Les invisibles de Paris (Aimard)/IV/XVI

Roy et Geffroy (p. 736-745).
◄  XV
XVII  ►

XVI

LE PRISONNIER

Revenons maintenant à Passe-Partout.

Nous l’avons laissé dans la grotte de la maison de Belleville, faisant bravement face aux argousins de M. Jules, et soutenant, pour assurer la retraite des siens, une lutte dont ceux-ci, dont ses adversaires eux-mêmes ne pouvaient soupçonner tout l’héroïsme.

Ainsi que nous l’avons raconté en terminant la troisième partie de cet ouvrage, les hommes de la police avaient commencé par avoir le dessous.

Furieux de la résistance qui leur était opposée, stupéfaits de voir disparaître leurs ennemis sans qu’il leur fût possible de deviner comment s’opérait cette retraite incroyable, exaspérés surtout d’avoir été si rudement battus, dès le principe, ils avaient, sur l’ordre de leur chef, tenté un dernier effort pour découvrir l’issue secrète de la grotte.

Deux Invisibles y restaient encore.

Les autres avaient regagné le souterrain.

Ces deux hommes, qui soutenaient si bravement la retraite des leurs, étaient la Cigale et Passe-Partout.

La Cigale, impassible et tranquille comme s’il se fût trouvé par un temps d’orage dans le gréement de son navire, attendait que son capitaine fût passé de la grotte dans le souterrain.

D’une main, il brandissait une hache qui lançait de fulgurants éclairs au visage de ceux de ses ennemis assez hardis pour l’approcher.


Au bout de quelques minutes elle revint avec du café.

Et malheur à celui qui arrivait à portée de son tranchant meurtrier !

De l’autre, il comptait pousser le ressort destiné à faire retomber la pierre qui séparait le souterrain de la grotte.

Et il se tenait là, immobile comme une cariatide, cette main posée sur le ressort.

Passe-Partout se battait comme un lion aux abois.

Mais le nombre de ses ennemis crut dans des proportions telles que bientôt toute la partie supérieure de la grotte se trouva envahie par eux.

La situation du capitaine était critique.

Dure alternative !

Il lui fallait ou fuir, ou se faire tuer.

Fuir, il ne le pouvait, quelle que fût la promptitude de son mouvement de retraite, sans que l’entrée du souterrain ne se trouvât dévoilée aux séides de M. Jules.

La Cigale ne pouvait faire retomber la pierre assez à temps, et ses compagnons étaient découverts, perdus.

L’héroïque chef n’hésita pas.

— Sauvons-les d’abord, se dit-il. Nous verrons ensuite à nous en tirer nous-même, tout seul.

Il bondit en avant, frappa trois ou quatre coups d’un large couteau de chasse qu’il tenait au poing, et forçant les plus braves parmi ses adversaires à reculer devant cette attaque inattendue, il se replia rapidement sur le colosse, qui attendait, ne distinguant rien, tant il y avait de fumée dans le souterrain.

— Ferme, la Cigale ! lui cria Passe-Partout.

Le matelot de Passe-Partout, convaincu que son capitaine était hors de tout danger, le croyant auprès de ses camarades, avait obéi aussitôt.

Le ressort lâché, la pierre tourna sur elle-même. Elle rentra dans son alvéole avec une précision mathématique.

Et tout fut dit.

Les Invisibles étaient à l’abri de toutes recherches immédiates.

Pour les découvrir, il eût fallu démolir la grotte pierre à pierre, rocher à rocher.

Le comte de Warrens, Passe-Partout poussa un cri de joie.

Ses compagnons étaient sauvés.

Grâce à son habile manœuvre, aucun des combattants du parti opposé n’avait pu apercevoir l’entrée de l’issue qu’il désirait si ardemment cacher à tous les yeux.

Les siens étaient sains et saufs.

Mais lui !

Il croyait à son étoile.

— Je m’en tirerai ! se dit-il… À la grâce de Dieu !

Et il se rua tête baissée au plus épais du groupe formé par ses adversaires.

