Les Stratagèmes (Frontin)/Trad. Bailly, 1848/Livre III/Chapitre VIII


Texte édité et traduit par Charles Bailly, 1848.
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VIII. Jeter l’épouvante parmi les assiégés.

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1. Philippe, ne pouvant enlever de vive force le château de Prinasse, fit amonceler de la terre au pied des fortifications, comme s’il y pratiquait une mine. Les assiégés, croyant leurs murs sapés, se rendirent.

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2. Pélopidas, général thébain, étant sur le point d’assiéger à la fois deux villes de Magnésie peu éloignées l’une de l’autre, ordonna que, pendant qu’il faisait avancer son armée sous les murs de l’une, quatre cavaliers, ayant des couronnes sur la tête, accourussent à toute bride, comme venant de l’autre camp thébain, pour annoncer la prise de l’autre ville. Afin de mieux encore tromper l’ennemi, il fit mettre le feu à une forêt située dans un lieu intermédiaire, et dont l’embrasement pouvait être pris pour celui de la place. Il voulut, en outre, qu’on lui amenât quelques soldats déguisés en prisonniers. Ces démonstrations jetèrent l’effroi parmi les assiégés, qui, se croyant déjà vaincus sur l’autre point, firent leur soumission.

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3. Cyrus, roi de Perse, tenant Crésus enfermé dans la ville de Sardes, fit dresser du côté le moins accessible de la montagne sur laquelle elle était assise, des mâts aussi hauts que cette montagne, surmontés de figures d’hommes ayant le costume des Perses, et les approcha des remparts pendant la nuit ; puis, dès la pointe du jour il attaqua la ville du côté opposé, au moment où les premiers rayons du soleil faisaient briller les armes que portaient ces figures. Les assiégés, persuadés qu’ils étaient pris par derrière, s’enfuirent dispersés, laissant la victoire à l’ennemi.


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31. Philippus. Il s’agit ici de Philippe, fils de Demetrius. Cf. Polyen, liv. iv, ch. 18, § 1 ; et Polybe, liv. xvi, ch. 10.

Le duc d’Anjou recourut à un moyen semblable pour s’emparer du château de Motrou. Après avoir fait amonceler de la terre au pied des murailles, et ouvrir une galerie de mine, de laquelle trois ouvriers jetaient non-seulement de la terre, mais encore quelques débris de pierres pour faire croire que les murs étaient déjà entamés, il envoya dire aux assiégés que les fortifications étaient minées, qu’on allait les faire sauter s’ils ne se rendaient pas sur-le-champ, et que, une fois l’assaut donné, les soldats ne feraient de quartier à personne.

Le général Légal usa aussi du même artifice devant la ville de Mouzon, en Lorraine.

32. Quatuor equites coronati. Cf. Polyen, liv. ii, ch. 4, § 1.

33. Oppidani captam urbem a tergo credentes. Le récit de Polyen (liv. vii, ch. 6, § 10) s’accorde avec celui de Frontin ; mais celui d’Hérodote (liv. i, ch. 84) est différent.


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