Les Stratagèmes (Frontin)/Trad. Bailly, 1848/Livre III/Chapitre III


Texte édité et traduit par Charles Bailly, 1848.
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III. Avoir des intelligences dans la place.

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1. Le consul Papirius Cursor, faisant le siége de Tarente, que défendait Milon avec une garnison d’Épirotes, promit à ce chef la vie sauve, pour lui et pour ses compatriotes, s’il lui facilitait la prise de la ville. Séduit par cette offre, Milon se fit envoyer en mission par les Tarentins vers le consul ; d’après les promesses qu’il rapporta, scellées par un traité, les habitants s’abandonnèrent à une trop confiante sécurité, et la ville, dès lors mal gardée, fut livrée à Papirius Cursor.

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2. Au siége de Syracuse, M. Marcellus, ayant gagné un certain Sosistrate, apprit de lui que la garde serait moins vigilante que de coutume pendant un jour de fête, où Épicyde devait faire au peuple des largesses de vin et de bonne chère. Ayant donc épié ce moment de plaisir et, par conséquent, de négligence, Marcellus franchit les remparts, égorgea les sentinelles, et ouvrit à l’armée romaine cette ville illustrée par d’éclatantes victoires.

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3. Tarquin le Superbe, ne pouvant se rendre maître de Gabies, envoya dans cette ville son fils Sextus, après l’avoir fait battre de verges. Celui-ci, se plaignant de la cruauté de son père, engagea les Gabiens à tirer profit de son ressentiment ; et, quand il fut investi du commandement de leur armée, il livra la ville à son père.

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4. Cyrus, roi de Perse, avait un courtisan d’une fidélité éprouvée, nommé Zopyre, qui, s’étant fait à dessein mutiler le visage, passa chez les ennemis. Il se plaignit des outrages dont il portait les marques, et on le crut irréconciliable ennemi de Cyrus, opinion qu’il confirma en se plaçant, dans toutes les rencontres, à la tête des combattants, et en dirigeant les décharges de traits contre Cyrus lui-même ; puis, lorsqu’on lui eut confié la défense de Babylone, il livra la ville à son roi.

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5. Philippe, à qui les habitants de Sana refusaient l’entrée de leur ville, corrompit Apollonius, leur chef, et l’engagea à placer dans l’ouverture même de l’une des portes, une voiture chargée de pierres de taille. Cet ordre exécuté, Philippe donna le signal de l’attaque, et défit par surprise les assiégés, qui étaient accourus en désordre pour fermer leur porte embarrassée.

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6. Annibal, assiégeant Tarente, alors défendue par une garnison romaine, sous le commandement de Livius, gagna un Tarentin nommé Cononée, qui, pour tromper les habitants, sortait la nuit sous prétexte d’aller à la chasse, ce que la présence de l’ennemi rendait impossible pendant le jour. Quand il était hors des murs, les Carthaginois lui fournissaient secrètement des sangliers, qu’il présentait ensuite à Livius comme provenant de sa chasse. Ces sorties, souvent renouvelées, éveillant de moins en moins l’attention, Annibal, une certaine nuit, déguisa des Carthaginois en chasseurs, et les mêla à ceux qui accompagnaient Cononée. Ils entrèrent dans la ville chargés de gibier, se jetèrent aussitôt sur les gardes et les égorgèrent ; ensuite ils brisèrent la porte, et introduisirent Annibal avec ses troupes, qui firent main basse sur tous les Romains, à l’exception de ceux qui s’étaient réfugiés dans la citadelle.

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7. Lysimaque, roi de Macédoine, faisait le siége d’Éphèse, et cette ville était secourue par Mandron, chef de pirates. Comme celui-ci amenait souvent au port ses vaisseaux chargés de butin, Lysimaque parvint à le gagner, et envoya avec lui les plus braves de ses soldats, que le pirate fit entrer dans Éphèse les mains liées, comme des prisonniers. Quelque temps après, ces mêmes hommes prirent des armes dans la citadelle, et livrèrent la ville à leur roi.


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13. P. Papirius Cursor, etc. Cf. Freinshemius, Suppléments à Tite-Live, liv. xiv, ch. 37-45.

14. Syracusanum quemdam Sosistratum. Plutarque (Vie de Marcellus, ch. xviii), Polyen (liv. viii, ch. 11) et Tite-Live (liv. xxv, ch. 23), disent que ce fut un certain Damippus, de Sparte, qui donna ces renseignements à Marcellus.

15. Tradidit patri Gabios. Le même fait est plus amplement rapporté ci-dessus, liv. i, ch. 1, § 4. — Voyez la note 4 du livre Ier.

16. Cyrus. Il y a ici erreur de l’auteur ou des copistes : il faut lire Darius et non Cyrus. — Voyez Hérodote, liv. iii, ch. 153 ; et Justin, liv. i, ch. 10.

17. Oppido Saniorum. Selon Pomponius Méla (liv. ii, ch. 3), Sane était une ville de Macédoine, près du promontoire Canastrée.

18. Cononeum. Tite-Live (liv. xxv, ch. 8 et 9) et Polybe (liv. viii, ch. 20) attribuent cette trahison à deux Tarentins, qu’ils nomment Nicon et Philémène. Le récit de Tite-Live est très-intéressant.


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