Charpentier et Fasquelle (p. 1-54).


ACTE PREMIER


La scène est coupée en deux par un vieux mur moussu et tout enguirlandé de folles plantes grimpantes. À droite, un coin du parc de Bergamin ; à gauche, un coin du parc de Pasquinot. De chaque côté, contre le mur, un banc.

Quand le rideau se lève, Percinet est assis sur la crête du mur, ayant, sur son genou, un livre, dont il donne lecture à Sylvette, attentive, debout sur le banc, de l’autre côté du mur, auquel elle s’accoude.



Scène première

SYLVETTE, PERCINET
Sylvette

Ah ! Monsieur Percinet, mais comme c’est donc beau !

Percinet

N’est-ce pas ?… Écoutez répondre Roméo :
Il lit.
« C’est l’alouette, Amour, je te dis que c’est elle !
« Vois, le bord des vapeurs légères se dentelle,
« Et là-bas, au sommet rose du mont lointain,
« Sur le bout de son pied se dresse le matin !
« Il faut fuir… »

Sylvette, vivement, prêtant l’oreille.

« Il faut fuir… » Chut !

Percinet, écoute un instant, puis :

« Il faut fuir… » Chut !Personne ! Ainsi, Mademoiselle,
Ne prenez pas ces airs effarouchés d’oiselle
Qui de la branche, au moindre bruit, va s’envoler…
Écoutez les Amants Immortels se parler :
Elle : « Amour, amour cher, non, ce n’est pas l’aurore,
« Mais c’est, pour éclairer ta fuite, un météore ! »
Lui : « Puisqu’elle le veut, eh bien, soit ! ce n’est point
« L’alouette qui chante et l’aurore qui point :
« Ce reflet, c’est le tien, Cynthia, dans la nue !
« Vienne la Mort, la Mort sera la bienvenue ! »

Sylvette

Oh ! non, je ne veux pas qu’il parle de cela,
Ou bien je vais pleurer…

Percinet

Ou bien je vais pleurer…Alors, restons-en là !
Et, jusques à demain refermant notre livre,
Laissons, puisqu’il vous plaît, le doux Roméo vivre.

Il ferme le livre et regarde tout autour de lui.

Quel adorable endroit, fait exprès, semble-t-il,
Pour s’y venir bercer aux beaux vers du grand Will !

Sylvette

Oui, ces vers sont très beaux, et le divin murmure
Les accompagne bien, c’est vrai, de la ramure,
Et le décor leur sied, de ces ombrages verts ;
Oui, Monsieur Percinet, ils sont très beaux, ces vers !
Mais ce qui fait pour moi leur beauté plus touchante,
C’est que vous les lisez de votre voix qui chante.

Percinet

La vilaine flatteuse !

Sylvette, soupirant.

La vilaine flatteuse ! Ah ! pauvres amoureux !
Que leur sort est cruel, qu’on fut méchant pour eux !
Avec un soupir.
Ah ! je pense…

Percinet

Ah ! je pense… À quoi donc ?

Sylvette, vivement.

Ah ! je pense… À quoi donc ? À rien !..

Percinet

Qui vous a fait soudain devenir toute rÀ quelque chose
Qui vous a fait soudain devenir toute rose !

Sylvette, de même.

À rien !…

Percinet, la menaçant du doigt

À rien !…Oh ! la menteuse… aux yeux trop transparents !
Je le vois, à quoi vous pensez !…

Baissant la voix.

Je le vois, à quoi vous pensez !… À nos parents !

Sylvette

Peut-être…

Percinet

Peut-être…À votre père, au mien, à cette haine
Qui les divise !

Sylvette

Qui les divise !Eh ! oui, c’est là ce qui me peine
Ce qui me fait pleurer en cachette, souvent.
Lorsque, le mois dernier, je revins du couvent,

Mon père, me montrant le parc de votre père,
Me dit : « Ma chère enfant, tu vois là le repaire
De mon vieil ennemi mortel, de Bergamin.
De ce gueux, de son fils, détourne ton chemin ;
Promets-moi bien, sinon, vois-tu, je te renie,
D’être, pour ces gens-là, toujours, une ennemie,
Car, de tous temps, les leurs ont exécré les tiens ! »
J’ai promis… Vous voyez, Monsieur, comme je tiens.

Percinet

Et n’ai-je pas promis à mon père, de même,
De vous haïr toujours, Sylvette ? — et je vous aime !

Sylvette

Sainte Vierge !

Percinet

Sainte Vierge !Et je t’aime, enfant !

Sylvette

Sainte Vierge ! Et je t’aime, enfant !C’est un péché !

Percinet

Un gros… que voulez-vous ? Plus on est empêché

D’aimer quelqu’un, et plus il vous en prend l’envie.
Sylvette, embrassez-moi !

Sylvette

Sylvette, embrassez-moi !Mais jamais de la vie !

Elle saute du banc et s’éloigne.
Percinet

Vous m’aimez cependant !

