Les Tremblements de terre/II/01

J.-B. Baillière et Fils (p. 249-262).

Deuxième Partie


LES PRINCIPAUX TREMBLEMENTS DE TERRE

SURVENUS DE 1854 À 1887


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CHAPITRE PREMIER


TREMBLEMENT DE TERRE D’ILOPANGO

―14 avril 1854―


La région au milieu de laquelle est bâtie la ville de San Salvador, capitale de la République de ce nom, est très intéressante au point de vue des études séismiques. En effet, elle a été le siège de violents tremblements de terre qui à diverses reprises ont ruiné la ville et qui se sont produits sans une intervention évidente de manifestations volcaniques. D’autres commotions ont coïncidé avec une production d’effluves gazeux et d’élévations locales de température en divers points, et particulièrement au milieu et sur les bords du lac d’Ilopango, situé à quelques kilomètres de la capitale. Enfin, en 1879 des secousses répétées se sont terminées par une éruption au centre de ce lac.

Sans chercher à faire l’histoire séismique complète du pays, nous nous contenterons de relater les faits remarquables dont cette région a été le siège depuis le milieu de notre siècle. En 1854, un violent tremblement de terre renverse la ville de San Salvador. Nous extrayons d’un récit publié par Cacerès les détails suivants[1] :

« Le vendredi saint 14 avril 1854, à 5h 30min du matin, il se produisit une légère secousse qui fut le prélude d’un grand nombre d’autres plus ou moins violentes. Les ébranlements du sol se succédèrent jusqu’à 10 heures à de courts intervalles de 5 à 20 minutes. De 10 heures à midi ils cessèrent complètement ; mais à cette heure commença une autre série de secousses semblable à la première qui se termina vers 2 heures. Dans ce laps de temps on en compta 26 se succédant à des intervalles inégaux, plus grands que dans le premier cas, et augmentant d’intensité de l’une à l’autre. De 2 heures à 5 heures le repos fut complet.

« À 5 heures, on sentit une commotion beaucoup plus forte que les précédentes, précédée et suivie de fort retumbos.

« La terre continua de trembler toute la soirée et toute la nuit, mais avec moins de fréquence qu’auparavant.

« À l’aube du samedi, c’est-à-dire en moins de 24 heures, on comptait déjà 36 secousses. Celles du samedi furent en petit nombre et légères.

« Dans la matinée du dimanche 16 avril, il n’y eut que 3 secousses très faibles.

« Dans l’après-midi le calme fut complet. Le ciel était très clair et il soufflait un léger vent du sud. Mais à 7 heures du soir l’atmosphère commença à se charger et la bise commença à souffler d’une manière irrégulière.

« À 9 heures environ, il y eut une secousse très violente et prolongée semblable à celle de 5 heures du vendredi précédent ; l’atmosphère était des plus chargées.

« À l’Université, sur une tour élevée se trouvait une horloge réglée au moyen d’un cadran solaire ; la tour demeura hors d’aplomb, et l’horloge s’arrêta marquant 8h 55min.

« Ainsi pendant deux jours plusieurs séries de secousses, séparées par des intervalles de repos de quelques heures, s’étaient succédé en augmentant peu à peu d’intensité. Cependant jusqu’à la soirée du 16 avril les dégâts produits avaient été médiocres. Ce jour-là, à 11 heures du soir, un ébranlement d’une extrême violence réduisit tous les édifices de la ville en ruines ; de toutes parts les constructions s’écroulèrent avec un épouvantable fracas ; les murs réduits en menus débris ne formèrent au bout de quelques secondes que de vastes amas de décombres.

« Il nous semblait à tous, dit l’auteur, que nous nous trouvions sur une voûte en train de s’effondrer ou de sauter par explosion, car la grande secousse fut suivie, durant plusieurs heures, d’un mouvement du sol, vibratoire et continu, avec des retumbos semblables aux rugissements d’une tempête souterraine.

« Le plus effrayant de ces bruits eut lieu le 17 à 1 heure du matin, après une très forte secousse. C’était comme la détonation d’une décharge d’artillerie de gros calibre, ou le grondement que produirait la chute d’un rocher volumineux tombant jusqu’à l’abîme sur des voûtes de plus en plus profondes. Il était accompagné de mouvements effrayants du sol ; rien n’était demeuré debout.

