Les Ressuscités/Lassailly

Calmann Lévy, éditeur (p. 227-262).

LASSAILLY
I

Il était un peu plus de minuit. Le poëte Lassailly venait de se coucher.

Lassailly n’était alors connu que par sa maigreur extraordinaire, quelques strophes farouches, et un livre intitulé : Les Roueries de Trialph, notre contemporain avant son suicide.

Lassailly venait de se coucher, bien que l’on fût en pleine époque de romantisme et que les nuits appartinssent de droit aux orgies échevelées, ou tout au moins aux veillées fiévreuses. Il s’était couché en ricanant, en se traitant lui-même de bourgeois, et en récitant ironiquement devant son miroir des fragments de la Henriade.

Puis, après ces affreux blasphèmes, il avait soufflé sur la tête de mort dans l’intérieur de laquelle il avait coutume de placer sa bougie, — et il s’était endormi en invoquant le cauchemar.

À ce moment, la maison fut ébranlée par plusieurs coups de marteau. Une voiture venait de s’arrêter devant la porte ; un homme en descendit, qui se fit indiquer la chambre de Lassailly, voisine des étoiles, et qui y monta malgré l’heure indue.

Deux laquais en livrée le précédaient, porteurs d’étincelants flambeaux.

Aux lueurs féeriques qui se répandirent par le trou de la serrure, et aux bruits de voix qui remplissaient l’escalier, Lassailly se réveilla en sursaut et chercha convulsivement sous l’oreiller son poignard malais, tordu en flamme.

— Ouvrez, lui cria-t-on.

— Qui est là ?

M. de Balzac.

À ce nom, qui était alors aussi glorieux qu’aujourd’hui, Lassailly s’empressa de revêtir le pantalon de molleton, mi-partie rouge et vert, qui lui donnait l’aspect du plus osseux figurant des théâtres du boulevard.

Après quoi, il alla ouvrir.

C’était bien M. de Balzac, en effet, avec son chapeau aux bords retroussés, sa grosse canne enrichie de turquoises et ornée d’énormes glands. Il était jeune ; ses cheveux étaient d’un beau noir : ses yeux, sa bouche avaient cette ardente et heureuse vivacité qui montraient son génie entier. Un peu d’embonpoint ne lui nuisait pas.

En ce temps-là, — temps bien éloigné de nous déjà ! — M. de Balzac était non-seulement le premier, mais encore le plus fécond de nos romanciers.

Il avait besoin d’un collaborateur pour remplir divers engagements pris trop précipitamment avec ses éditeurs, et il avait jeté ses vues sur Lassailly, dont le talent était incontestable, quoique singulier et surtout peu pratique.

M. de Balzac expliqua en peu de mots à Lassailly ses intentions, et, sans lui laisser le temps de répondre, il l’entraîna jusqu’à sa voiture. Les deux laquais soufflèrent sur les flambeaux et les mirent dans leurs poches.

Le cocher fouetta vers les Jardies.

Les Jardies sont, comme on le sait, situées à Ville-d’Avray, sur un petit versant. Il ne faut pas croire à toutes les farces que l’on a émises sur leur construction. C’est une maison charmante, que le propriétaire actuel, sans presque rien y changer, a divisée en petits appartements qu’il loue pour la saison fleurie.

Pendant le trajet, M. de Balzac avait développé à Lassailly ses plans, ses comédies, ses éditions à remanier, ses projets de revue, ses rêves d’administration pour la Société des gens de lettres, ses traités avec les journaux, ses procès, ses grands voyages, sa doctrine politique, ses inventions industrielles, ses idées sur l’ameublement, sur le costume, sur la démarche, sur l’hygiène, sur les sciences occultes, sur le sentiment religieux, sur les tribunaux et sur les banques de toutes les nations.

Quand on arriva aux Jardies, Lassailly avait la tête grosse comme une mosquée.

Il n’osait souffler mot, cependant.

