs différentielles Elles pourront dépendre des d’une manière quelconque ; mais par rapport aux différentielles

elles devront être homogènes et du premier ordre.

Alors

seront des intégrales des équations (2) et seront homogènes et du premier ordre par rapport aux

Soit maintenant

une fonction des et des dépendant des d’une manière quelconque, mais homogène et du premier ordre par rapport aux

Alors

sera une nouvelle intégrale des équations (2) ; de plus ce sera une fonction homogène et du premier ordre par rapport aux

Il en résulte que

est un invariant intégral du premier ordre des équations (1).

On aurait pu arriver tout aussi facilement au même résultat en transformant les invariants par le changement des variables du no 237.

Par exemple

et

seront des invariants intégraux.

246.Le même calcul peut s’appliquer aux invariants d’ordre plus élevé.

Soient encore

intégrales des équations (1), et

invariants intégraux du second ordre. Les seront des fonctions des et des produits de différentielles

Elles seront homogènes et du premier ordre par rapport à ces produits.

Alors

seront des intégrales du système (6).

Si alors

est une fonction quelconque des et des homogène du premier ordre par rapport aux l’expression

sera une intégrale des équations (6) ; elle sera de plus homogène et du premier ordre par rapport aux déterminants

Il en résulte que l’intégrale double

sera un invariant intégral du second ordre des équations (1).

247.Nous avons ainsi le moyen, connaissant plusieurs invariants du même ordre, de les combiner de façon à obtenir d’autres invariants du même ordre.

Le même procédé permet, connaissant plusieurs invariants du même ordre, d’obtenir de nouveaux invariants d’ordre différent.

Soient, par exemple,

deux invariants intégraux du premier ordre ; je suppose, ce qui est le cas le plus général, que et sont des fonctions linéaires et homogènes des différentielles

Les expressions

seront homogènes et du premier ordre par rapport aux et ce seront des intégrales des équations (2).

De même

seront des intégrales des équations (6).

Il en résulte que

(10)

sera une intégrale du système (6).

Comme et sont linéaires par rapport aux on aura

Il en résulte que l’expression (10), qui d’ailleurs change de signe quand on permute les et les ne change pas quand on change en

Nous en conclurons que cette expression (10) est une fonction linéaire et homogène des déterminants

les coefficients dépendant des seulement, mais non des et des

De cette expression (10) on pourra donc déduire un invariant intégral du deuxième ordre des équations (1).

Soient maintenant

deux invariants intégraux des équations (1), le premier du premier ordre et le second du deuxième ordre. Je supposerai que et sont des fonctions linéaires et homogènes, la première par rapport aux différentielles la seconde par rapport aux produits produits

Les fonctions

seront des intégrales du système (6).

L’expression

(11)

sera une intégrale du système (7).

Il est aisé, d’autre part, de vérifier qu’elle sera linéaire et homogène par rapport aux déterminants

On pourra donc en déduire un invariant intégral du troisième ordre.

Soient maintenant

deux invariants de deuxième ordre des équations (1).

Nous en déduirons deux intégrales des équations (6), à savoir

ce que je pourrai écrire, pour abréger,

Alors l’expression

(12)

sera une intégrale du système obtenu en adjoignant aux équations (7) les équations

De plus, ce sera une fonction linéaire et homogène par rapport aux déterminants formés avec quatre des quantités et les quantités correspondantes.

Je continue, bien entendu, à supposer que et sont homogènes et linéaires par rapport aux produits

On pourra donc déduire de l’expression (12) un invariant intégral du quatrième ordre.

Il est à remarquer que cet invariant ne devient pas identiquement nul quand on suppose

L’expression (12), divisée par 2, se réduit alors à

D’un invariant du deuxième ordre on peut donc toujours en déduire un du quatrième ordre ; par le même procédé, on en obtiendrait un du sixième ordre ; et, plus généralement, on en obtiendrait un d’ordre ( étant un nombre pair quelconque).

248.Soit, en général,

deux invariants quelconques des équations (1), le premier d’ordre le second d’ordre

Je suppose que et soient des fonctions linéaires et homogènes, la première par rapport aux produits de différentielles la seconde par rapport aux produits de différentielles.

Soient

solutions des équations (2). Ces solutions satisferont au système d’équations différentielles

(13)

Soit alors ce que devient quand on y remplace chaque produit de différentielles par le déterminant correspondant formé à l’aide des solutions

Soit de même ce que devient quand on y remplace chaque produit de différentielles par le déterminant correspondant formé à l’aide des solutions

Alors le produit

sera une intégrale du système (13).

Cela posé, faisons subir aux lettres

une permutation quelconque. Le produit deviendra

et ce sera encore là une intégrale du système (13).