Alors il se passa un fait indescriptible.

Ce fut un spectacle incroyable, inouï.

Lutte insensée d’un seul homme contre vingt-cinq, contre trente peut-être !

Combat acharné, sans cris, terrible !

Parfois on entendait la chute d’un corps, le soupir d’un blessé, le râle d’un mourant, le sourd piétinement d’une foule haletante se débattant avec frénésie dans l’obscurité.

Le couteau du comte de Warrens avait fait une sanglante besogne.

Les agents de M. Jules et les serviteurs de la comtesse de Casa-Real, qui avaient fini par se joindre à eux, avaient reçu l’ordre de le prendre vivant.

C’est ce qui expliquait comment il avait pu soutenir aussi longtemps une lutte de cette taille.

Tout à coup, aux cris de douleur, aux hurlements de rage, succéda un long cri de triomphe.

Bondissant, frappant à droite, se défendant à gauche, allant et venant à travers cette foule qui, ayant perdu de vue et de mémoire l’idée de l’épargner pour le vendre chèrement à la comtesse ou à M. Jules, ou pour lui faire payer une riche rançon, en était venue à se servir de ses armes comme si elle avait eu affaire à une nuée d’ennemis, le comte de Warrens avait trébuché sur un cadavre !

Son arme s’était brisée dans sa chute.

À cette vue, ses ennemis s’étaient précipités sur lui comme un essaim de frelons.

Il s’était vu littéralement enseveli sous eux.

La fatigue du combat, l’émotion bien naturelle de sa chute, la pensée que c’en était fait de ses rêves de fraternité, de gloire et d’amour, tout cela lui causa une réaction tellement forte qu’il s’évanouit en touchant le sol.

Quand on parvint à déblayer le monceau d’hommes, blessés, mourants, ou mis hors d’eux-mêmes par cette lutte ardente, le comte était encore sans connaissance.

Sauf quelques piqûres et quelques estafilades sans importance, il était miraculeusement sorti de la bagarre.

Il était prisonnier de guerre.

Que se passa-t-il après sa chute ?

Combien de temps demeura-t-il ainsi sans connaissance ?

Le comte de Warrens ignora toujours ces détails.

Quand il rouvrit les yeux, un rayon de soleil qui vint le frapper en plein visage, comme une flèche d’or et de feu, l’obligea à les refermer.

Tout d’abord, ne se souvenant de rien, il laissa errer un regard languissant autour de lui, un regard qui cherchait les objets familiers à son réveil.

Il ne reconnut rien, ni chambre, ni meubles.

Il voulut se lever.

Son premier mouvement lui causa une brusque et subite souffrance.

Alors, il tressaillit.

La mémoire, la conscience des faits qui s’étaient passés avant sa chute lui revenait.

Grâce à un effort énergique, il parvint à sauter à bas de son lit, où il gisait étendu, complètement vêtu.

Cela fait, il se mit en devoir d’examiner l’endroit dans lequel il se trouvait.

C’était une cellule, assez étroite, aux murs blanchis à la chaux, éclairée par une fenêtre à double grillage.

Un lit en fer, une table en bois blanc, une chaise et une table de nuit en composaient tout l’ameublement.

Sur la table, il y avait la montre du comte.

Cette montre allait et marquait onze heures.

Deux ou trois livres, du papier, des plumes, un encrier, une carafe pleine d’eau avaient été placés près de la montre.

Une cuvette, un verre et quelques menus objets de toilette se trouvaient sur la table de nuit, près d’un chandelier de cuivre garni de sa bougie.

La porte de cette cellule était en chêne massif et garnie de fer.

Un guichet mobile, placé au beau milieu de cette porte, semblait être l’œil soupçonneux de ce morne visage.

C’était tout.

Le logement paraissait sombre et brutal, comme le fait qui l’y avait amené.

— Je suis prisonnier, se dit Passe-Partout, mais dans quelle prison me trouvé-je ? À la Conciergerie ? ou bien… baste ! nous verrons plus tard.

