Les Siècles morts/La Mort de Kalanos

Les Siècles mortsAlphonse Lemerre éd.II. L’Orient grec (p. 31-45).

 
Pour quel grand sacrifice, ô noble Ptolomée,
Dressas-tu le bûcher dans la plaine embaumée ?
Quel prince, quel ami, chef des guerriers nombreux,
Tombé comme un héros dans les combats poudreux,
A clos le noir destin de ses jours vénérables
Et sur le dernier lit de palmiers et d’érables,
Parmi les tourbillons de fumée et de feu,
Sans vie et triomphant sous le ciel vaste et bleu,
Livre au vent étranger les cendres de sa gloire ?

Funèbre pompe ! ô jeux sanglants de la victoire !

L’armée entière est là. Jusques à l’horizon
Palpitait un immense et lumineux frisson

D’or, de pourpre, d’airain sur le front des phalanges ;
Et de leurs rangs pressés couvrant deux parasanges,
Les bataillons royaux, alignés au soleil,
Autour du haut bûcher semblaient un mur vermeil.

Et l’aube étincelait sur l’argent des cuirasses ;
Et dans le ciel joyeux de grands oiseaux voraces
Rétrécissaient déjà les cercles de leur vol,
Tandis que lent, pieux, grave, ébranlant le sol
Du sourd piétinement de sa marche confuse,
Un cortège émergeait des portes d’or de Suse.

Comme au jour glorieux d’un triomphe royal,
Embouchant tour à tour le clairon martial,
Cent cavaliers, de ceux que l’Inde a vus naguère,
Précédaient l’escadron des éléphants de guerre,
Qui, les pieds ceints d’anneaux, traînaient sur les gazons
L’airain souple et bruyant de leurs caparaçons.
Puis, attelés de bœufs, roulaient des chars sans nombre
Qu’un amas de joyaux et de trésors encombre,
Des vases, des colliers, de riches vêtements
Brodés de bleus saphirs et de clairs diamants,
Et des coffres épais, lourds de dons volontaires,
Où métaux bruts, talents, dariques et statères
Résonnaient comme font aux antres souterrains
Les galets entraînés qu’usent les flots marins.

Sabots peints, crins dorés, retenu par la bride,
Un coursier de Nysa, fils du désert aride,

Marche superbe et seul, humant de ses naseaux
Les parfums de la plaine et la fraîcheur des eaux.
Nul cavalier, n’étreint le flanc libre et sans taché
Du cheval au poil blanc où la lumière attache
De soyeuses lueurs et des reflets rosés,

Mais par derrière encor, sous les rideaux croisés,
Une litière basse approche et se balance
Aux bras de huit porteurs qu’accompagne en silence
L’élite des Parents et des Chefs. Est-ce un Roi,
Un Satrape mitre que suit un vague effroi,
Est-ce un Dieu qui s’avance, est-ce Alexandre même
Qui dérobe aux mortels dans une ombre suprême
L’héroïque splendeur de sa divinité ?
Bakkhos va-t-il surgir sous le voile écarté ?
Et la crainte déjà courbe les fronts barbares,
Et les trompes de bronze éveillent leurs fanfares,
Et le vaste fracas des boucliers heurtés,
Comme un orage au ciel, roule aux quatre cotés.

La litière immobile, étroite et toujours close,
Rayonnante au soleil, près du bûcher repose.
Et les rideaux fermés s’écartent, et voici
Qu’un vieillard apparaît, pâle, faible, transi.
Ptolémée est son guide et soutient par l’aisselle
L’ancêtre vénéré qui fléchit et chancelle
Et d’un pas indécis monte les noirs degrés
Du gigantesque amas d’arbres démesurés.