« Le grand tremblement de terre de 11 heures du soir, le 16 avril, fut si instantané que les personnes surprises dans l’intérieur des habitations ou sous les vérandas n’eurent pas le temps de sortir et furent tuées ou blessées. Le nombre des morts fut d’une centaine et celui des blessés incalculable. Il y aurait eu bien plus de victimes si les secousses des jours précédents n’avaient détourné beaucoup de gens de rester dans les maisons.

« La secousse de 11 heures du soir, cause principale de la chute des édifices, n’avait été elle-même accompagnée d’aucun retumbo, ou au moins, personne ne s’était rendu compte de la production d’un bruit autre que celui provenant de l’écroulement des constructions.

« Ce tremblement de terre a été remarquable par la netteté des limites de son extension superficielle ; il eût été facile d’en tracer l’épicentre. Les principales ruines de la ville sont, dit Cacerès, comprises dans l’intérieur d’une zone de direction sud-est, nord-ouest, dont la largeur est de 1 kilomètre environ. Dans la ville, on voit les dégâts augmenter à mesure que l’on s’avance vers le sud-est ; c’est pourquoi l’on pense que le foyer de la commotion est dans la montagne de San Marcos, en face du coude qu’elle forme avec la chaîne connue sous le nom de Las Louras.

« La distribution des désastres montre que l’ébranlement s’est propagé sur une longueur d’un peu moins de 20 kilomètres.

« À très peu d’exceptions près, tous les édifices orientés de l’est à l’ouest sont tombés ou ont perdu leur aplomb vers le nord. Ceux qui sont orientés du nord au sud sont restés debout inclinés au nord.

« Pendant ce désastre les autorités de la ville durent déployer une grande énergie pour empêcher le pillage auquel commençaient à se livrer les Indiens du voisinage. On fusilla sans merci ces malfaiteurs improvisés.

« L’asséchement complet de toutes les fontaines et de tous les puits de la cité à la suite de la grande secousse continua encore à chasser les survivants de la ville. Enfin le gouvernement lui-même se réfugia à Cojutipique.

« Les secousses avaient déterminé l’ouverture de nombreuses crevasses dans le sol, mais, comme d’ordinaire, les témoins oculaires ont montré une grande tendance à exagérer l’importance du phénomène. »

M. de Montessus rapporte d’après le récit de certains témoins oculaires, que ce fut alors que se forma le fossé de la Zurita qui depuis lors sert de dépotoir à la ville ; cependant il ajoute que d’après l’inspection du terrain, il met le fait en doute et que le ravin lui paraît alors avoir plutôt subi un élargissement.

De nombreux éboulements s’étaient aussi produits dans l’étroite vallée du Rio Acelghuate qui borde la ville. Enfin le Boletìn extraordinario del Gobierno del Salvador insiste sur l’odeur sulfureuse qui suivit la grande secousse. M. de Montessus l’attribue à un accroissement dans l’intensité des émanations du lac d’Ilopango. Il fait remarquer que cette masse d’eau présente une sulfuration très variable qui devient parfois assez grande pour tuer tous les poissons du lac. Il voit avec raison dans cette émission plus grande de gaz sulfurés un signe précurseur des phénomènes dont le lac d’Ilopango a été plus tard le théâtre.

Les secousses semblent avoir continué en s’affaiblissant à San Salvador pendant les mois suivants ; la ruine de la ville avait été si complète et son emplacement paraissait si dangereux que le gouvernement de l’État du Salvador crut devoir, le 8 août 1834, transférer la capitale dans la plaine de Santa Tecla. Un vote des Chambres convertit en loi ce décret, le 8 février 1855, et l’on commença peu à peu la construction d’une nouvelle ville. Cependant, malgré la position favorable de l’emplacement choisi, et malgré les efforts du gouvernement, les habitants de San Salvador reprirent peu à peu le chemin de leur ville. L’ancienne cité se releva bientôt et même redevint la capitale de l’État, tandis que Santa Tecla, ville très salubre et à l’abri des violents tremblements de terre n’est actuellement qu’un simple chef-lieu de département habité par quelques familles riches et constituant un utile et agréable sanitorium en temps d’épidémie de fièvre jaune.