Sylvette

Vous m’aimez cependant !Que dit-il ?

Percinet

Vous m’aimez cependant ! Que dit-il ?Chère enfant,
Je dis ce dont encor votre cœur se défend,
Mais ce dont plus longtemps douter serait un leurre !
Je dis… ce que vous-même avez dit tout à l’heure,
Oui, vous-même, Sylvette, en comparant ainsi
Les Amants de Vérone aux deux enfants d’ici.

Sylvette

Je n’ai pas comparé !…

Percinet

À ceux de Juliette et deSi !… Mon père et ton père
À ceux de Juliette et de Roméo, chère !
C’est pourquoi Juliette et Roméo c’est nous,
Et c’est pourquoi nous nous aimons comme des fous !
Et je brave à la fois, malgré leur haine aiguë,
Pasquinot-Capulet, Bergamin-Montaiguë !

Sylvette, se rapprochant un peu du mur.

Alors, nous nous aimons ? Mais, Monsieur Percinet,
Comment ça s’est-il fait si vite ?…

Percinet

On ne sait pas comment, pourquoi,L’amour naît,
On ne sait pas comment, pourquoi, quand il doit naître.
Je vous voyais souvent passer de ma fenêtre…

Sylvette

Moi de même…

Percinet

Moi de même…Et nos yeux causaient en tapinois.

Sylvette.

Un jour, là, près du mur, je ramassais des noix,
Par hasard…

Percinet

Par hasard…Par hasard, là, je lisais Shakespeare ;
Et — pour unir deux cœurs vois comme tout conspire…

Sylvette.

Le vent fit envoler, psst !… chez vous, mon ruban !

Percinet

Pour le rendre, aussitôt, je grimpai sur le banc…

Sylvette, grimpant.

Je grimpai sur le banc…

Percinet

Je grimpai sur le banc…Et depuis lors, petite,
Chaque jour je t’attends, et chaque jour plus vite
Bat mon cœur lorsqu’enfin monte, signal béni !
Là, derrière le mur, ton doux rire de nid,

Qui ne s’achève pas sans que ta tête émerge
Du fouillis frémissant de folle vigne vierge !

Sylvette

Puisque nous nous aimons, il faut nous fiancer.

Percinet

C’est à quoi justement je venais de penser.

Sylvette, solennellement.

Dernier des Bergamin, c’est à toi que se lie
La dernière des Pasquinot !

Percinet

La dernière des Pasquinot !Noble folie !

Sylvette

On parlera de nous dans les âges futurs !

Percinet

Oh ! trop tendres enfants de deux pères trop durs !

Sylvette

Mais, qui sait, mon ami, peut-être l’heure tinte
Où Dieu veut que, par nous, leur haine soit éteinte ?

Percinet

J’en doute.

Sylvette

J’en doute.Moi, j’ai foi dans les événements,
Et j’entrevois déjà cinq ou six dénoûments
Très possibles.

Percinet

Très possibles.Vraiment, et lesquels ?

Sylvette

Très possibles. Vraiment, et lesquels ?Mais suppose
— Dans plus d’un vieux roman j’ai lu pareille chose —
Que le Prince Régnant vienne à passer un jour…
Je cours le supplier, lui conte notre amour,
Que nos pères entre eux ont une vieille haine…
— Un roi maria bien don Rodrigue et Chimène —
Le Prince fait venir mon père et Bergamin,
Et les réconcilie…

Percinet

Et les réconcilie…Et me donne ta main !

Sylvette.

Ou bien, cela s’arrange ainsi que dans Peau d’Âne.
Tu dépéris, un sot médecin te condamne…

Percinet

Mon père me demande, affolé : « Que veux-tu ? »

Sylvette.

Tu dis : « Je veux Sylvette ! »

Percinet

Tu dis : « Je veux Sylvette ! »Et son orgueil têtu
Est contraint de fléchir !

Sylvette.

Est contraint de fléchir !Ou bien, autre aventure :
Un vieux duc, ayant vu de moi quelque peinture,
M’aime, envoie un superbe écuyer, en son nom,
M’offrir d’être duchesse…

Percinet

M’offrir d’être duchesse…Alors, tu réponds : « Non ! »

Sylvette.

Il se fâche : un beau soir, dans quelque sombre allée
Du parc, où pour rêver à toi je suis allée,
On m’enlève !… Je crie !…

Percinet

On m’enlève !… Je crie !…Et je ne tarde point
À surgir près de toi ; je mets la dague au poing,
Me bats comme un lion, pourfends…

Sylvette.

Me bats comme un lion, pourfendsTrois ou quatre hommes.
Mon père accourt, te prend dans ses bras ; tu te nommes ;
Alors, il s’attendrit, me donne à mon sauveur,
Et ton père consent, tout fier de ta valeur !

Percinet

Et nous vivons longtemps et très heureux ensemble !

Sylvette.