M. de Balzac l’attela à une besogne de Titan et le soumit à un de ces incroyables régimes dont il a été souvent parlé : café toutes les heures, épinards, oignons en purée, sommeils interrompus.

L’étonnement soutint Lassailly pendant les premiers jours et pendant les premières nuits. Toutefois, ses pommettes rougissaient, et ses yeux commençaient à sortir de leur orbite !

M. de Balzac, au contraire, était joyeux et à l’aise comme une salamandre dans un bon feu. Il se promenait de long en large dans sa Comédie humaine, causant avec tous les personnages et les précipitant à la traverse de nouvelles intrigues, dotant Rastignac de plusieurs millions, procurant un amant à madame de Maufrigneuse, rêvant une évasion pour Vautrin, couronnant de fleurs le grand poëte Canalis, se vengeant du critique Blondel ou tuant le pauvre et joli petit diable d’Angoulême, Lucien de Rubempré.

Au milieu de tous ces gens avec lesquels il était loin d’être aussi familier, Lassailly sentit qu’il allait devenir fou.

Aussi, le cinquième jour, demanda-t-il un congé à M. de Balzac ; mais M. de Balzac le remit à huitaine.

Lassailly patienta encore ; le café lui rongeait les entrailles ; il n’y voyait déjà plus.

Enfin, la semaine s’écoula. Mais la besogne n’était pas terminée : il manquait un demi-volume. M. de Balzac s’emporta, fit la sourde oreille et alla fermer à double tour la porte de la maison. Puis, on apporta du café, — et les deux plumes recommencèrent à grincer sur le papier…

La nuit suivante, par un beau clair de lune, un homme pâle et décharné comme un spectre, les vêtements en désordre, sans chapeau, escaladait le mur du jardin, avec tous les signes du plus vif effroi et de la plus grande précaution.

C’était Lassailly qui s’enfuyait des Jardies.

II

Charles Lassailly n’était pas précisément fou, — mais le peu qu’il a fait imprimer est empreint d’une couleur étrange. Sa phrase a des faces inusitées, des éclats soudains, des ténèbres et des lueurs.

Son livre des Roueries de Trialph est ce que j’ai lu de plus échevelé dans ce genre, et l’effet en fut tel qu’il a pesé sur toute sa vie. La Revue des Deux Mondes, où il a écrit ensuite plus d’une page charmante et contenue, ne lui permit jamais de signer son nom, — à cause de cet antécédent.

Balzac, qui a eu pour secrétaires, quelquefois même pour ébaucheurs ou grossoyeurs de besogne, les cinq ou six plus intelligents des écrivains de ce temps-là : Edouard Ourliac, Théophile Gauthier, Laurent Jan, de Gramont, — et, dit-on aussi, Jules Sandeau ; — Balzac, qui possédait au delà de toute expression le flair, avait flairé Lassailly. « C’était, a raconté M. Amédée Achard, lorsque se préparait le tableau gigantesque de la Comédie humaine. M. de Balzac veillait sept nuits par semaine : à cette manufacture de romans il avait adjoint une fabrique de drames. Ce pauvre Lassailly, de mélancolique mémoire, celui-là même que ses amis appelaient Trialph, lui servait de secrétaire… »

Lassailly a écrit un peu partout, mais surtout dans les recueils les plus inconnus. Il avait un talent réel pour les vers, une facture gênée, mais un ton âpre ; — j’ai lu dans un magazine oublié, intitulé : les Étoiles, un de ses plus longs morceaux, le Prolétaire, qui est écrit avec du feu sombre. Comme tous les poètes amers, il évoque beaucoup Gilbert, et c’est avec de funèbres pressentiments qu’il rappelle sa mort déplorable[1].