Nous affecterons ce produit du signe si la permutation considérée appartient au groupe alterné, c’est-à-dire si elle se ramène à un nombre pair de permutations entre deux lettres.

Nous affecterons, au contraire, le produit du signe si la permutation n’appartient pas au groupe alterné, c’est-à-dire si elle se ramène à un nombre impair de permutations entre deux lettres.

Dans tous les cas, l’expression

(14)

sera une intégrale du système (13).

Nous avons permutations possibles ; nous obtiendrons donc expressions analogues à (14). Mais il n’y en aura que

qui seront distinctes ; car l’expression (14) ne change pas quand on permute seulement entre elles les lettres qui entrent dans et entre elles, d’autre part, les lettres qui entrent dans

Faisons maintenant la somme de toutes les expressions (14). Nous aurons encore une intégrale de système (13). Mais cette intégrale sera linéaire et homogène par rapport aux déterminants d’ordre que l’on peut former avec les lettres

On pourra donc en déduire un invariant d’ordre des équations (1).

Si et que soit identique avec l’invariant ainsi obtenu sera identiquement nul si est impair ; mais il n’en sera plus de même si est pair ainsi que je l’ai expliqué à la fin du numéro précédent.

Autres relations entre les invariants et les intégrales.

249.Voyons maintenant comment, de la connaissance d’un certain nombre d’invariants, on peut déduire celle d’une ou plusieurs intégrales.

Je suppose d’abord que l’on connaisse deux invariants du ième ordre

et

et sont des fonctions des je dis que le rapport sera une intégrale des équations (1).

En effet, considérons les équations aux variations (2) et soient

solutions quelconques linéairement indépendantes de ces équations.

Ces solutions satisferont à un système d’équations différentielles, analogue aux systèmes (6) et (7), que j’appellerai le système

Soit le déterminant formé à l’aide des lettres Alors

 et 

seront des intégrales du système il en sera donc de même du rapport

et comme ce rapport ne dépend que des et pas des il devra être une intégrale des équations (1).

On peut démontrer le même résultat d’une autre manière.

Faisons le changement de variables du no 237. Nos deux invariants intégraux deviendront

et

désignant le jacobien ou déterminant fonctionnel des variables anciennes par rapport aux variables nouvelles

D’après le no 237, et ne doivent dépendre que de

{{SA|il en est donc de même du rapport et comme toute fonction des est une intégrale des équations (1), ce rapport est une intégrale des équations (1). C. Q. F. D.

250.On peut varier ce procédé de plusieurs manières.

Soient, par exemple,

invariants linéaires du premier ordre. Supposons que l’on ait identiquement

les dépendant seulement des et non des différentielles

Je dis que les si seront des intégrales des équations (1).

En effet, soit le coefficient de dans  ; on devra avoir

Faisons le changement de variables du no 237 ; nos invariants deviendront

Si d’ailleurs on pose

on devra avoir

Nous aurons là équations linéaires d’où nous pourrons tirer les pourvu que

Or, d’après le no 237, les ne dépendent que des et pas de il en est donc de même des ce qui veut dire que les sont des intégrales des équations (1).

251.Soit maintenant

une intégrale ; il est clair que

sera un invariant intégral du premier ordre.

On peut alors se poser la question suivante :

Considérons un invariant intégral du premier ordre

et supposons que la quantité sous le signe soit une différentielle exacte ; quelle relation y aura-t-il entre l’intégrale de cette différentielle exacte et les intégrales des équations (1) ?

Pour nous en rendre compte, faisons le changement de variables du no 237 ; notre invariant deviendra

Les et devront dépendre des mais pas de

Si cette expression est une différentielle exacte, la fonction devra donc être de la forme

et étant des intégrales de l’équation (1). On aura alors

Or on a, si l’on revient aux anciennes variables

Il résulte de là que

est une intégrale des équations (1). Si cette expression est nulle, on a

et est une intégrale des équations (1).

252.On pourrait multiplier les exemples de ce genre ; je n’en citerai plus qu’un seul.

Considérons un invariant du premier ordre de la forme

Soit le discriminant de la forme quadratique

Faisons le changement de variables du no 237, notre invariant deviendra

Soit le discriminant de la forme quadratique

Soit le jacobien ou déterminant fonctionnel des par rapport aux on aura

D’ailleurs sera manifestement (comme les et les ), une intégrale des équations (1).

Soit, maintenant, un invariant du ième ordre

Après le changement de variables du no 237, il deviendra

et devra être une intégrale des équations (1).

J’en conclus que

c’est-à-dire

doit être une intégrale des équations (1).

Changements de variables.

253.Quand on change d’une manière quelconque les variables sans toucher à la variable qui représente le temps, on n’a qu’à appliquer aux invariants intégraux les règles ordinaires du changement de variables dans les intégrales définies simples ou multiples. C’est ce que nous avons déjà fait plusieurs fois.