La foule en se taisant contemple l’humble ascète,
Silencieux, courbé, seul et nu sur le faîte.
L’encens mêle sa brume aux flots du népenthès
Autour de Kalanos qu’on nomme aussi Sphinès.
Et lui, le vénérable et l’antique Brahmane,
Dans l’abîme incréé d’où la Sagesse émane
Pour la dernière fois plonge et ne voit plus rien.
Un songe séculaire a rompu le lien
De sa pensée inerte et de son corps sans force.
Sa peau brune, ridée, est comme une âpre écorce
Au tronc d’un arbre mort que la flamme a léché.
Ses cheveux, au sommet du crâne desséché,
Noués d’un cordeau jaune et relevés en gerbe,
Se dressent, gris et drus, comme une touffe d’herbe
Qu’un troupeau vagabond dédaigne en s’éloignant.
Les ongles acérés percent son poing saignant ;
De sa poitrine maigre aux côtes de squelette
S’échappe un court soupir qui faiblit et halète ;
Et sur ses reins ployés se tord un vil lambeau.

Et Kalanos s’appuie aux poutres du tombeau.
Il hésite ; son œil s’entrouvre et se referme.
Mais soudain, sans trembler, haussant sa taille ferme,
Le vieillard se relève et d’un suprême effort
Oppose un sein robuste au souffle de la mort.
Tel, aux pentes des monts, le pin, chargé de neige,
S’incline en frémissant sous le vent qui l’assiège
Et se redresse encor jusqu’au dernier assaut,

Sphinès, connue un dormeur s’éveillant en sursaut,
Semble croître et planer dans l’air qui s’illumine.
Les bras levés aux cieux pour bénir, il domine
L’armée étincelante et le peuple attentif.
Son œil s’éclaire et luit du rayon primitif
Et son corps, épuisé par le jeûne ascétique,
Refleurit au baiser de la jeunesse antique.
Il parle, il te salue, aube du dernier jour !
Trompeuses visions qui fuyez tour à tour,
Illusoires clartés des mornes espérances,
Le Brahmane expirant jette à vos apparences
L’irrévocable adieu du sage délivré.
Et tandis que la mort blanchit son front sacré,
Tandis que sur sa bouche une suprême haleine
Excite encor le bruit de la parole humaine,
Les abeilles des Dieux, dans leur vol diligent,
Comme au cœur embaumé d’un nymphæa d’argent,
Recueillant le miel pur de ses lèvres décloses,
L’emportaient vers l’abîme et le néant des choses.

Et la voix du vieillard montait pieusement
De la terre oubliée au divin firmament :

— Contemplez Kalanos, hommes du sol Hellène,
Hommes des grands pays qu’Alexandre foula,
Voici le Pénitent qui déserta la plaine,
Le Pénitent vieilli venu de Taxila.
Le poids d’un siècle entier m’accable. Voici l’heure

De secouer la cendre au seuil de la demeure
Et d’entrer sans frémir dans l’invisible lieu.
Puisque mon corps, lassé des travaux et des rites,
Rejette le haillon de mes chairs décrépites,
Vents purificateurs, soufflez ! Jaillis, ô feu !

O Roi, Guerriers, Amis, Peuple, je vous salue !
Soleil, Œil de Brahma, Lune aux aspects divers,
Effort manifesté de la forme absolue,
Prajâpati, miroir du mobile Univers,
Salut ! Retraite sainte où, l’âme inassouvie,
Près du Rîchi pieux je t’ai longtemps suivie,
Route de la Doctrine ! ô forêt où le sal
Laissait filtrer l’aurore entre ses feuilles vertes
Et prêtait à l’ascète aux longs rêves inertes
L’impénétrable abri de son dais colossal !

La neige des hivers, au pays des Sept Fleuves,
Compta pour Kalanos, solitaire et priant,
Les ans de pénitence et le temps des épreuves,
Voici que de mes yeux, tournés vers l’Orient,
Un impalpable doigt fait tomber les écailles.
La Sagesse est assise au lit des funérailles,
Et mon âme est pareille à tous les flots épars,
Indistincts et mêlés dans un unique abîme.
Je suis l’autel, le feu, le prêtre et la victime,
Le sacrifice entier et les multiples parts.