Moi cependant je m’étonne de trouver dans l’âme des démocrates (Lassailly était républicain) une telle tendresse pour ce Gilbert qui a tant guerroyé contre les philosophes et les hommes de progrès, ce Gilbert qui mangeait à la table de l’archevêque de Paris, ce Gilbert qui, s’il vivait encore, serait infailliblement traité de réactionnaire, de jésuite, de poëte de sacristie. Ô inconséquence des enfants de Voltaire !

Quand ce ne fut plus M. de Balzac, ce fut M. Villemain qui employa notre vagabond Lassailly. Chez M. Villemain, Lassailly occupa ses heures de loisir à composer des drames invraisemblables et un poème qui n’a pas paru.

Sa pauvre tête allait de droite à gauche, battant ainsi la poésie, l’histoire, la politique, le théâtre, — et ne trouvant qu’un mur partout. À force de s’y cogner, elle se rompit. La fin de Lassailly-Trialph ressemble assez à la fin d’Edouard Ourliac, cet autre secrétaire de Balzac. — Le maître aussi a rejoint ses secrétaires ! — Lassailly disparut soudainement du monde, et nul ne sut où il s’était réfugié. On s’inquiéta de lui les premiers jours, on hocha la tête, et quelques-uns proposèrent de le réclamer par la voie des journaux ; au bout d’une quinzaine on n’y pensa plus. Pendant ce temps, seul, dans une maison située à l’ombre de l’église Saint-Étienne-du-Mont, Lassailly, agenouillé et se meurtrissant la poitrine, expiait les Roueries de Trialph. La religion l’avait gagné tout entier, ou plutôt la religion l’avait reconquis, — car il avait été autrefois un pieux enfant, soumis à sa mère et à Dieu.

Même histoire pour Ourliac.

Partis tous les deux du même point, tous les deux devaient y revenir, à quelques années de distance seulement. Mais entre le départ et le retour, quelle parabole excessive n’ont-ils pas décrite l’un et l’autre ! Quel voyage extravagant dans les terres australes de la littérature, à travers la révolution de Juillet, le Figaro, les premières représentations du drame moderne, Renduel et Ladvocat, les délires byroniens, le saint-simonisme, les gravures foncées de Tony Johannot, M. Viennet vaincu, l’hémistiche brisé ou la mort !

Ourliac était le plus sage, rendons-lui cette justice ; il était le plus moqueur aussi ; l’auteur de Gil-Blas avait du le tenir sur les fonts baptismaux. Lassailly ne procédait de personne, c’est pourquoi il procédait un peu de tout le monde ; il jouait bon jeu bon argent, comme on dit ; il était tout cœur, tout inspiration ! — Il est mort le premier.

Voici comment M. Jules Janin, qui eut vent du décès, a parlé de ce pauvre garçon dans le feuilleton des Débats :

« Nous avons vu mourir un des nôtres cette semaine, ce jeune Lassailly dont la triste destinée pleine d’enseignements ne servira d’enseignement à personne. Il était venu, lui aussi, du fond de sa province, la tête remplie de chefs-d’œuvre et son portefeuille vide. En cinq ou six ans de cette vie littéraire qui tue les corps, les âmes et l’esprit, le pauvre jeune homme avait rempli son portefeuille ; mais ce portefeuille rempli, sa tête était vide.

« … Avant d’être déclaré et reconnu malade, il écrivait à lui seul un journal, tout un journal, une feuille impitoyable, dans laquelle il traitait sans pitié quiconque tenait une plume en ce siècle. Il les appelait — des gens épuisés, — des génies avortés, — des romanciers aux abois, — des novateurs usés jusqu’à la corde, — des copistes, des plagiaires, — des bandits qui écrivaient pour vivre. Il était sans pitié, il était furieux, à ce point qu’il fallait nécessairement que ses victimes fussent enfermées aux Petites-Maisons, ou que lui-même il y fût enfermé. Ce fut lui[2].

