Les Vies des plus illustres philosophes de l’antiquité/Parménide

PARMÉNIDE.

Parménide, fils de Pyrétus et natif d’Élée, fut disciple de Xénophane, quoique Théophraste, dans son Abrégé, le fasse disciple d’Anaximandre. Cependant, bien qu’il ait eu Xénophane pour maître, au lieu de l’avoir suivi, il se lia avec Aminias, ensuite avec Diochète, lequel, dit Sotion, était pythagoricien et pauvre, mais fort honnête homme. Aussi fut-ce pour ces raisons que Parménide s’attacha plus à lui qu’à tout autre, jusque là qu’il lui éleva une chapelle après sa mort. Parménide, également noble et riche, dut aux soins d’Amidias, et non aux instructions de Xénophane, le bonheur d’avoir acquis la tranquillité d’esprit.

On tient de lui ce système que la terre est ronde, et située au centre du monde. Il croyait qu’il y a deux éléments, feu et la terre, dont le premier a la qualité d’ouvrier, et le second lui sert de matière; que l’homme a été premièrement formé par le soleil, qui est lui-même composé de froid et de chaud; qualités dont l’assemblage constitue l’essence de tous les êtres. Selon ce philosophe, l’ame et l’esprit ne sont qu’une même chose, comme le rapporte Théopharste dans ses livres de physique, où il détaille les sentiments de presque tous les philosophes. Enfin il distingue une double philosophie, l’une fondée sur la vérité, l’autre sur l’opinion. De là ce qu’il dit : « Il faut que vous connaissiez toutes choses : la simple vérité qui parle toujours sincèrement, et les opinions des hommes, sur lesquelles il n’y a point de fond à faire. »

Il a expliqué en vers ses idées philosophiques, à la manière d’Hésiode, de Xénophane et d’Empédocle. Il établissait la raison dans le jugement, et ne trouvait pas que les sens pussent suffire pour juger sainement des choses.

Que les apparences diverses, disait-il, ne t’entrainent jamais à juger sans examen, sur le faux rapport des yeux, des oreilles, ou de la langue. Mais discerne toutes choses par la raison.

C’est ce qui donna à Timon occasion de dire, en parlant de Parménide, que son grand sens lui fit rejeter les erreurs qui s’insinuent dans l’imagination.

Platon composa, à la louage de ce philosophe, un dialogue qu’il intitula Parménide, ou des Idées. Il florissait vers la soixante-neuvième olympiade, et parait avoir observé le premier que l’étoile du matin et celle du soir sont le même astre, écrit Phavorin dans le cinquième livre de ses Commentaires. D’autres attribuent cette observation à Pythagore. Callimaque conteste au philosophe le poëme qu’on lui attribue.

L’histoire porte qu’il donna, dans son Histoire diverses, le répute pour le premier qui s’est servi du syllogisme appelé Achille.

Il y a eu un autre Parménide, auteur d’un traité de l’art oratoire.