Les députés des Trois-Rivières (1808-1838)/DESFOSSÉS, Jean

Les éditions du « Bien Public » (p. 56-58).

IX

Jean Desfossés

(1787-1854)


Aux Trois-Rivières, le 21 avril 1854, décédait Jean Desfossés, écuyer, lieutenant-colonel de milice, et ancien député de cette ville à l’Assemblée législative.

M. Desfossés était né à Nicolet en 1787, du mariage (en 1770) de Joseph Desfossés et de Madeleine Boudreau. Il quitta sa paroisse natale vers 1809 et alla s’établir aux Trois-Rivières où il se livra au commerce. Il devint en peu de temps l’un des principaux marchands de la ville et fut bientôt en possession d’une jolie fortune, qu’il perdit malheureusement dans le grand incendie de 1833. Plein d’énergie, il se remit au travail, et il parvint de nouveau à une honorable aisance.

Comme un grand nombre de ses compatriotes du temps, M. Desfossés entra dans la milice volontaire. En 1812, lors de la déclaration de guerre par les États-Unis, il était sergent dans le huitième bataillon qui fut désigné pour aller porter secours aux braves défenseurs de la frontière. Neuf ans plus tard, c’est-à-dire le 12 mai 1821, il était fait enseigne, et le 9 octobre 1825, il était promu lieutenant.

M. Desfossés fut destitué de son grade dans la milice par lord Dalhousie, mais son successeur lord Aylmer le rétablit et lui rendit sa commission de lieutenant, le 17 mars 1831 ; le 10 septembre de l’année suivante, il le nommait capitaine.

Le 9 avril 1821, M. Desfossés se joignait aux autres habitants des Trois-Rivières et demandait que le vieux monastère des Récollets de cette ville, qui servait de prison depuis cinquante ans, fut rendu à sa destination première.

Ses concitoyens l’envoyèrent à l’Assemblée législative, comme leur représentant, le 9 février 1833, et il continua de siéger en cette chambre jusqu’à la fin de ce parlement, le 9 octobre 1834.

Le 18 août 1847, M. Desfossés était promu par lord Elgin, major dans la milice, et le 20 mai 1850, il devenait lieutenant-colonel.

M. Desfossés s’associa avec ardeur aux luttes que soutenaient ses compatriotes dans l’arène politique, mais c’était un esprit pondéré. Quand il vit que ses chefs allaient trop loin et prêchaient la révolte à main armée, tout en protestant contre les mesures arbitraires de l’administration, il sut s’abstenir, et il ne fut pas impliqué dans les désordres de 1837-38. Tous ceux qui l’ont connu ont loué ses qualités, ont reconnu ses mérites, et ils se rappelèrent longtemps cet homme de bien.

Ses funérailles eurent lieu aux Trois-Rivières, et il fut accompagné à sa dernière demeure par tous les premiers citoyens de cette ville. Par respect pour sa mémoire, les magasins fermèrent leurs portes durant le service funèbre.

M. Desfossés avait épousé, en premières noces, Charlotte Miller et, en secondes noces, à Montréal, le 16 février 1822, Angèle, fille de Nicolas Ménéclier de Morochond et d’Angélique Maher. Les témoins de ce second mariage furent Nicolas, Sophie, Marie-Anne et François Ménéclier de Morochond.

Tanguay, qui écrit ce nom Ménellier de Montrochon (vol. V, p. 599), dit que l’auteur de cette famille canadienne se prénommait Nicolas et que c’était un ancien capitaine des gardes du domaine du Roy. Il était, le 18 juin 1764, à Sorel. Il avait épousé à Québec, le 19 avril 1751, Marie-Anne, fille de Jean-Baptiste Huppé et, en secondes noces, au même endroit, le 7 novembre 1757, Marie-Charlotte, fille de René Trudel.

Le premier enfant de Jean Desfossés et d’Angèle Ménéclier de Morochond fut baptisé du nom de Jean, aux Trois-Rivières, en décembre 1822. Le parrain fut Pierre Desfossés, frère aîné du député, qui avait épousé aux Trois-Rivières, le 31 janvier 1815, Julie Duplessis. Nous connaissons trois enfants de Jean Desfossés qui se sont mariés : Jean, qui épousa aux Trois-Rivières, le 8 août 1860, Hélène, fille de Jones Mayland et de Marguerite Clancy ; Lucie, qui devint la femme de François-Xavier Guillet, aux Trois-Rivières, le 22 juillet 1856. Elle était née en cette ville le 26 juin 1825 et eut entre autres enfants : Marie-Louise-Elmire Guillet, née aux Trois-Rivières, le 30 août 1862 et mariée à l’honorable Joseph-Adolphe Tessier, avocat, conseil de la Reine, lieutenant-colonel commandant du 86e régiment des Trois-Rivières, échevin de cette ville et, enfin, ministre de l’Agriculture de 1905 à 1914, puis ministre de la Voirie, dans le gouvernement Gouin.

Le troisième enfant de notre député, Marie-Angélique, épousa, aux Trois-Rivières, le 17 février 1874, François-Xavier Guillet, veuf de Lucie.

Eugénie Desfossés que l’Histoire des Ursulines donne comme étant la fille de Jean et qui épousa aux Trois-Rivières, le 28 août 1844, Charles-François Langevin, n’était que sa nièce. Le père de Louise-Eugénie était Pierre, frère aîné de Jean, nous dit M. Joseph Drouin. Après la mort de sa femme, M. Langevin convola, le 18 avril 1849, à Charlesbourg avec Eliza McLean.[1]

  1. Grand merci à MM. J.-G. Barthe et Joseph Drouin pour notes obligeamment fournies sur Jean Desfossés et sa famille.