Il mit machinalement les mains dans ses poches.

On ne l’avait pas fouillé.

— Voilà qui est étrange ! pensa-t-il.

Alors, selon l’habitude invariable des prisonniers, bêtes féroces ou hommes civilisés, il commença à se promener de long en large dans sa cellule.

— Je ne suis pas entre les mains de l’ex-chef de la police de sûreté. Il m’aurait fait fouiller, dévaliser, sous prétexte de mesure de simple police. On en aurait fait autant dans une prison de l’État.

« Entre les mains de qui suis-je tombé ?

« Hermosa !… serait-ce elle ?

« Où voudrait-elle en venir ?

« Me garder prisonnier, en charte privée ! séparé du monde ! séquestré !

« C’est jouer gros jeu.

« Non, je me trompe… ce n’est pas cela.

Et Passe-Partout, qui avait déjà assez de sa promenade de long en large, jugea à propos de varier cet exercice peu récréatif, en se promenant de large en long.

Il réfléchissait.

— On viendra. J’interrogerai le guichetier. Il faudra bien que j’en tire une réponse quelconque, n’importe par quel moyen.

Mais le guichetier ne venait pas.

La journée s’écoula ainsi tout entière.

Rien ne vint troubler la solitude du comte de Warrens.

Cet abandon ne le surprit pas. Il s’y attendait.

Il se trouva même heureux jusqu’à un certain point de cette profonde solitude.

Avec la réflexion, le calme venait de rentrer dans son esprit.

Il était redevenu maître de lui-même, et préparé à tout événement qui pourrait surgir sans qu’il s’y attendît.

Avant de tenter son expédition de Belleville, en homme bien avisé et qui possède l’habitude de ces choses-là, M. de Warrens avait pris soin de se débarrasser des objets et des papiers compromettants qu’il portait ordinairement sur lui, et de les mettre en lieu sûr.

En supposant, ce qui était probable, que pendant son sommeil, on eût visité ses habits, rien n’avait pu être trouvé sur lui qui eût pu mettre sur les traces de son identité.

Son linge, assez commun, n’était pas marqué.

Le vieux portefeuille qu’il portait dans la poche de sa veste ne renfermait, que deux ou trois notes insignifiantes, quelques factures acquittées et des lettres au nom de Rifflard, ouvrier cambreur.

Il y avait aussi plusieurs quittances d’une chambre d’hôtel garni.

Avant de faire irruption dans le parc de la petite maison de Belleville, les compagnons de la Lune avaient quitté leurs costumes et s’étaient remis en bourgeois.

Le comte n’avait rien, ou du moins il ne croyait rien avoir à redouter pour ce qui concernait le secret de la Société des Invisibles.

D’autre part, il connaissait trop bien ses associés, ses affidés, ses subordonnés, pour douter une minute de leur dévouement.

Il avait la certitude que l’association tout entière, y compris le ban et l’arrière-ban des Invisibles, se soulèverait pour lui venir en aide.

Il était tranquille.

De quoi s’agissait-il donc pour lui ?

Tout simplement de se tenir sur ses gardes, de jouer serré et détacher de voir dans le jeu de ses adversaires, tout en poitrinant son propre jeu.

Ce n’était pas une bien grosse affaire pour le comte de Warrens, habitué qu’il était de longue date à lutter de ruse et d’adresse avec les plus fins limiers de la police.

Vers cinq heures du soir, un bruit de pas se fit entendre.

— Enfin ! murmura le comte.

Les pas s’arrêtèrent devant sa porte, des verrous furent tirés, une clef tourna dans la serrure, et sa porte s’ouvrit.

Le comte s’était assis, dans la pose la plus indifférente qu’il put trouver.

Par la porte entr’ouverte il aperçut les shakos bordés des gardes municipaux.

Il entendit le bruit des crosses de fusil tombant sur le sol.

Cela lui donna à réfléchir.

Il était sur le point de revenir sur sa première pensée.

On ne lui laissa pas le temps de recommencer ses pérégrinations dans le champ des repentirs ou dans le pré des espérances.

