Nouvelle Librairie Nationale (p. xi-xii).


AVERTISSEMENT


Le titre de ce roman, qui pourrait, au premier abord, surprendre quelques lecteurs, est facile à justifier. L’auteur a pensé qu’il y avait quelque ironie à inscrire les mots dédaigneux de Voltaire sur le Canada à la tête d’un livre où se trouvent exaltées l’immensité et la fécondité de ce pays magnifique. Et ces trois mots là, en reliant le passé au présent, peuvent aussi convenir à un récit d’imagination brodé sur des événements qui furent comme le prolongement affaibli des grandes luttes de jadis aux bords du Saint-Laurent.

Au Canada, comme en bien d’autres points de la terre, la période héroïque est désormais close : il pouvait donc être intéressant d’en fixer sous une forme saisissante la phase suprême qui est aussi la plus obscure : c’est ce que l’auteur des « Arpents de neige » a tenté.

Il ajoute que, n’ignorant rien de ce qui a été dit soit en faveur de Riel, soit contre lui ; qu’ayant, d’autre part, puisé pour la documentation de son livre aux meilleures sources anglaises, canadiennes et françaises, c’est en toute connaissance de cause qu’il a écrit ce livre. S’il lui est arrivé de traiter certains détails en romancier, il a, du moins, pris bien soin de subordonner, d’une façon générale, la fiction romanesque à la vérité historique.

Il espère que les lecteurs des Arpents de Neige, ceux qui approuvent Riel, aussi bien que ceux qui le blâment, lui en sauront gré.

J.E.P.