Les Syrtes/Ottilie
Premières Poésies : 1883-1886, Société du Mercure de France, , Les Syrtes. Les Cantilènes (p. 23-24).
OTTILIE
Des lèvres de bacchide et des yeux de madone,
des sourcils bifurqués où le diable a son pleige ;
ses cheveux vaporeux que le peigne abandonne
sont couronnés de fleurs plus froides que la neige.
Vient-elle de l’alcôve ou bien de l’ossuaire,
lorsque ses mules d’or frôlent les dalles grises ?
Est-ce voile d’hymen ou funèbre suaire,
la gaze qui palpite aux vespérales brises ?
Autour du burg, la lune, aux nécromants fidèle,
filtre en gouttes d’argent à travers les ramures.
Et l’on entend frémir, ainsi que des coups d’aile,
des harpes, dans la salle où rêvent les armures.