Et tout cela n’a rien d’impossible, il me semble ?

Percinet, entendant du bruit.

On vient !

Sylvette, perdant la tête.

On vient !Embrassons-nous !

Percinet, l’embrassant.

On vient ! Embrassons-nous !Et ce soir même, ici,
À l’heure du Salut, tu viendras, dis ?

Sylvette.

À l’heure du Salut, tu viendras, dis ?Non.

Percinet

À l’heure du Salut, tu viendras, dis ? Non.Si !

Sylvette, disparaissant derrière le mur

Ton père !

Percinet saute vivement à bas du mur.



Scène II


SYLVETTE, descendue du mur et, par conséquent, invisible à Bergamin, PERCINET, BERGAMIN.
Bergamin.

Seul, en ceAh ! je vous prends à rêvasser encore.
Seul, en ce coin de parc ?

Percinet

Seul, en ce coin de parc ?Mon père, je l’adore,
Ce coin de parc !… J’adore être assis sur ce banc
Que la vigne du mur abrite en retombant !…
Voyez-vous comme elle est gracieuse, la vigne ?
Remarquez ces festons d’une arabesque insigne.
On est si bien ici pour respirer l’air pur !

Bergamin.

Si bien devant ce mur ?

Percinet

Si bien devant ce mur ?Je l’adore, ce mur !

Bergamin.

Je ne vois pas ce que ce mur a d’adorable.

Sylvette, à part.

Il ne peut pas le voir !

Percinet

Il ne peut pas le voir !Mais il est admirable,
Ce vieux mur, crêté d’herbe ; enguirlandé, couvert
Ici de vigne rouge, ici de lierre vert,
Là de glycine mauve aux longues grappes floches,
Et là de chèvrefeuille, et là d’aristoloches !
Ce vieux mur centenaire et croulant, dont les trous
Laissent pendre au soleil d’étranges cheveux roux,
Qui de petites fleurs charmantes se constelle,
Ce mur sur qui la mousse est d’une épaisseur telle
Qu’il fait à l’humble banc scellé dans sa paroi
Un dossier de velours comme au trône d’un roi !

Bergamin.

Ta ! ta ! ta ! Voudrais-tu, blanc-bec, me faire accroire
Que tu viens ici pour les beaux yeux du mur ?

Percinet

Que tu viens ici pour les beaux yeux du mur ?Voire,
Pour les beaux yeux du mur !…

Tourné vers le mur.

Pour les beaux yeux du mur !…qui sont de bien beaux yeux
Frais sourires d’azur, doux étonnements bleus,
Fleurs profondes, clairs yeux, vous êtes nos délices,
Et si jamais des pleurs emperlent vos calices,
D’un seul baiser nous les volatiliserons !…

Bergamin.

Mais le mur n’a pas d’yeux !

Percinet

Mais le mur n’a pas d’yeux !Il a les liserons.

Et, gracieux, il en présente un, prestement cueilli, à Bergamin.
Sylvette.

Est-il spirituel, doux Jésus !

Bergamin.

Est-il spirituel, doux Jésus !Est-il bête !
Mais je connais ce qui te fait perdre la tête.

Mouvement d’effroi de Percinet et de Sylvette.

Tu viens lire en cachette !

Il prend le livre qui sort de la poche de Percinet, et regarde le dos.

Tu viens lire en cachette !Et du théâtre !…

Il l’ouvre et le laisse tomber avec horreur.

Tu viens lire en cachette ! Et du théâtre !…En vers !
Des vers !… Voilà pourquoi, la cervelle à l’envers,
Vous rêvez, vous errez, évitant les approches,
Pourquoi vous me venez parler d’aristoloches,
Et pourquoi vous voyez des yeux bleus à ce mur !
Un mur n’a pas besoin d’être joli, — mais sûr !
Je vais faire enlever toutes ces choses vertes
Qui pourraient nous cacher quelques brèches ouvertes,
Et, pour mieux nous garder d’un voisin insolent,
Remaçonner ce pan, bâtir un beau mur blanc,
Bien blanc, bien net, bien propre ; au lieu… d’aristoloches,
Le garnir, dans le plâtre ayant fait des encoches,
De tessons de bouteille au tranchant acéré
Qu’on verra s’en aller en bataillon serré…

Percinet

Oh ! grâce !

Bergamin.

Oh ! grâce !Pas de grâce !… Ainsi je le décrète !
Tout le long, tout le long, tout le long de la crête !

Sylvette et Percinet, consternés.

Oh !

Bergamin, s’asseyant sur le banc.

Oh !Çà, causons !

Il se relève et s’éloigne du mur avec un air soupçonneux.

Mais, hum !… les murs, s’ils n’ont pas d’yeux,
Ont des oreilles !

Il fait le mouvement de monter sur le banc. Effroi de Percinet. Au bruit, Sylvette se fait toute petite derrière le mur, mais Bergamin renonce, après une grimace que lui arrache quelque vieille douleur, et fait signe à son fils de monter à sa place, et de regarder.

