Les Stratagèmes (Frontin)/Trad. Bailly, 1848/Livre IV/Chapitre III


Texte édité et traduit par Charles Bailly, 1848.
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III. De la tempérance et du désintéressement.

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1. M. Caton se contentait, dit-on, du vin des rameurs.

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2. Fabricius, à qui Cinéas, ambassadeur d’Épire, offrait une grande quantité d’or, la refusa, et dit qu’il aimait mieux commander à ceux qui avaient de l’or, que d’en avoir lui-même.

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3. Atilius Regulus, après avoir occupé les premières charges de la république, était si pauvre, qu’il n’avait pour vivre, avec sa femme et ses enfants, qu’une petite terre cultivée par un seul fermier. Ayant appris la mort de celui-ci, il écrivit au sénat pour demander un successeur dans le commandement, attendu que son bien, laissé à l’abandon par la mort de ce serviteur, réclamait sa présence.

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4. Cn. Scipion, après ses succès en Espagne, mourut tellement pauvre, qu’il ne laissa pas même une somme suffisante pour marier ses filles. Le sénat, touché de leur indigence, les dota aux frais du trésor.

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5. Les Athéniens firent de même à l’égard des filles d’Aristide, qui, après avoir rempli les charges les plus importantes, mourut dans une extrême pauvreté.

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6. Telle était la tempérance d’Épaminondas, général thébain, que l’on ne trouva chez lui qu’un chaudron, et une seule broche de fer.

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7. Annibal se levait avant le jour, et ne se reposait pas avant la nuit. Il ne soupait que sur le soir, et sa table n’avait pas plus de deux lits.

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8. Le même, lorsqu’il servait sous le commandement d’Asdrubal, dormait le plus souvent sur la terre nue, sans autre couverture que son manteau.

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9. On rapporte que Scipion Émilien ne prenait pour toute nourriture, pendant les marches, que du pain, qu’il mangeait en se promenant avec ses amis.

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10. On en dit autant d’Alexandre le Grand.

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11. Nous lisons que Masinissa, à l’âge de quatre-vingt-dix ans, prenait ses repas au milieu du jour, debout devant sa tente, ou en se promenant.

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12. Lorsque M’. Curius eut vaincu les Sabins, un décret du sénat lui ayant accordé une portion de terre plus grande qu’aux vétérans, il n’accepta que la mesure des simples soldats, et dit qu’il n’appartenait qu’à un mauvais citoyen de ne pas se contenter de ce qui suffisait aux autres.

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13. Souvent même une armée entière se fit remarquer par sa tempérance, témoin celle qui était commandée par Scaurus. D’après le rapport de ce général, un arbre fruitier, qui se trouvait à l’extrémité de son camp, dans l’enceinte même, fut, le lendemain, laissé intact avec ses fruits, au départ de l’armée.

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14. Pendant la guerre qui se fit sous les auspices de l’empereur César Domitien Auguste Germanicus, guerre allumée dans les Gaules par Julius Civilis, l’opulente cité de Langres, ayant embrassé le parti des factieux, craignait, à l’approche de César, d’être livrée au pillage ; mais, respectée contre son attente, et n’ayant éprouvé aucune perte, elle rentra dans le devoir, et me fournit soixante-dix mille combattants.

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15. L. Mummius, qui, après la prise de Corinthe, enrichit de tableaux et de statues l’Italie et les provinces conquises, fut si éloigné de prendre pour lui une partie de ce précieux butin, que sa fille, qu’il laissa dans la pauvreté, fut dotée par le sénat aux frais du trésor public.


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36. M. Catonem, vino eodem, quo remiges, contentum.Voyez Pline le Naturalise, liv. xiv, ch. 13 ; et Valère Maxime, liv. iv, ch. 3, § 11.

On connaît, sur la tempérance de Caton, le témoignage d’Horace, qui est moins sérieux que celui des historiens :

Narratur et prisei Catonis
Sæpe mero caluisse virtus.
(Carminum lib. III, ode 21.)
La vertu du vieux Caton,
Chez les Romains tant prônée,
Était souvent, nous dit-on,
De Falerne enluminée.
(J.-B. Rousseau, Odes, liv. ii, ode 2.)

37. Malle se habentibus id imperare. Selon Plutarque (Apophthegmes), Valère Maxime (liv. iv, ch. 3, § 5), et Aurelius Victor (ch. xxxiii), cette réponse aurait été faite aux Samnites par M. Curius. Voyez encore Aulu-Gelle, liv. i, ch. 14.

38. Atilius Regulus. Cf. Valère Maxime, liv. iv, ch. 4, § 6.

39. Quas ob inopiam publice dotavit senatus. Si l’on s’en rapporte au récit de Valère Maxime (liv. iv, ch. 4, § 10), Cn. Scipion n’avait qu’une fille, qui fut dotée par le sénat, pendant la guerre même que son père faisait en Espagne.

40. Filiis Aristidis.Voyez Cornelius Nepos, Vie d’Aristide, ch. iii ; et Plutarque, Vie d’Aristide, ch. xxvi. Ce dernier auteur rapporte que chacune des filles d’Aristide reçut 3, 000 drachmes (2,700 fr.), et son fils 100 mines d’argent (9,268 fr.), plus 4 drachmes (3 fr. 60 c.) par jour, et un terrain de 100 plèthres (9 hectares et demi) emplanté d’arbres.

41. Nihil inveniretur. Cf. Plutarque, Vie de Fabius, ch. xxvii.

42. Duobus lectis. Deux lits ne supposent que six couverts, ou huit au plus. Voyez le portrait que Tite-Live fait d’Annibal, liv. xxi, ch. 4.

43. Æmilianum Scipionem. Scipion Émilien voulait, dit Plutarque (Apophthegmes), que ses soldats prissent leurs repas debout, et qu’ils ne se missent à table que pour le souper. Quant à lui, il se promenait dans le camp, etc.

44. M’. Curius… gregalium portione contentus fuit.Voyez Pline le Naturaliste, liv. xviii, ch. 3 ; Valère Maxime, liv. iv, ch. 3, § 5 ; Aurelius Victor, ch. xxxiii ; Sénèque, des Bienfaits, liv. vii, ch. 7.

45. L. Mummius. Pour plus de détails sur l’histoire de Mummius, voyez Pline, liv. xxxv, ch. 4 ; Aurelius Victor, ch. lx ; Florus, liv. ii, ch. 16.


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