Les Vies des plus illustres philosophes de l’antiquité/Métrocle

MÉTROCLE.

Un des disciples de Cratès fut Métrocle, frère d’Hipparchie, mais auparavant disciple de Théophraste le peripatéticien. Il avait la santé si dérangée par les flatuosités continuelles auxquelles il était sujet, que, ne pouvant les retenir pendant les exercices d’étude, il se renferma de désespoir, résolu de se laisser mourir de faim. Cratès le sut : il alla le voir pour le consoler, après avoir mangé exprès des lupins. Il tâcha de lui remettre l’esprit, et lui dit qu’à moins d’une espèce de miracle, il ne pouvait se délivrer d’un accident auquel la nature avait soumis tous les hommes plus ou moins. Enfin ayant lâché lui-même quelques vents, il acheva de le persuader par son

exemple. Depuis lors il devint son disciple et habile philosophe.

Hécaton, dans le premier livre de ses Chries, dit que Métrocle jeta au feu ses écrits, sous prétexte que c’étaient des fruits de rêveries de l’autre monde et de pures bagatelles. D’autres disent qu’il brûla les leçons de Théophraste, en prononçant ces paroles[1] : Approche, Vulcain ; Thétis a besoin de toi. Il disait qu’il y a des choses qui s’acquièrent par argent, comme une maison ; d’autres, par le temps et la diligence, comme l’instruction. IL disait aussi que les richesses sont nuisibles, à moins qu’on n’en fasse un bon usage. Il mourut dans un âge avancé, s’étant étouffé lui-même.

Il eut pour disciples Théombrote et Cléomène, dont le premier instruisit Démétrius d’Alexandrie. Cléomène eut pour auditeurs Timarque d’Alexandrie et Échècle d’Éphèse ; mais celui-ci fut principalement disciple de Théombrote, qui forma Ménédème, duquel nous parlerons ci-après. Ménippe de Sinope devint aussi un illustre disciple de Théombrote.


  1. C’est un vers d’Homère.