Les Veillées des maisons de prostitution et des prostituées/13

DOUZIÈME TABLEAU

Je veux le père capucin.

Ce douzième et dernier tableau vous représente la supérieure d’un couvent, pressée par trois rivaux également ardents de faire un choix et la bougresse qui n’est pas sotte, au lieu de s’en rapporter à la vue extérieure des trois concurrents veut connaître à fond leurs qualités physiques, c’est pourquoi elle leur commande de mettre toutes pièces à l’air, et ici, remarquez, mesdemoiselles, l’étonnante différence qui existe entre ces trois vits, ils ne sont égaux ni de forme, ni de dimension, ni de longueur, mais le plus extraordinaire des trois c’est sans contredit celui du long et sec jésuite que vous apercevez à votre droite avec son chapeau en forme de lampion sur la tête. C’est une piètre pièce qu’il offre là à la lasciveté de la religieuse, pauvre outil qui en partant de la racine est déjà d’un volume si mince et pour comble de ridicule se termine par la tête en pointe d’asperge. Le ciel vous garde mesdemoiselles, d’un pareil engin il n’y a pas grande jouissance à en espérer, aussi vous voyez qu’en femme qui connaît la valeur des choses. La mère supérieure malgré l’air doucereux et patelin avec lequel le frère Ignace lui présente son morceau, le rejette ; elle pencherait plutôt pour le carme déchaussé qui est au milieu, mais celui-ci présente une autre difformité, son vit est bien gros sans doute, mais il est extrêmement court et puis la tête en est extrêmement large, et présente une surface qu’on ne peut mieux comparer qu’à la surface d’un champignon, ce qui fait craindre à l’abbesse qu’elle en souffrira pendant l’action, car enfin, quelque large que soit un con il a toujours une mesure et quand le calibre du vit qu’on y introduit dépasse cette mesure, il en résulte nécessairement une sorte de douleur qui nuit beaucoup au plaisir que d’ordinaire on doit éprouver dans la copulation. C’est donc au père capucin placé à votre gauche qu’elle donne le prix et le désignant du doigt, en même temps qu’elle retrousse ses cottes et écarte les cuisses : Je veux du père capucin, dit-elle, et c’est qu’en effet, voilà un vit comme il faut quand on veut jouir du plaisir dans toute sa plénitude ; c’est là un vit comme le décrit Piron dans son chapitre général des Cordeliers :

Long, sec, mutin et carré.

Et c’est bien à ce vit qu’on pourrait appliquer ces vers inédits d’un auteur moderne :

Quel maître vit ! c’est mieux qu’un vit de carme
Grosseur, longueur, il a tout amplement.
Qu’on doit bien foutre avec tel instrument,
Et qu’en un con l’on doit faire vacarme.

Parmi les vits elle serait générale
Si l’on devait en former une armée,
Et l’on verrait ce sceptre monacal
En peu de temps digne de renommée.

Oui voilà, Mesdemoiselles, l’engin qu’elle juge le plus convenable de contenter sa convoitise notre abbesse, aussi vous voyez que d’avance ses yeux brillent de plaisir et la vue seule de ce vigoureux membre la fait décharger comme si déjà elle le sentait dans son conin. Toutefois nous devons supposer que la paillarde n’aura pas voulu faire deux malheureux et qu’après avoir assouvi quelque peu sa passion avec le capucin, elle aura tâté également du champignon du carme et de l’asperge du jésuite.