Ont des oreilles !Vois si quelque curieux…

Percinet, grimpant lestement sur le banc et se penchant au-dessus du mur bas à Sylvette, qui aussitôt s’est redressée.

À ce soir !

Sylvette, lui donnant sa main qu’il baise — tout bas.

J’y serai !Je viendrai devant que l’heure sonne.

Percinet, de même.

J’y serai !

Sylvette, de même.

J’y serai !Je t’adore !

Bergamin, à Percinet.

J’y serai ! Je t’adore !Eh bien ?

Percinet, sautant à terre et à voix haute.

J’y serai ! Je t’adore ! Eh bien ?Eh bien, — personne !

Bergamin, rassuré, se rassied.

Alors, causons… Mon fils, je veux vous marier.

Sylvette.

Ah !

Bergamin.

Ah !Qu’est-ce ?

Percinet

Ah ! Qu’est-ce ?Rien.

Bergamin.

Ah ! Qu’est-ce ? Rien.On vient de faiblement crier.

Percinet, regardant en l’air.

Quelque oiselet blessé…

Sylvette.

Quelque oiselet blessé…Hélas !…

Percinet

Quelque oiselet blessé…Hélas !…dans la ramure !…

Bergamin.

Or donc, mon fils, après réflexion très mûre,
J’ai fait pour vous un choix.

Percinet, remonte en sifflant.

J’ai fait pour vous un choix.Tu ! tu !

Bergamin, après un instant de suffocation, le suivant.

J’ai fait pour vous un choix. Tu ! tu !Je suis têtu,
Et je vous forcerai, Monsieur…

Percinet, redescendant.

Et je vous forcerai, Monsieur…Tu ! tu ! tu ! tu !

Bergamin.

Voulez-vous bien finir de siffler, mauvais merle !…
Une femme encor jeune, et très riche, — une perle !

Percinet

Et si je n’en veux pas de votre perle !

Bergamin.

Et si je n’en veux pas de votre perle !Attends !
Je m’en vais te montrer, polisson !…

Percinet, rabaissant la canne levée de son père.

Je m’en vais te montrer, polisson !…Le Printemps
A rempli les buissons, mon père, de bruits d’ailes,
Et les sources des bois voient s’abattre auprès d’elles
Des couples de petits oiseaux se caressant…

Bergamin.

Impudique !

Percinet, même jeu.

Impudique !Tout rit et fête Avril récent ;
Les papillons…

Bergamin.

Les papillons…Pendard !

Percinet
Percinet, même jeu.

Les papillons… Pendard !à travers champs essaiment,
Pour aller épouser toutes les fleurs qu’ils aiment !…
L’Amour…

Bergamin.

L’Amour…Bandit !

Percinet

L’Amour… Bandit !met tous les cœurs en floraison…
Et vous me voulez voir marié de raison !

Bergamin.

Oui, certes, garnement !

Percinet, d’une voix vibrante.

Oui, certes, garnement !Eh bien, non, non, mon père !
Je jure… sur ce mur — qui m’entend, je l’espère ! —
Que je me marierai si romanesquement,
Que l’on n’aura jamais vu dans aucun roman
Quelque chose de plus follement romanesque !

Il se sauve en courant.
Bergamin, courant après lui.

Oh ! je t’attraperai !



Scène III

SYLVETTE, puis PASQUINOT.
Sylvette, seule.

Oh ! je t’attraperai !Vraiment, je conçois presque
La haine de papa pour ce méchant…

Pasquinot, entrant à gauche.

La haine de papa pour ce méchant…Eh bien,
Que fait-on par ici, Mademoiselle ?

Sylvette.

Que fait-on par ici, Mademoiselle ?Rien.
On se promène.

Pasquinot.

On se promène.Ici ! seule ! Mais, malheureuse !…
Vous n’avez donc pas peur ?

Sylvette.

Vous n’avez donc pas peur ?Je ne suis pas peureuse.

Pasquinot.

Seule près de ce mur !… Mais je vous le défends,
D’approcher de ce mur ! Mais, imprudente enfant,
Regarde bien ce parc : tu vois là le repaire
De mon vieil ennemi mortel !…

Sylvette.

De mon vieil ennemi mortel !…Je sais, mon père.

Pasquinot.

Et tu viens t’exposer à des mots outrageants,
À des ?… Sait-on de quoi sont capables ces gens ?

Si ce gueux, ou son fils, connaissaient que ma fille
Vient seule rêvasser dessous cette charmille…
Oh ! rien que d’y penser, je me sens frissonner !
Mais je vais le barder, le caparaçonner,
Ce mur, le hérisser de fer pour qu’on s’éventre,
Qu’on s’empale, en voulant le franchir, et qu’on s’entre,
Rien qu’en s’en approchant, des pointes dans la chair.

Sylvette, à part.