En 1873, du 22 février au 19 mars, le district de la capitale de San Salvador fut de nouveau le siège de nombreuses secousses qui finirent par amener encore une fois la ruine de la ville.

Le 22 février, il y eut deux secousses à l’aube du jour, et, dans la journée, la terre trembla à de nombreuses reprises. Plusieurs jours s’écoulèrent ensuite sans ébranlement sensible du sol, mais bientôt les secousses recommencèrent et devinrent de plus en plus fréquentes ; le 4 mars, il y en eut une très forte.

Dans la nuit du 18 au 19, on entendit de grands bruits souterrains ; à 2 heures du matin, le 19, une première secousse fut suivie d’une autre plus violente à 2h 6min. Quelques instants après, à 2h 10min, on entendit comme une forte détonation et, en même temps, on sentit un violent tremblement de terre à oscillations verticales. En un clin d’œil, la ville fut renversée de fond en comble ; une quinzaine de maisons seulement restèrent debout, un épais nuage de poussière augmentait l’obscurité de la nuit, de telle sorte qu’il était difficile de rechercher sous les décombres les blessés dont on entendait les cris. Cependant, à cause des précautions prises par les habitants, il y eut moins de victimes qu’en 1854.

Pendant le reste de la nuit, on sentit soixante petites secousses qui, comme la précédente, semblaient faire osciller le sol de l’est à l’ouest. Ce tremblement de terre, de même que le précédent, ne fut accompagné ni suivi d’aucune éruption volcanique ; cependant, au moment de la catastrophe, les eaux du lac d’Ilopango, voisin de la ville de San Salvador, se montrèrent très agitées et surtout très sulfurées. La secousse principale fut sentie dans un rayon de 7 à 8 lieues autour de la capitale. Une crevasse qui se forma sur les bords du lac de Cuscatlan amena l’évacuation de ses eaux. Ce lac, situé sur la route de San Salvador à Santa Tecla, occupait tout le fond d’un vaste cratère. Au milieu de sa cavité est installée aujourd’hui une usine à sucre. Après ce nouveau désastre, on a rebâti San Salvador sans songer même, comme la première fois, à abandonner ce point fatal pour Santa Tecla.

Nous arrivons à l’intéressant cataclysme de 1879 dont le lac d’Ilopango a été le théâtre principal. Le résumé que nous allons fournir de cet événement est extrait d’un récit très détaillé dû à M. de Montessus, dont nous ne pouvons donner ici qu’une idée bien imparfaite. Ce lac est situé à l’extrémité sud-est de la ligne comprise entre le cône du San Salvador et celui du San Vicente. À l’époque où les théories de Léopold de Buch étaient en honneur, on l’a considéré comme un vaste cratère de soulèvement. Dolfus et de Montserrat pensent qu’il a été formé comme ceux d’Amatitlan et d’Atitlan par le barrage d’une vallée au moyen des déjections volcaniques. M. de Montessus le considère avec bien plus de vraisemblance comme creusé par de gigantesques explosions dont les produits se retrouvent dans toute la région environnante sous la forme de tufs blanchâtres, de cendres et de ponces désagrégés ; ce serait, dans cette hypothèse, un très vaste cratère d’explosion.

Ce lac n’a pas d’autres affluents que des torrents temporaires, actifs seulement pendant la saison des pluies, et dont le plus long, celui qui, descendant des collines de Cojutepèque, vient aboutir à la plage de Cujuapa, n’a pas une lieue de cours. Les talus en sont à pic, aussi bien au-dessus qu’au-dessous du niveau de l’eau, le long de ses rivages nord et nord-est. La profondeur de l’eau y est considérable de ce dernier côté. Du côté opposé, au contraire, le sol s’incline en pente douce. Une étroite vallée donne écoulement à un ruisseau connu sous le nom de Rio Jiboa ; c’est par là que se déverse le trop-plein des eaux du lac.