Mais quand on change la variable la difficulté est plus grande. Il aurait même semblé a priori que cette transformation ne dût conduire à aucun résultat.

Et en effet : considérons le système

(1)

Introduisons une nouvelle variable définie par la relation

étant une fonction donnée de

Le système (1) deviendra

(2)

Supposons que les valeurs initiales représentent les coordonnées d’un certain point de l’espace à dimensions.

Si le mouvement de ce point est défini par les équations (1), représentant le temps, ce point sera, à l’époque venu en

Si le mouvement est au contraire défini par les équations (2), représentant le temps, le point sera, à l’époque venu en

Considérons maintenant une figure occupée à l’instant zéro par différents points

Si le mouvement et la déformation de cette figure sont définis par les équations (1), elle sera, à l’époque devenue une figure nouvelle

Si le mouvement est défini par les équations (2), la figure sera, à l’époque devenue une figure nouvelle différente de

Et non seulement sera différente de mais elle ne coïncidera pas non plus, en général, avec une des positions occupées par à une époque différente de l’époque

Il semble donc que l’on ait profondément altéré les données du problème et l’on ne doit pas s’attendre à ce que des invariants de (1) on puisse déduire ceux de (2).

C’est cependant ce qui arrive pour les invariants d’ordre

Faisons le changement de variables du no 237 ; le système (1) deviendra

(1 bis)

et le système (2)

(2 bis)

doit alors être supposé exprimé en fonctions des et de

Posons alors

l’intégration se faisant par rapport à (les étant regardés comme des constantes), et à partir d’une origine quelconque pouvant dépendre des

Le système (2) deviendra

(2 ter)

et aura même forme que (1 bis).

Soit alors

un invariant d’ordre des équations (1) ; par le changement de variables du no 237, il deviendra

étant le jacobien des par rapport aux et à devra être une fonction des

Alors

sera un invariant des équations (2 ter) ;

sera un invariant des équations (2 bis), et enfin

sera un invariant des équations (2).

Remarques diverses.

253 bis. Considérons un système d’équations différentielles

(1)

et leurs équations aux variations

(2)

Supposons que les équations (1) admettent un invariant intégral du premier ordre

l’expression sera une intégrale des équations (2).

D’autre part, ces équations (2) admettront pour solution

étant une constante infiniment petite quelconque.

En effet, soit

une solution quelconque des équations (1) ; si est une constante très petite,

sera encore une solution des équations (1), et

sera une solution des équations (2).

Il résulte de là que

doit être une constante.

Donc est une intégrale des équations (1).

Supposons maintenant que les équations (1) admettent un invariant intégral du second ordre

Alors

sera une intégrale des équations (2) et des équations (2 bis) que l’on en déduit en changeant les en

Faisons-y

étant une constante. Cela est permis, car est une solution de (2 bis).

Alors

sera une intégrale de (2) ; ce qui montre que

est un invariant intégral du premier ordre des équations (1).

Ce procédé permet donc de trouver un invariant d’ordre quand on en connaît un d’ordre le procédé peut quelquefois être illusoire parce que l’invariant ainsi trouvé peut être identiquement nul.

Envisageons maintenant un invariant de la forme suivante

et sont des fonctions des nous rencontrerons dans la suite des invariants de cette forme.

Alors

sera une intégrale des équations (2) ; il en résulte que

doit être une constante.

Soit, pour abréger.

l’expression

doit être une constante, ce qui entraîne la condition

ou bien

(3)

Les les les sont des fonctions ds Il en est donc de même de

L’identité (3) ne peut donc avoir lieu que si l’on a identiquement

et

La première de ces relations nous apprend que est une intégrale des équations (1).

253 ter.Soit

une intégrale des équations (2) ; la fonction doit être une forme, c’est-à-dire un polynôme entier et homogène par rapport aux dont les coefficients dépendent d’ailleurs des d’une façon quelconque.

Soit le degré de ce polynôme. L’expression

(où n’est autre chose que où les ont été remplacés par les différentielles ), cette expression, dis-je, sera un invariant intégral des équations (1).

Cela posé, soit un invariant quelconque de la forme

Faisons le changement de variables du no 237, les équations (1) deviendront

(1 bis)

et, si l’on désigne par et les variations de et les équations aux variations de (I bis) se réduiront à

Avec ces nouvelles variables, deviendra une forme entière, homogène et de degré par rapport aux et à les coefficients peuvent être des fonctions quelconques des mais d’après le théorème du no 237, puisque nous avons affaire à un invariant intégral, ces coefficients ne peuvent pas dépendre de

Les sont des fonctions des et de et l’on en déduit entre les variations les relations suivantes

(4)

Les sont donc des fonctions linéaires des et de et le déterminant de ces équations linéaires (4) n’est autre chose que le jacobien des par rapport à et à jacobien que j’appelle

On passe ainsi de la forme à la forme par la substitution linéaire (4) dont le déterminant est

Soit l’invariant de qui correspond à l’invariant de on aura

étant le degré de l’invariant.