Heureux l’homme qui meurt nourri de connaissance !
Dans le feu du bûcher il est le feu qui luit ;
Son corps est le grand Corps, son essence est l’Essence ;
Il est le Dieu semblable au Dieu qu’il a produit.
Heureux qui, retiré dans la forêt mystique,
A retenu le souffle en sa gorge ascétique,
Et, veillant ou dormant, offrant l’acte immortel,
L’oblation sans fin seule à jamais féconde,
N’ouvrit pour respirer sa poitrine profonde
Qu’au souffle assimilé de l’Être universel !

Être ! Atman ! ô Brahma, principe et fin des choses,
Ame éternelle au sein des songes satisfaits,
Matrice illimitée où s’engendrent les causes,
Tombeau de la nature et gouffre des effets,
Atman qui fais jaillir de nos cœurs périssables
La source de l’esprit comme une eau dans les sables,
Atman mystérieux, sans forme, qui surgis
Tel que l’air, l’ouragan, la foudre, l’éclair blême,
C’est toi qui, dégageant d’en bas l’Homme suprême,
Guides le Pourousha vers les cieux élargis !

Toi que j’ai médité sous le figuier des sages,
Atman, révèle-toi dans tous tes éléments !
Agni, les eaux, l’éther, le ciel et les nuages,
Les horizons pourprés et les astres cléments,
La terre, l’atmosphère et la splendeur et l’ombre

Sont des retraits d’un jour pour tes formes sans nombre.
Tu vois, connais, entends et n’es pas entendu,
Et ton essence unique, emplissant la nature,
Pense, agit, se dissout, l’absorbe et la sature
Comme une eau transparente où le sel a fondu.

Brahma, cet univers conçu par ta pensée,
C’est toi, l’insaisissable, étant tout, n’étant rien,
Sans ombre, sans couleur, sans parole énoncée,
Ni subtil, ni solide, infini, sans soutien,
Indra, Prajâpati, les Dieux, les Cinq Grands Etres,
C’est toi ! L’Intelligent qui meus et qui pénètres
Tout ce qui naît, grandit, vole ou rampe : garçon,
Vierge, mâle, animaux, fleuves, arbres, semences,
C’est toi ! Primordial qui finis et commences,
Toi qu’en prononçant Om j’honore avec le son !

L’Univers était vide et Brahma solitaire,
Et la peur le mordait comme un homme égaré,
Quand tu t’offris soudain, fille de son mystère,
Première et belle épouse, à son baiser sacré.
Puis tour à tour génisse aux yeux profonds et chastes,
Jument, chèvre et brebis, tu livras tes flancs vastes
Aux assauts du taureau, du bouc, de l’étalon,
Tandis que, rejetons des divines étreintes,
Les couples primitifs peuplaient les terres saintes.
Et le Sôma broyé coula sous le pilon.

O temps où l’Œuf du monde entr’ouvrant sa coquille,
Formant cet Univers de sa moitié d’argent
Et de sa moitié d’or le Ciel lointain qui brille,
Fit jaillir l’Embryon dont le corps est changeant
Et dont les monts ridés semblent la pellicule,
Soleil qui nais et meurs au double crépuscule,
Suivi par les désirs dans ton essor divin !
Tout est la fleur du rêve et le fruit du mensonge,
Et la création que la Maya prolonge
N’est que l’inanité de tout ce qui fut vain.

Heureux qui sait ! Heureux qui pense et persévère !
Heureux qui voit fleurir en son cœur absorbé
Les vives Facultés et le Manas sévère
Comme un bourgeon récent sur un rameau courbé !
Heureux l’homme que mène, en sa marche indécise,
La Buddhi vénérable au char de l’Ame assise !
Heureux qui, de l’abîme écartant les barreaux,
Parcourt le noir chemin des cercles concentriques
Et comme des couloirs d’un grand palais de briques,
Éclatant et subtil, sort des quatre Fourreaux !