La série des phénomènes que nous allons décrire paraît avoir débuté dans la journée du 20 décembre 1879, sous forme de secousses d’abord très faibles mais fréquentes et accompagnées de bruits souterrains si intenses que le gouvernement du Salvador, justement alarmé, ordonna au géologue d’État Goodyear d’aller visiter le lac d’Ilopango.

Cette belle nappe de l’Ilopango, aux eaux de sulfuration variable, ces presqu’îles qui deviennent fréquemment des îles par suite de changements de hauteur de la surface liquide, les deux lignes d’ancien rivage qui se profilent nettement sur tout son pourtour, l’étroit ravin qui les réunit au Rio-Jiboa, les montagnes de Cus-Cus et de San Jacinto qui le bordent, enfin les splendides volcans de San Vicente, de Gojutepeque et de San Salvador qui le dominent, tout cela constitue un des plus merveilleux spectacles de l’Amérique centrale.

Du 20 au 27 décembre 1879, on ressent, aux environs de ce lac, de six cents à huit cents secousses distinctes de tremblement de terre. Environ trois cent cinquante-huit d’entre elles sont notées avec l’indication de leur moment d’apparition, de leur intensité et de la nature de leur mouvement ondulatoire ou trépidatoire. Elles étaient accompagnées de mugissements souterrains.

Quelques-unes des secousses observées sont d’une extrême violence. L’une d’elles, le 27 décembre, à minuit 38min, qui ne dure pas moins de 50 secondes, et qui est accompagnée d’un violent retumbo, cause de grands désastres dans les villages qui bordent le lac et produit d’énormes éboulements sur ses flancs. Les petits ruisseaux qui s’y rendent voient momentanément le volume de leurs eaux décuplé et l’on observe en divers points la formation de nouvelles sources. Sur la partie peu inclinée du rivage du lac, il se produit de petits cônes de sable percés d’orifices. Les eaux du lac au moment de la secousse s’agitent violemment, mais sans qu’on y remarque aucun phénomène explosif. Le déversoir ne présente rien de notable, si ce n’est quelques éboulements de ses parois, ce qui lui est commun, du reste, avec les autres ravins du voisinage.

Du 17 au 31 décembre, les tremblements de terre cessent presque complètement.

Le 31, à 7h 54min, se produit un très violent ébranlement qui se fait sentir dans toute l’étendue de la République de San Salvador et franchit même la frontière. Les dégâts produits dans les villages qui avoisinent le lac ne présentent rien de particulier et sont même moins considérables que ceux du 27. Le maximum d’intensité des secousses paraît avoir eu lieu dans des localités situées à plusieurs kilomètres au nord, à Coatipeque, Quetzaltepeque et San Marcos. Dès lors, on peut se demander si ce tremblement de terre du 31 est bien de nature volcanique et s’il appartient à la série d’Ilopango.

Cependant, il est incontestable que le tremblement de terre du 31 décembre a clos la période purement séismique et inauguré le commencement de la période volcanique. En effet, c’est à partir de ce jour que l’on commence à noter sûrement les signes d’une éruption se produisant au milieu du lac. Le sol entr’ouvert y donne issue à des laves qui s’y accumulent et amènent rapidement une élévation du niveau de l’eau. Le 9 janvier 1880 particulièrement, une montée subite des eaux du lac cause tout à coup un énorme déversement dans le ravin du Rio Jiboa. Le lit du ruisseau se creuse au débouché du lac ; un torrent furieux et dévastateur suit le trajet du petit cours d’eau ; la vallée entière du Rio Jiboa est inondée et dévastée ; les champs et les prairies sont ravinés, les bestiaux entraînés, les fermes détruites. Le petit hameau d’Atuscatla, situé à l’entrée du ravin, est emporté. Le désastre est énorme.

La montée des eaux cesse le 11 et se change en une baisse le 12 ; le mouvement de baisse atteint 10m,34. Goodyear évalue à 635 millions de mètres cubes le volume de l’eau du lac évacué durant cette période.

Durant ce temps, l’odeur sulfureuse des eaux du lac avait progressivement augmenté, et, le 12, on observe vers le centre une aire assez grande, où l’on voit éclater de nombreuses bulles de gaz.