Il ne le fera pas, ça coûterait trop cher.
Il est un peu serré, papa.

Pasquinot.

Il est un peu serré, papa.Rentre, — un peu vite !

Elle sort, il la suit des yeux d’un air courroucé.



Scène IV

BERGAMIN, PASQUINOT.
Bergamin, parlant à cantonade.

Ce billet à Monsieur Straforel, tout de suite.

Pasquinot court vivement au mur et y grimpe.

Bergamin !

Bergamin, même jeu.

Bergamin !Pasquinot !

Ils s’embrassent.
Pasquinot.

Bergamin ! Pasquinot !Comment va ?

Bergamin.

Bergamin ! Pasquinot ! Comment va ?Pas trop mal.

Pasquinot.

Ta goutte ?

Bergamin.

Ta goutte ?Mieux. Et ton coryza ?

Pasquinot.

Ta goutte ? Mieux. Et ton coryza ?L’animal
Me tient toujours.

Bergamin.

Me tient toujours.Eh bien, c’est fait, le mariage !

Pasquinot.

Hein ?

Bergamin.

Hein ?J’ai tout entendu, caché dans le feuillage.
Ils s’adorent !

Pasquinot.

Ils s’adorent !Bravo !

Bergamin.

Ils s’adorent ! Bravo !Brusquons le dénoûment !

Se frottant les mains.

Ha ! ha ! tous les deux veufs, et pères mêmement,
Moi, d’un fils qu’une mère un peu trop romanesque
Appela Percinet…

Pasquinot.

Appela Percinet…Oui, c’est un nom grotesque.

Bergamin.

Toi, d’un tendron rêveur, Sylvette, âme d’azur !
Quel était notre but, le seul ?

Pasquinot.

Quel était notre but, le seul ?Ôter ce mur.

Bergamin.

Pour vivre ensemble…

Pasquinot.

Pour vivre ensemble…Et fondre en une nos deux terres.

Bergamin.

Calcul de vieux amis…

Pasquinot.

Calcul de vieux amis…Et de propriétaires !

Bergamin.

Pour ce, que fallait-il ?

Pasquinot.

Les marier ! Oui, mais…Marier nos enfants !

Bergamin.

Les marier ! Oui, mais… serions-nous triomphants
S’ils avaient soupçonné nos désirs, notre entente ?
Mariage arrangé n’est pas chose tentante
Pour deux jeunes serins poétiques. Aussi,
Profitant de ce qu’ils ont vécu loin d’ici,
Leur avons-nous caché tout projet d’hyménée.
Mais collège et couvent les lâchaient cette année :
Lors, m’étant avisé que de les empêcher
De se voir, sûrement les ferait se chercher,
Que s’aimer en secret et d’un amour coupable
Leur plairait, — j’inventai cette haine admirable !…
Vous doutiez du succès de ce plan inouï ?
Eh bien, nous n’avons plus qu’à dire nos deux oui

Pasquinot.

Soit ! mais comment ?… Comment, avec assez d’astuce,
Consentir, sans leur mettre, à l’oreille, la puce ?
Moi qui t’appelais gueux, idiot…

Bergamin.

Moi qui t’appelais gueux, idiot…Idiot ?
Gueux suffisait ! Ne dis que juste ce qu’il faut.

Pasquinot.

Quel prétexte ?…

Bergamin.

Quel prétexte ?…Ah ! voilà ! — Mais ta fille elle-même
Vient de me suggérer l’ultime stratagème !
Tandis qu’elle parlait, mon plan se dessinait :
Le soir, ils ont ici rendez-vous ; Percinet
Arrive le premier ; au moment où Sylvette
Paraît, des hommes noirs, surgis d’une cachette,
L’enlèvent ! elle crie ! Alors, mon jeune coq
Court sus aux ravisseurs, chamaille à coups d’estoc ;
Ils font semblant de fuir ; tu te montres ; j’arrive ;
Ta fille et son honneur sont saufs ; ta joie est vive ;
Tu bénis, laissant choir de tes yeux un peu d’eau,
L’héroïque sauveur ; je m’attendris : — tableau.

Pasquinot.

Ah çà, c’est du génie !… Ah ! non ça, par exemple,
C’est du génie !…

Bergamin, modeste.

C’est du génie !…Eh ! oui… proprement. Chut ! contemple
Celui qui vient ! C’est Straforel, le spadassin,
À qui j’ai, tout à l’heure, écrit de mon dessein…
Oui, notre enlèvement, c’est lui qui va le mettre
En scène.

Straforel, dans un pompeux costume de spadassin, paraît au fond et s’avance majestueusement.



Scène V

les mêmes, STRAFOREL.
Bergamin, descendant du mur, et saluant.

En scène.Hum ! Que d’abord je vous fasse connaître
Mon ami Pasquinot…

Straforel s’incline.

Mon ami Pasquinot…Monsieur…

En se relevant, il s’étonne de ne pas voir Pasquinot.
Bergamin, le lui montrant à cheval sur la crête.