Un homme entra, portant plusieurs gamelles en fer-blanc maintenues par une courroie.

Outre cela, il apportait des assiettes, du pain, une bouteille de vin et un couvert.

C’était un homme d’âge moyen, à la figure douce et craintive ; ses manières embarrassées décelaient une grande ignorance de la vie des prisons.

Passe-Partout ne laissa pas échapper cette nuance.

Le geôlier alla droit à la table.

Après avoir silencieusement empilé les livres qui s’y trouvaient épars, et après avoir reculé le papier et l’écritoire dans le coin de la table où il venait de placer les livres, il mit le couvert du prisonnier.

Celui-ci l’examinait à la dérobée.

Voyant qu’il ne se déciderait pas à lui adresser la parole sans y être poussé, Passe-Partout tenant à profiter de cette timidité anormale, lui dit brusquement :

— Hé ! l’ami ?

L’autre se retourna.

— Quoi ? répondit-il.

— Votre nom ?

— Pourquoi faire ?

Il était évident qu’il ne tenait pas à le dire.

Le comte n’insista pas.

— Qui êtes-vous ? Pouvez-vous me dire cela, au moins ?

— Qui je suis ?

— Oui.

— Vous le voyez bien.

— Ma foi, non, fit Passe-Partout en riant de la mine de son interlocuteur.

— Je suis…

Le malheureux cherchait si sa réponse n’allait pas le compromettre.

C’était clair comme le jour.

— Eh bien ! vous êtes ?

— Le porte-clefs de la prison.

— Ah ! répliqua le prisonnier d’un ton moqueur.

— Oui.

— De quelle prison, s’il vous plaît ?

— Ça ne vous regarde pas.

— Merci.

Le porte-clefs se dirigea vers la porte.

— Un moment encore ! que diable ! lui cria le comte de Warrens ; avez-vous donc peur de moi ?

Le porte-clefs tira un revolver de sa poche et le lui montra d’un air expressif :

— Non.

— À la bonne heure, repartit le prisonnier, voilà qui parle de soi-même. Où suis-je ? pouvez-vous du moins répondre à cette question ?

— Oui.

— Où suis-je, dites ?

— Au secret.

— Bon. Je m’en doutais.

— Alors…

— Non… pas encore ; attendez, mon brave, et Passe-Partout lui jeta la moitié du contenu de sa bourse qu’on avait négligé de lui enlèvera son entrée dans cette singulière prison, ce qui, par parenthèse, est généralement un tort.

Le porte-clefs ramassa l’or et l’argent.

Puis il les remit gravement sur la table, en secouant la tête en signe de refus.

— De plus fort en plus fort, dit Passe-Partout gaiement ; un porte-clefs qui méprise les clefs d’or… Enfin, mon ami, si je suis au secret, on va m’interroger un de ces jours ?

— C’est probable.

— Bientôt ?

— Possible !

— Vous ne le savez pas ?

— Non.

— Puis-je voir le directeur, le gouverneur de la prison ?

Passe-Partout employa ironiquement le mot gouverneur, quoique ce mot ne soit plus d’usage dans les prisons françaises.

Mais sa position lui semblait tellement peu xixe siècle, elle le ramenait tant à l’époque du For-l’Évêque et de la Bastille, que cette expression lui parut appropriée à la circonstance.

Le porte-clefs lui répondit aussi négativement à cette question qu’aux précédentes.

— Si je lui écris, lui remettrez-vous ma lettre ?

— Je ne sais pas.

— Ah ! j’aimerais mieux un non comme ceux que vous m’avez répondus avec tant de résolution.

— Eh bien ! non !

Passe-Partout regarda le porte-clefs.

Le pauvre diable baissa honteusement la tête.

Il reprit en détournant les yeux de son prisonnier :

— Votre couvert est mis.

— Merci.

— Votre dîner refroidira.

— Cela m’est égal.

— Avez-vous encore besoin de quelque chose ?

— De rien.