Le 20 janvier se produit une très forte explosion ; une énorme colonne de fumée noire s’élève du point où avait lieu le dégagement gazeux, et d’Apulo, village situé sur le bord du lac, on voit pointer à la surface des eaux un amas de roches qui, la nuit, se montrent incandescentes. À partir de ce jour, le volcan nouveau est apparent extérieurement, le volume de l’amas qui le compose augmente visiblement chaque jour et des explosions s’y produisent de temps en temps.

Le 23 janvier, à 5h 30min du matin, une colonne de fumée s’élève à une grande hauteur à la suite d’une violente explosion. L’amas pierreux de nouvelle formation possède une hauteur d’environ 40 mètres au-dessus de la surface du lac.

Le 27 janvier se forment deux îles nouvelles, dont une disparaît presque aussitôt.

Le 3 février, après de nombreux et incessants changements, le nouveau volcan paraît encore formé par un amas de blocs incohérents, sans qu’on y puisse distinguer d’orifice cratériforme.

Le 23 février, on ressent un léger tremblement de terre dans toute l’étendue de la République de San Salvador, et une odeur sulfureuse insupportable se fait sentir tout autour du lac.

Du 23 février au 19 mars, le volcan est le siège d’une série d’explosions. Ce qui caractérise essentiellement cette période nouvelle, c’est la transformation du massif rocheux précédemment apparu et la formation d’un cratère dans sa partie centrale.

Enfin le 19, il se trouve réduit à deux masses isolées auxquelles on a donné respectivement les noms de volcan de terre et de volcan de pierre. Le premier est composé principalement de matériaux pulvérulents, de cendre rejetée par les explosions ; le second est constitué par les mêmes éléments associés à des blocs plus ou moins volumineux qui semblent être un reste de l’amas primitif.

M. de Montessus, qui a visité ce lieu quelque temps après l’éruption, dit que ce sont deux restes diamétralement opposés du bord du cratère.

Depuis le 19 mars 1880, le volcan du lac d’Ilopango n’offre plus trace d’incandescence, et chaque jour il est démantelé par l’action des eaux. Cependant, de temps en temps, il émet encore des exhalaisons sulfureuses d’abondance variable et une source thermale chaude sourd au bord du volcan de pierre.

L’histoire de cette série de phénomènes qui se sont passés au centre du lac d’Ilopango est remarquable à plus d’un titre. On y voit un cataclysme d’apparence purement séismique s’y transformer en une véritable éruption volcanique. De plus, on assiste à l’évolution qui caractérise habituellement les volcans sous-marins. Dans une première phase, les laves s’épanchent sous l’eau sans explosion ni production d’aucun phénomène violent. Un amas arrondi de roches apparaît à la surface de l’eau ; c’est ce que Seebach a nommé un cumulo-volcan. Les roches qui le composent, d’abord froides, se montrent bientôt incandescentes et de tous leurs interstices se dégagent des gaz (hydrogène, gaz des marais, etc.). Enfin une explosion violente marque le début d’une autre phase éruptive ; le centre de l’amas est projeté, il se forme un cratère que les explosions consécutives nettoient et creusent de plus en plus.

En un mot, le volcan d’Ilopango a reproduit dans tous ses détails ce que le volcan de Santorin avait montré sur une échelle plus grandiose en 1866. Son développement est même plus intéressant à certains égards, car il a été précédé d’une période séismique qui n’a pas été constatée à Santorin.

On peut encore le comparer au tremblement de terre qui, en 1867, a agité la partie occidentale de l’île de Terceira (Açores). En effet, pendant un mois environ avant l’éruption sous-marine qui s’est produite à quelques centaines de mètres à l’ouest de la côte de l’île, les villages de Terceira les plus rapprochés ont été ébranlés par de nombreuses secousses. L’un d’eux, nommé Serreta, situé en face du point où s’est produite ensuite l’éruption, était si fréquemment et si fortement secoué que jusqu’au moment de l’explosion les maisons avaient été abandonnées de leurs habitants, et la plupart très endommagées. Les phénomènes séismiques n’ont cessé que quand on a vu du sein des flots s’élever des jets de matière incandescente et des colonnes de vapeur d’eau, témoins de la formation d’un volcan sous-marin.

  1. Voir Alfredo Alvarado, Las Ruinas, p. 26 à 32.