Mon ami Pasquinot…Monsieur…Là, sur le mur.

Straforel, à part.

Exercice étonnant pour un homme aussi mûr.

Bergamin.

Mon plan vous paraît-il, cher maître ?…

Straforel

Mon plan vous paraît-il, cher maître ?…Élémentaire.

Bergamin.

Oui, vous savez comprendre, agir vite..

Straforel

Oui, vous savez comprendre, agir vite..Et me taire.

Bergamin.

Simulacre de rapt, n’est-ce pas, combat feint ?

Straforel

C’est tout compris.

Bergamin.

C’est tout compris.Ayez d’adroits bretteurs, afin

Qu’ils n’aillent pas blesser mon garçonnet. Je l’aime,
C’est mon unique enfant !

Straforel

C’est mon unique enfant !J’opérerai moi-même.

Bergamin.

Ah ! très bien ! Dans ce cas, je ne saurais douter…

Pasquinot, bas à Bergamin.

Dis donc, demande-lui ce que ça va coûter.

Bergamin.

Pour un enlèvement, que prenez-vous, cher maître ?

Straforel

Cela dépend, Monsieur, de ce qu’on veut y mettre.
On fait l’enlèvement un peu dans tous les prix.
Mais, dans le cas présent, et si j’ai bien compris,
Il ne faut pas compter du tout. À votre place,
J’en prendrais un, Monsieur, là, — de première classe !

Bergamin, ébloui

Ah ! vous avez plusieurs classes ?

Straforel

Ah ! vous avez plusieurs classes ?Évidemment !
Songez que nous avons, Monsieur, l’enlèvement
Avec deux hommes noirs, l’enlèvement vulgaire,
En fiacre, — celui-là ne se demande guère, —
L’enlèvement de nuit, l’enlèvement de jour,
L’enlèvement pompeux, en carrosse de cour,
Avec laquais poudrés et frisés — les perruques
Se payent en dehors, — avec muets, eunuques,
Nègres, sbires, brigands, mousquetaires, au choix !
L’enlèvement en poste, avec deux chevaux, trois,
Quatre, cinq, — on augmente ad libitum le nombre, —
L’enlèvement discret, en berline, — un peu sombre, —
L’enlèvement plaisant, qui se fait dans un sac,
Romantique, en bateau, — mais il faudrait un lac ! —
Vénitien, en gondole, — il faudrait la lagune ! —
L’enlèvement avec ou sans le clair de lune,
— Les clairs de lune, étant recherchés, sont plus chers ! —
L’enlèvement sinistre aux lueurs des éclairs,
Avec appels de pied, combat, bruit de ferraille,
Chapeaux à larges bords, manteaux couleur muraille,
L’enlèvement brutal, l’enlèvement poli,
L’enlèvement avec des torches — très joli ! —
L’enlèvement masqué qu’on appelle classique,

L’enlèvement galant qui se fait en musique,
L’enlèvement en chaise à porteurs, le plus gai,
Le plus nouveau, Monsieur, et le plus distingué !

Bergamin, se grattant la tête, à Pasquinot.

Voyons, que penses-tu ?

Pasquinot.

Voyons, que penses-tu ?Hon… Et toi ?

Bergamin.

Voyons, que penses-tu ? Hon… Et toi ?Moi, je pense
Qu’il faut frapper très fort — tant pis si l’on dépense —
L’imagination !… Avoir de tout un peu !…
Faire un enlèvement…

Straforel

Faire un enlèvement…Panaché ? Ça se peut.

Bergamin.

Donnons-en pour longtemps à nos jeunes fantasques :
Chaise à porteurs, manteaux, torches, musique, masques !

Straforel, prenant des notes sur un calepin.

Nous prendrons, pour grouper ces divers éléments,
Une première classe, — avec des suppléments.

Bergamin.

Soit !

Straforel

Soit !Je vais revenir bientôt…

Montrant Pasquinot.

Soit !Je vais revenir bientôt…Mais il importe
Que Monsieur, de son parc, entre-bâille la porte…

Bergamin.

Il entre-bâillera.

Straforel, saluant.

Il entre-bâillera.Messieurs, mes compliments !

Avant de sortir.

Une première classe avec des suppléments !



Scène VI

BERGAMIN, PASQUINOT.
Pasquinot.

Avec tous ses grands airs, il s’en va, l’homme honnête,
Sans qu’on ait fait le prix !

Bergamin.

Sans qu’on ait fait le prix !Laisse, l’affaire est faite !
On abattra le mur. Nous n’aurons qu’un foyer !

Pasquinot.

Et l’hiver, à la ville, ô douceur ! qu’un loyer !

Bergamin.

Nous ferons dans le parc des choses ravissantes !

Pasquinot.

Nous taillerons les ifs !

Bergamin.

Nous taillerons les ifs !Nous sablerons les sentes !

Pasquinot.

