Les députés de la région des Trois-Rivières (1841-1867)/GREIVE, Edward

XVI

Edward Greive

(1797 – 1845)




Marchand des Trois-Rivières, Edward Greive était aussi le représentant en cette ville de MM. Monro et Bell, propriétaires des Forges Saint-Maurice.

Le voyageur John Lambert qui se trouvait aux Trois-Rivières en 1808, dit que cette année-là, un monsieur Graves (Greive ?) était l’agent des Forges en cette ville :

« Monsieur Graves, aux Trois-Rivières, reçoit les produits des Forges et les expédie par le fleuve à Montréal et à Québec, ou les vend aux gens du voisinage. On fabrique à peu près mille poêles par année. Les plus petits ou poêles simples coûtent aux acheteurs trois louis. Les grands vont jusqu’à six louis. Les poêles doubles avec fourneau au-dessus valent de dix à douze louis, selon leur mesurage. Les chaudières à potasse sont de vingt à vingt-cinq louis. »[1]

Ce monsieur Graves était-il le père de notre député ?

Né en 1797, Edward Greive avait épousé à Québec Catherine Bell, née en cette ville le 10 mars 1810, baptisée le 24 mai suivant, fille de l’honorable Matthew Bell, député de Saint-Maurice et plus tard, conseiller législatif, surnommé le « Roi des Forges Saint-Maurice », et d’Anne McKenzie.

Le 24 mars 1835, M. Greive avait acheté du gouvernement 1,396 acres de terre dans le canton de Wendover.

Sous la nouvelle constitution de 1840 des municipalités furent créées et les employés nommés par le gouverneur sous le grand sceau de la province. M. Greive obtint, le 4 décembre 1841, le poste de trésorier de la municipalité du district des Trois-Rivières. M. Greive remplaça, le 12 novembre 1844, M. Charles-Richard Ogden comme représentant de la ville des Trois-Rivières à l’Assemblée législative du Canada. Il était le choix des Canadiens, ayant été mis en nomination par MM. Pierre-Benjamin Dumoulin, Pierre Desfossés et Antoine Polette. Le président de l’élection fut M. James Dickson.

M. Greive n’occupa pas longtemps son siège à la Chambre, mourant aux Trois-Rivières, chez son beau-père, le 2 juin 1845. Il n’était âgé que de quarante-huit ans. Il eut pour successeur à l’Assemblée, M. Denis-Benjamin Viger, élu le 14 juillet suivant.

M. Greive avait servi dans la milice. Entré comme enseigne et paie-maître au premier bataillon des Trois-Rivières le 18 mai 1821, il fut promu lieutenant le 11 octobre 1825. Il continua d’agir en ces qualités jusqu’à l’année 1833, lorsqu’il servait dans le premier bataillon du comté de Saint-Maurice. Son nom disparaît ensuite de la liste des officiers de ce corps. Il leva une compagnie de volontaires aux Trois-Rivières pendant la rébellion. Elle fit du service de novembre 1838 à avril 1839. Elle contenait bon nombre de Canadiens.

La Minerve, du 4 juin, annonçant la mort d’Edward Greive, disait qu’il était universellement regretté et qu’il jouissait à juste titre de l’estime et du respect de tous ceux qui l’avaient connu.

La Quebec Gazette du 5 du même mois faisait part à ses lecteurs du décès de M. Greive et ajoutait :

« The early removal of this most estimable person from the sphere of his public usefulness and the domestic and social circle in which he was so justly beloved, has caused a sensation of deep sorrow and regret in all classes of the community such as seldom follows an individual to the grave with the universality and sincerity which has accompanied the lamented object of this notice to his last earthly abode. Free from all undue party prefudice or partiality, he had through life discharged all his known duties in the manner in which he had recently pledged himself when voluntarily and unanimously selected to represent the town in the Provincial Parliament : « faithfully, fearlessly, and conscientiously », — A true friend and benefactor to the poor — singularly modest and unassuming in public as in private life, his known integrity of principe, sound and depassionate judgment and singleness of mind made him the sought adviser of numbers when in doubt or difficulty — while his deep and unaffected piety proved a source of true support to himself and of comfort to his friend sin the hour of trial. — In short, it may be truly said the (with one exception) Three Rivers community at large and the poorer and labouring classes in particular, could not have sustained a greater loss ; and we may safely join in the feeling remark which burst from one in humble life — « There lies a Man who has not left an enemy ».

  1. Cité par Benjamin Sulte dans « Les Forges Saint-Maurice ». VOIR Mélanges Historiques, VI, 180.