Mais est une fonction des coefficients de et, par conséquent, une fonction des indépendante de c’est donc une intégrale des équations (1).

Soit le dernier multiplicateur des équations (1) de telle façon que l’on ait

et que

soit un invariant intégral d’ordre

Nous avons vu au no 252 que sera une intégrale des équations (1). Donc

sera une intégrale des équations (1). À chaque invariant de la forme correspond donc une intégrale de ces équations.

Soit maintenant un covariant de la forme de degré par rapport aux coefficients de et par rapport aux variables

Si est le covariant correspondant de on aura

Les coefficients de sont des fonctions des coefficients de ils sont donc indépendants de il en est de même de ceux de

Donc est une intégrale des équations (2) ; donc

n’est autre chose que où les ont été remplacés par est un invariant intégral des équations (1).

Voilà donc un moyen de former un grand nombre d’invariants intégraux ; le cas particulier où est nul (c’est-à-dire le cas des invariants ou covariants dits absolus) mérite d’attirer l’attention ; si par exemple, est un covariant absolu de

sera un invariant intégral des équations (1). On peut donc former un nouvel invariant intégral sans connaître le dernier multiplicateur

Le même procédé s’applique aux invariants intégraux d’ordre supérieur. Soit, par exemple, un invariant intégral du second ordre

À cet invariant intégral se rattache la forme bilinéaire

qui est une intégrale des équations (2) et (2 bis).

Tout invariant ou covariant de cette forme, multiplié par une puissance convenable de sera une intégrale des équations (2), (2 bis) et donnera, par conséquent, naissance à un nouvel invariant intégral.

De même, si l’on a un système d’invariants intégraux, on en déduira un système de formes analogues à et qui seront des intégrales des équations (2), (2 bis). À tout invariant de ce système de formes correspondra une intégrale des équations (1) ; à tout covariant de ce système de formes correspondra un invariant intégral des équations (1).

Soient, par exemple, et deux formes quadratiques par rapport aux et ce qu’elles deviennent quand on y remplace les par les différentielles Supposons que et soient des intégrales de (2) et que, par conséquent,

soient des invariants intégraux de (1).

Considérons la forme

est une indéterminée. En écrivant que le discriminant de cette forme est nul, nous obtiendrons une équation algébrique de degré en dont les racines seront évidemment des invariants absolus du système de formes Ce seront donc des intégrales des équations (1).

Mais ce n’est pas tout ; soient ces racines, et pourront se mettre sous la forme

étant des formes linéaires que l’on peut déterminer par des opérations purement algébriques.

peuvent être regardés comme des covariants de degré zéro du système de sorte que

sont des invariants intégraux des équations (1), si l’on désigne par ce que devient quand on y remplace les par les différentielles

Il y aurait exception pourtant si l’équation en avait des racines multiples. Si, par exemple, était égal à on ne pourrait plus affirmer que

sont des invariants intégraux, mais seulement que

est un invariant intégral.

Soient maintenant

deux invariants intégraux du second ordre. Les deux formes bilinéaires

seront des intégrales de (2) et (2 bis).

Le cas le plus intéressant est celui où est pair ; soit donc

Considérons la forme

et égalons son déterminant à 0. Nous aurons une équation algébrique en de degré mais le premier membre de cette équation est un carré parfait, de sorte qu’elle se réduit à une équation d’ordre Les racines

seront, pour la même raison que plus haut, des intégrales des équations (1).

Maintenant et pourront se mettre sous la forme

les et les étant polynômes linéaires par rapport aux et les et les étant les mêmes polynômes où les ont été remplacés par les

Alors les expressions

seront des covariants du système et par conséquent des intégrales de (2), (2 bis) auxquelles correspondront des invariants intégraux.

Il y aurait exception si l’équation en avait des racines multiples.

Si l’on avait, par exemple,

on ne pourrait plus affirmer que les deux expressions

sont des intégrales de (2), (2 bis) mais seulement que leur somme

est une intégrale de (2), (2 bis).

Séparateur

  1. Le mot variété est maintenant assez usité pour que je n’aie pas cru nécessaire d’en rappeler la définition. On appelle ainsi tout ensemble continu de points (ou de système de valeurs) : c’est ainsi que dans l’espace à trois dimensions, une surface quelconque est une variété à deux dimensions et une ligne quelconque, une variété à une dimension.