Les Stratagèmes (Frontin)/Trad. Bailly, 1848/Livre III/Chapitre XII


Texte édité et traduit par Charles Bailly, 1848.
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XII. De la défense des places. Exciter la vigilance des soldats.

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1. Pendant que les Lacédémoniens assiégeaient Athènes, Alcibiade, craignant de la négligence de la part des sentinelles, ordonna aux soldats de tous les postes d’observer attentivement le flambeau qu’il ferait paraître pendant la nuit, du haut de la citadelle, et de répondre à ce signal en élevant aussi des flambeaux de leur côté. Il menaça de châtiment quiconque n’exécuterait pas fidèlement cet ordre. Ainsi tenus dans l’attente des signaux de leur chef, tous firent une garde vigilante, et l’on fut à l’abri du danger qui était à craindre pour la nuit.

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2. Iphicrate, général athénien, qui occupait Corinthe avec une garnison, visitant les postes au moment où l’ennemi approchait, trouva une sentinelle endormie, et la perça d’un javelot. Quelques-uns, blâmant cet acte comme trop cruel : « Tel j’ai trouvé cet homme, leur répondit-il, tel je l’ai laissé. »

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3. On dit qu’Épaminondas, général thébain, en fit autant.


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56. Suspectæ noctis periculum evitatum est. Le même fait est dans Polyen, liv. i, ch. 40, § 3.

57. « Qualem inveni, talem reliqui. » Cornelius Nepos (Vie d’Iphicrate) rend compte des améliorations qui furent introduites par ce général dans l’art militaire et dans la discipline. Cependant il faut une absolue nécessité d’exemple pour punir avec autant de sévérité les infractions de ce genre. Iphicrate et Épaminondas tuent des sentinelles endormies ; le grand Frédéric fait mourir sur un échafaud le capitaine Zitern, qui, pour écrire à sa mère, a enfreint l’ordre donné d’éteindre dans le camp toutes les lumières passé une certaine heure ; Bonaparte trouve aussi un factionnaire endormi après les trois journées d’Arcole ; mais il lui enlève avec précaution son fusil, et se met en faction à sa place. Le soldat, se réveillant un instant après, et voyant son général près de lui, s’écrie : « Je suis perdu ! — Non, reprend celui-ci : après tant de fatigues, il est permis à un brave comme toi de s’endormir ; mais, une autre fois, choisis mieux ton temps. »


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