Nos chiffres, au milieu de chaque massif rond,
Bien calligraphiés, en fleurs, s’enlaceront !

Bergamin.

Comme cette verdure est un peu trop sévère…

Pasquinot.

Nous allons l’égayer par des boules de verre !

Bergamin.

Nous aurons des poissons dans un bassin tout neuf !

Pasquinot.

Nous aurons un jet d’eau faisant danser un œuf !
Nous aurons un rocher ! — Hein ! coquin, que t’en semble !

Bergamin.

Tous nos vœux sont comblés !

Pasquinot.

Tous nos vœux sont comblés !Nous vieillirons ensemble

Bergamin.

Et ta fille est casée !

Pasquinot.

Et ta fille est casée !Ainsi que ton gamin !

Bergamin.

Ah ! mon vieux Pasquinot !

Pasquinot.

Ah ! mon vieux Pasquinot !Ah ! mon vieux Bergamin !

Ils tombent dans les bras l’un de l’autre.



Scène VII

Les mêmes, SYLVETTE, PERCINET, entrés brusquement, chacun de son côté.
Sylvette, voyant son père tenir Bergamin.

Ah !

Bergamin, apercevant Sylvette, à Pasquinot.

Ah !Ta fille !

Percinet, voyant son père tenir Pasquinot.

Ah ! Ta fille !Ah !

Pasquinot, apercevant Percinet, à Bergamin.

Ah ! Ta fille ! Ah !Ton fils !

Bergamin, bas à Pasquinot.

Ah ! Ta fille ! Ah ! Ton fils !Battons-nous !

Ils transforment l’embrassade en lutte à bras-le-corps.

Ah ! Ta fille ! Ah ! Ton fils ! Battons-nous !Ah ! canaille !

Pasquinot.

Ah ! gueux !

Sylvette, tirant son père par les basques de son habit.

Ah ! gueux !Papa !…

Percinet, même jeu, à Bergamin.

Ah ! gueux ! Papa !…Papa !…

Bergamin.

Ah ! gueux ! Papa !… Papa !…Laissez-nous donc, marmaille !

Pasquinot.

C’est lui qui m’insulta !

Bergamin.

C’est lui qui m’insulta !C’est lui qui me frappa !

Pasquinot.

Lâche !

Sylvette.

Lâche !Papa !

Bergamin.

Lâche ! Papa !Filou !

Percinet

Lâche ! Papa ! Filou !Papa !!

Pasquinot.

Lâche ! Papa ! Filou ! Papa !!Brigand !

Sylvette.

Lâche ! Papa ! Filou ! Papa !! Brigand !Papa !!!

Ils réussissent à les séparer.
Percinet, entraînant son père.

Rentre, il est tard !

Bergamin, essayant de revenir.

Rentre, il est tard !Ma rage est à son paroxysme !

Percinet l’emmène.
Pasquinot, même jeu avec Sylvette.

J’écume !

Sylvette, l’emmenant

J’écume !L’air fraîchit. Pense à ton rhumatisme !



Scène VIII

Le jour baisse insensiblement. La scène reste vide un instant. Puis, dans le parc de Pasquinot, entrent STRAFOREL et ses Spadassins, Musiciens, etc.
Straforel

D’une étoile déjà le ciel clair s’étoila.
Le jour fuit…

Il place ses hommes.

Le jour fuit…Mets-toi là… Mets-toi là… Mets-toi là.
Oui, l’heure du Salut déjà doit être proche :
Blanche, elle apparaîtra quand tintera la cloche ;
Alors, je sifflerai…

Il regarde le ciel.

Alors, je sifflerai…La lune ?… C’est parfait !
Nous n’aurons pas manqué, ce soir, un seul effet !

Regardant les manteaux extravagants des spadassins.

Excellents, les manteaux !… Que la colichemarde
Les retrousse un peu plus : appuyez sur la garde !

On apporte la chaise à porteurs.

La chaise, ici, dans l’ombre.

Regardant les porteurs qui sont noirs.

La chaise, ici, dans l’ombre.Ah ! les nègres, pas mal !

À la cantonade.

Les torches, vous n’entrez, n’est-ce pas, qu’au signal ?

On voit le fond vaguement coloré de rose par les reflets des torches qui restent derrière les arbres ; entrent des musiciens.

Les musiciens ? — là ! sur fond de clartés roses…

Il les place au fond.

De la grâce, du flou ! Variez donc les poses !
Debout, la mandoline ! Asseyez-vous, l’alto !
Comme dans le Concert Champêtre de Watteau !

Sévère, à un spadassin.

Premier Homme Masqué, que vois-je ? On se dandine ?
Ça, de l’allure ! — Bien ! — Instruments, en sourdine,
Veuillez vous accorder… Oh ! très bien ! — Sol, mi, si !

Il se masque.



Scène IX

les mêmes, PERCINET.
Percinet, entre lentement. À mesure qu’il déclame les vers suivants, la nuit devient plus noire et le ciel s’étoile.