Il entre, pourousha, dans l’univers du Rêve,
Ainsi qu’un voyageur au regard ébloui,
Qui voit, lorsque l’aurore au front des monts se lève,
Des pays merveilleux s’étendre autour de lui.
Les lacs et les étangs, d’une onde ensoleillée

Ne dorent point le sein de la morne vallée.
Mais lui, qui voit blanchir des lacs et des étangs,
De son illusion suit la beauté diverse.
Il a créé des eaux ; il boit, il nage et berce
Ses membres rafraîchis parmi les joncs flottants.

Devant lui, pour lui seul, l’essaim des belles femmes
Tourne, tourne en cadence avec des rires frais.
La prompte volupté brûle ses yeux en flammes ;
Le désir palpitant l’entraîne aux bois secrets
Où, jeune, parfumée, étincelante et nue,
L’Amante le ravit d’une ivresse inconnue.
Et soudain rien n’est plus dans la dormante paix,
Rien n’est plus, ni le Temps, les Sens ni les Trois Mondes ;
Et la nuit du néant roule ses lourdes ondes
Sur les Védas perdus dans un brouillard épais.

Brahma ! tel est l’instant promis à la sagesse.
Quand tout s’efface et meurt, en toi-même aboli,
Réalité, science, âme, pleurs, allégresse,
Qu’êtes-vous, flots troublés d’un océan d’oubli ?
Brahma ! l’homme égaré, dont le cœur vil t’ignore,
Erre toujours sans but dans l’abîme incolore,
Au vent impur et froid de l’instabilité.
Sous la peau des lézards, des vers et des couleuvres,
Il traîne son destin au sentier de ses œuvres,
Dans la vie et la mort à jamais ballotté.

Mais celui que l’extase et la pensée enivrent,
Qui vers l’Inconnaissable a tendu son effort,
Le prisonnier des sens que les rêves délivrent,
Qui par l’inaction pénètre dans la mort,
Celui-là, dégageant son essence éternelle
Des fragiles liens de la forme charnelle,
Bienheureux Brahmavid, de pureté vêtu,
Voit naître en lui le Dieu qu’il perçut en idée
Et, l’âme de science et de joie inondée,
Plonge au sein du Seigneur sans vice et sans vertu.

Là, s’unissent enfin l’esprit et la matière,
Comme un flot sans couleur se mêle à d’autres flots.
Là, comme un feu brillant, la Connaissance entière
Illumine le vide où le monde est enclos.
Là, parfait, sans désirs, sans amour, sans vengeance,
Inerte, intelligent et sans intelligence,
Brahma rêve et réside au cœur de l’Absolu ;
Et le Sage, échappé du filet illusoire,
Vers le monde où Brahma transparaît dans sa gloire
Monte l’échelle d’or du pénitent élu.

Les cinq cents Apsaras aux radieux sourires
L’accueillent, présentant des rameaux ou des fleurs.
Les unes, sans parler, offrant de doux collyres,
Effacent de ses yeux l’amer sillon des pleurs.
D’autres, au vol léger dont l’essaim l’environne,

Sur son front rajeuni font briller la couronne
Ou, d’une main pudique écartant ses haillons,
Couvrent son corps sacré de la robe divine
Dont l’éclat est plus vif et la gaze plus fine
Que les ailes d’azur et d’or des papillons.

Il va sans avirons sur le Lac qu’il traverse.
Le Temps fuit ; le jour naît et de l’arbre Ilya
Tombe, en le pénétrant, l’intarissable averse
Des mystiques parfums qu’Agni multiplia.
Le Rempart du Bonheur sur l’imprenable roche
Baisse son pont d’ivoire et s’ouvre à son approche.
Et lui, dans l’ombre rose où flotte une clarté,
Sous le parasol d’or et le frisson des palmes,
Voyant soudain le Dieu sans limite, aux yeux calmes,
Roule et s’anéantit dans la Divinité.

