Les gouttelettesLibrairie Beauchemin (p. 202).


VIEUX NID


Il gît sur le rameau qui berçait ses chansons,
L’autre printemps, au jour de la douce tendresse,
Le vieux nid vide et nu. L’abandon, la détresse
Ont succédé bientôt aux amoureux frissons.

A bâtir pour un jour, sur les mêmes buissons,
Les oiseaux qui l’ont fait rivalisent d’adresse.
U faut un nouveau nid à leur nouvelle ivresse,
Et pour eux le passé n’a guère de leçons.

Le vieux nid, il est froid. L’aile jeune l’évite ;
L’amour n’y chante plus ; il est oublié vite.
Chaque orage qui passe en emporte un lambeau.

Ainsi le cœur. Un jour, le soleil le déserte.
Il est sur le chemin une masure ouverte,
Mais où l’en n’entre pas lorsque le ciel est beau.