Mon père s’est calmé… J’ai pu fuir jusqu’ici.
Le jour baisse… L’odeur des sureaux flotte et grise !…
Les fleurs vont s’effaçant dans la pénombre grise…

Straforel, bas aux violons.

Musique !

Les musiciens jouent doucement jusqu’à la fin de l’acte.
Percinet

Musique !Je me sens trembler comme un roseau.
Qu’ai-je donc ?… Elle va venir !

Straforel, aux musiciens.

Qu’ai-je donc ?… Elle va venir !Amoroso !…

Percinet

Mon premier rendez-vous, le soir… Ah ! je défaille !…
La brise fait le bruit d’une robe de faille…
On ne voit plus les fleurs… j’ai des larmes aux yeux…
On ne voit plus les fleurs… mais on les sent bien mieux !
Oh ! ce grand arbre, avec une étoile à son faîte !…
Mais qui donc joue ainsi des airs ? — La nuit s’est faite.

Oui, la douce nuit s’est faite, et voici
Qu’en l’azur foncé du ciel obscurci,
S’allumant partout, par là, par ici,
Et l’une après l’une,
Tandis que l’étang est tout coassant,
Les étoiles vont en nombre croissant
Tout autour, autour du grêle croissant
De la pâle lune !
Éclats de saphir et de diamant,
Étoiles, je fus longtemps votre amant,
Et je vous parlais, le soir, ardemment,
Perdu dans la nue !…
Mais ma poésie a changé de cours
Depuis que, tenant de naïfs discours,
Ses petits cheveux au front coupés courts,
Sylvette est venue !

Chers astres du ciel, astres familiers,
Vous êtes bien beaux, là-haut, par milliers,
Mais, allez ! serez bien humiliés
Quand, parmi ses voiles,
Elle apparaîtra dans le bleu jardin,
Et, voyant ses yeux, vous serez soudain
Pour vos propres feux prises de dédain,
Mes pauvres étoiles !

Une cloche sonne au loin.



Scène X

les mêmes, SYLVETTE, puis BERGAMIN, PASQUINOT.
Sylvette, paraît au tintement de la cloche.

Le Salut sonne. Il doit m’attendre.

Coup de sifflet, Straforel surgit devant elle, les torches apparaissent.

Le Salut sonne. Il doit m’attendre.Ah !

Les spadassins l’enlèvent et la mettent vivement dans la chaise a porteurs.

Le Salut sonne. Il doit m’attendre. Ah !Au secours !

Percinet

Juste ciel !

Sylvette.

Juste ciel !Percinet, on m’enlève !

Percinet

Juste ciel ! Percinet, on m’enlève !J’accours !

Il enjambe le mur, tire l’épée, et ferraille avec plusieurs spadassins

Tiens, — tiens, — tiens !

Straforel, aux musiciens.

Tiens, — tiens, — tiens !Trémolo !

Les violons élèvent un trémolo dramatique. Les spadassins se sauvent.
Straforel, d’une voix de théâtre :

Tiens, — tiens, — tiens ! Trémolo !Per Baccho ! C’est le diable
Que cet enfant !

Duel entre Straforel et Percinet. Straforel porte tout à coup la main à sa poitrine.

Que cet enfant !Le coup… est irrémédiable !

Il tombe.
Percinet, courant à Sylvette.

Sylvette !

Tableau. Elle est dans la chaise à porteurs ouverte, lui à genoux.
Sylvette.

Sylvette !Mon sauveur !

Pasquinot, surgissant.

Sylvette ! Mon sauveur !Le fils de Bergamin !…
Ton sauveur !… ton sauveur ?… Je lui donne ta main !

Sylvette et Percinet.

Ciel !

Bergamin est entré de son côté, suivi de valets avec des flambeaux
Pasquinot, à Bergamin qui paraît sur la crête du mur.

Ciel !Bergamin, ton fils est un héros !… Pardonne !
Et faisons leur bonheur !

Bergamin, solennel.

Et faisons leur bonheur !Ma haine m’abandonne !

Percinet.

Sylvette, nous rêvons, Sylvette, parlons bas,
Que le bruit de nos voix ne nous réveille pas !…

Bergamin.

Les haines finiront toujours en hyménées.
La paix est faite.

Montrant le mur.

La paix est faite.Il n’y a plus de Pyrénées !

Percinet

Qui l’aurait cru qu’ainsi mon père changerait ?

Sylvette, simplement.

Quand je vous le disais que tout s’arrangerait !

Tandis qu’ils remontent avec Pasquinot, Straforel se soulève et tend un papier à Bergamin.
Bergamin, bas.

Hein ! Quoi donc ? ce papier, et votre signature…
Qu’est cela, s’il vous plaît ?

Straforel, saluant.

Qu’est cela, s’il vous plaît ?Monsieur, c’est ma facture !

Il retombe


RIDEAU