Brahma ! Brahmal Brahma ! Tel, de ta bouche sainte,
Kalanos devant tous révélant le secret,
A ton brasier vivant livre son âme éteinte.
Brahma ! tel un plongeur sur les flots reparaît,
Tel je sors de la vie et des choses changeantes.
O Dieux, Marouts puissants aux ailes indulgentes,
Emportez-moi ! Jaillis du noir bûcher, Agni !
Pareil à Varouna sur les coteaux célestes,
De ma chair en lambeaux viens dévorer les restes,
Soleil du sacrifice, Œil du ciel infini ! —


L’ascète avait parlé. Morne et silencieuse,
La foule, méditant la voix mystérieuse,
Vague et dernier écho d’un abîme inconnu,
Regardait Kalanos debout, tremblant et nu,
La coupe ronde en main, asperger d’une eau pure
Son corps émacié que la mort transfigure,
D’un fer rapide et froid trancher, selon les vœux,
Une mèche d’argent parmi ses blancs cheveux,
Et, grave observateur des rites funéraires,
D’un geste suppliant l’offrir aux Dieux contraires.
Tandis que sur sa lèvre en un souffle léger
L’abeille des Védas semble encor voltiger,
Il s’agenouille ; il chante ; une extase dernière
Fait sur sa bouche ouverte hésiter la prière ;
Et, tournant son visage au soleil matinal,
Kalanos de la main jette un joyeux signal.

Les torches de résine aux quatre angles brandies
Font autour du bûcher courir quatre incendies.
La flamme obscure, lourde et rampant tout d’abord,
Lèche le bois rugueux, l’étreint, siffle, se tord
Comme un serpent marbré dans d’humides broussailles.
La fumée à grands flots s’échappe des entrailles
Du brasier, s’étend, roule, et de ses tourbillons
Le feu dévorateur jaillit.

                                        D’ardents sillons
De bitume embrasé rongent les palissades.

La poix brûlante fond et ruisselle en cascades
Et la flamme montant de degrés en degrés
Jusqu’au rouge sommet s’élance en jets pourprés.

Alors, des rangs prochains de l’armée, une haute
Et lugubre clameur emplit l’air. Côte à côte,
Chefs et soldats, les yeux en pleurs, les bras tendus,
Vers les chars des trésors se ruaient éperdus.
Comme précipités par un vaste délire,
Ils couraient vers la flamme où soudain semblaient luire
Des avalanches d’or et de brûlants rubis.
Vases, colliers, joyaux, agrafes des habits,
Tout, au hasard lancé, sombrait au gouffre avide.
Les statères pleuvaient comme un métal liquide
Qui tombe en bouillonnant du creuset d’un fondeur ;
Et de la dévorante et blanche profondeur
Un fleuve en fusion, par nappes éclatantes,
Sur le sol crépitant s’épanchait vers les tentes.

Excité par les cris, par mille bras poussé,
Le cheval de Nysa tend son col convulsé,
Hume l’acre parfum, dresse sur l’encolure
Ses’ crins épouvantés que roussit la brûlure,
Recule, ivre d’effroi, se cabre en hennissant,
Et fou, ses flancs neigeux tachés d’un noble sang,
Bondit et disparaît dans le brasier farouche.

Trompe aux accents d’airain que le héraut embouche,
Résonne dans l’espace ! Éclatez, ô clameurs !

Comme aux jours de bataille, unissez vos rumeurs
Aux brefs crépitements de la flamme, aux cris rudes
Des éléphants armés chargeant les multitudes !
Devant l’autel funèbre inclinez, ô guerriers,
Vos fronts respectueux, ceints des anciens lauriers,
Et saluez d’un chant résigné, triste, austère,
L’ascète évanoui dans la mort volontaire !

Kalanos, libre et fier, triomphe et livre au vent
L’inconsistant lambeau qui fut son corps vivant.
Et son âme, plongée en la Pensée unique,
S’envole avec le feu vers l’Ame inorganique
Où tout revient, nature, être, astres radieux,
Nombre, forme et sujet, se perdre avec les Dieux.