Les filles de Loth et autres poèmes érotiques/08

Le Con
Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, Texte établi par Bernard, Edmond Dardenne, Imprimerie de la Genèse (Sodome) (p. 51-53).

Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, Bandeau de début de chapitre
Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, Bandeau de début de chapitre

LE CON


Imité du Lac, de M. de Lamartine.

Pièce qui a remporté le prix d’honneur au concours général des bordels royaux en 1844.


Ainsi toujours séduit par de folles images,
Que le cœur égaré caresse tour à tour,
Le con ne pourra-t-il, dans ses lubriques rages,
S’apaiser un seul jour ?

Ô con ! la nuit à peine a fini sa carrière
Où dix fois mon engin te donna le bonheur ;
Pourtant, tu veux encor que d’une tête altière
Il brave ta fureur.

N’as-tu pas épuisé jusqu’aux dernières gouttes
Le sperme par l’amour dix fois renouvelé ?
Faut-il que mes vingt ans succombent dans ces joutes
D’amour échevelé ?

Un soir, il m’en souvient, sur une couche ardente,
Le sommeil par un rêve irritant le désir
Il semblait que les nerfs de ta vulve béante
Palpitaient de plaisir.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Par un chant amoureux charmèrent les échos ;
Sur le mode lascif des fêtes de Cythère
On entendit ces mots ;

« Ô vit ! bande toujours, et vous, couillons propices,
Distillez votre jus !
Pour fixer à jamais les rapides délices
De mes sens éperdus !

« Assez de malheureux, rongés par la vérole
Redoutent vos ardeurs,
Restez-nous pour ceux-là que trop bander désole,
Gardez-moi vos raideurs.

« Mais non, je dis en vain, durez, durez sans cesse,
Ô plaisirs enivrants !
D’amour fuit, le vit tombe et l’indigne mollesse
Fait les couillons pendants.

« Baisons donc, baisons donc ! De l’heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons.
Ne laissons pas la pine en sa raideur oisive,
Vite, recommençons !

LE CON

Vit sans nerf, se peut-il que des moments d’ivresse
Où tu sais à longs flots me verser le bonheur,
Disparaissent encore avec plus de vitesse
Que tes nuits de tiédeur !

LE VIT (indigné)

Eh quoi ! ne pourra-t-on jamais te satisfaire,
Insatiable objet de notre enivrement ?
N’as-tu donc d’autre guide en l’amoureux mystère
Que le tempérament ?

(Se radoucissant.)

Folles amours, fureur, coït, sombres abîmes,
Que faites-vous du foutre à grands flots englouti ?
Parlez, me rendrez-vous ces extases sublimes
Qui m’ont anéanti ?

(Tout à fait radouci.)

Ô poils ! lèvres ! bouton ! vous du con la parure,
Vous que la main caresse à l’instant du plaisir,
Gardez de cette nuit, charmes de la nature,
Au moins le souvenir.

Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans ton ivresse,
Beau con, et dans l’aspect de tes traits enchantés,
Et dans les poils touffus dont ta soyeuse tresse
Voile tes cavités.

Qu’il soit dans le zéphir doux et frais qui caresse
De ses molles senteurs ta motte de velours,
Dans l’astre rebondi que des deux mains je presse,
Pour aider nos amours.

Que tes bords palpitants d’une crise nerveuse,
Que tes parfums, ô con par le foutre arrosé,
Tes attraits chiffonnés par l’extase amoureuse,
Te dise : Ils ont baisé !