— Alors, bonsoir.

— Bonsoir… N’allez-vous pas revenir ?

— Pas avant demain.

— Bien. Allez, mon ami.

— Voilà votre bougie allumée. Adieu.

— Adieu !

Le porte-clefs sortit.

Il ferma la porte et la verrouilla en dehors.

Demeuré seul, Passe-Partout se mit à table.

Les mets servis devant lui étaient simples, mais accommodés avec soin. Il avait faim. Il mangea.

Tout en satisfaisant aux besoins de sa misérable guenille, il pensait à ce porte-clefs hors nature. Il réfléchissait.

Un soupçon avait traversé son esprit durant sa conversation avec le guichetier. Soupçon vague, sans consistance déterminée, mais qui peu à peu grandissait, grandissait, et finit par devenir une quasi certitude.

Évidemment, le porte-clefs qu’on lui avait expédié éprouvait une gêne secrète en sa présence.

Il y avait dans sa façon d’agir un parti pris de rudesse et de mutisme qui jurait avec la douceur de sa physionomie.

On avait fait la leçon à cet homme.

Au compte de Passe-Partout, le pauvre guichetier était un malheureux acteur de troisième classe, récitant péniblement un rôle étudié à la hâte et mal su.

Ce papier, ces plumes et cette encre, toutes choses dont on prive les prisonniers mis au secret ; ses poches qui n’avaient pas été vidées ; jusqu’au repas, qui ne ressemblait en rien à l’ordinaire des prisons ; tout cela faisait germer et naître dans son cerveau une foule d’idées singulières.

À jeun depuis longtemps, il venait de faire prestement disparaître le repas qu’on lui avait servi.

Il se sentait la tête alourdie.

Il s’étendit sur le lit de fer, ayant soin de placer sa bougie sur la table de nuit.

Il prit un livre au hasard et l’ouvrit.

Ce livre, touchante attention de la part des hôtes de ces lieux, était l’œuvre de Silvio Pellico, intitulée : Miei Prigioni (Mes Prisons).

Passe-Partout ne fit qu’en rire.

Il eût pourtant dû avoir plus de considération pour un chef-d’œuvre qui, malgré les beautés y contenues, ne manqua point de l’endormir au bout d’une dizaine de pages.

Disons, pour la défense du chef des Invisibles, que les fatigues écrasantes par lesquelles il avait passé tous les temps derniers, sa courte maladie, l’avaient singulièrement affaibli.

Ses yeux se fermaient malgré tous ses efforts pour resté éveillé.

Enfin le livre s’échappa de sa main. Sa tête retomba sur l’oreiller.

Sans même avoir le temps de souffler sa bougie, il s’endormit d’un profond sommeil.

Le lendemain, le soleil se chargea de nouveau du rôle de réveille-matin.

Le même rayon le mit sur pied.

Tout était dans le même état que la veille.

Il se leva et s’habilla en toute hâte.

Pourquoi ?

Sans raison, instinctivement, comme s’il eût prévu que quelque chose de grave allait lui arriver.

Il saisit sa montre, et sur le point d’y jeter les yeux, il se souvint que la veille, dans son besoin pressant de repos et de sommeil, il avait oublié de la remonter.

Ce fut un ennui.

On ne s’imagine pas comme en prison ou dans la solitude absolue les heures sont longues quand on ne peut pas les distinguer, les entendre sonner.

Machinalement, néanmoins, il regarda le cadran.

Ô surprise !

Les aiguilles marchaient.

La montre indiquait huit heures.

Il se dit :


— Qu’est-ce que tu veux, petit ?

— Je l’aurai remontée hier soir sans y penser.

Il prit sa clef et voulut la remonter de nouveau. La clef ne fit que deux tours. Sa montre venait d’être remontée. On avait pris ce soin pendant son sommeil. Il regarda sa bougie. La bougie était presque intacte. On était donc entré dans sa cellule pendant qu’il dormait. On avait remonté sa montre et éteint sa lumière. Mais qui ? Dans quel but ?