« … Dans les désordres de sa pensée, il avait des naïvetés charmantes. C’est lui qui m’écrivait : — Vous avez parlé avec tant de tendresse de notre ami ٭٭٭. C’est une injustice, il n’est pas si fou que moi ! »

Il n’en a guère été écrit plus long, je crois sur la vie et la mort de Lassailly. Cette figure incertaine, cet esprit disséminé, contrariant, trop irrésolument fantasque ; cette plume fatiguée avant d’avoir tracé son premier mot, ce poète toujours en guerre avec lui-même, n’était pas d’ailleurs d’un si grand poids dans la balance littéraire. Heureux est-il encore d’avoir pu arracher à l’indifférence de la critique ces quelques lignes d’épitaphe !

Si pourtant l’on me demande d’où me vient cette sympathie pour ces inconnus, ces oubliés, ces dédaignés, et pourquoi je m’attache à reconstruire leur œuvre d’égarement, tandis qu’il y a autour de moi tant d’écrivains corrects et sérieux, tant de professeurs traduisant Perse et Juvénal, tant de gens d’étude, universitaires et autres, qui s’accommoderaient si parfaitement d’un peu de publicité ; — je répondrai, d’abord, que je n’aime donner qu’aux infiniment pauvres, ensuite que la compassion littéraire porte en elle-même son pourquoi, et qu’il suffit d’avoir un peu de talent et beaucoup de malheur pour m’attirer ; toutes raisons excellentes. Mais les vrais bibliophiles ne me feront jamais de questions semblables : rassurons-moi.

Et puis, il me semble que l’histoire des gens presque inconnus doit avoir pour beaucoup de lecteurs l’attrait du roman ; — tout l’invraisemblable dans le vrai, songez-y ! Un nom sans autorité comme Pierre ou Jean, à peine quelque chose de plus que les héros imaginaires, quelques lignes imprimées dans un coin, juste de quoi justifier d’une existence réelle, trois ou quatre personnes qui disent : Je l’ai connu ! voilà tout. Du reste, de la passion, des événements, de la douleur, des larmes tant qu’on en veut, de la raillerie parisienne, rognures des petits journaux sanglants, de la verve, du coup de fouet ; — et enfin, au bout de tout cela, la vérité, la grande vérité, qui se porte caution de votre attendrissement !

Les choses qui sont arrivées à Lassailly ne sont-elles pas aussi intéressantes que les choses qui ne sont pas arrivées aux personnages d’Alexandre Dumas ? Sa folie ne vaut-elle pas les folies inventées ? Ses amours — ces mystérieuses amours de Lassailly pour une grande dame avérée — ne peuvent-elles être comparées aux amours d’imagination ? Meurent-ils autrement, les Arthur d’in-octavo ?

Une des choses qui me font aller vers l’autobiographie, de si bas qu’elle parte, c’est la défiance de ma sensibilité, qui ne veut pas, autant que possible, se laisser intéresser à faux ou à vide.

Les Roueries de Trialph sont évidemment une autobiographie déguisée. Comme ce livre est rare, — je ne sais pas pourquoi, — et qu’il offre en outre mille curiosités de sentiment et de style, on souffrira que j’en fasse le dépouillement analytique. Selon moi, la critique rétrospective est la meilleure et la plus efficace ; j’essayerai un jour de l’appliquer à quelques-unes des œuvres soi-disant considérables publiées depuis vingt ans.

Comme tous les livres de 1833, les Roueries de Trialph débutent par une préface, une longue préface, qui vous monte à la tête comme la vapeur d’une tonne de bière au moment de la fermentation. Cette préface ne dit rien, comme beaucoup de préfaces ; mais au moins elle sait qu’elle ne dit rien, ce qui constitue le premier des mérites négatifs. « Après tout, ce sont mes mémoires que je signe. J’ai nom Trialph. Point de généalogie. Je sais seulement que Trialph vient de Trieilph. Cette expression, dans la langue danoise, signifie : gachis. »

La préface mentirait à sa date, si elle n’amalgamait dans un éblouissant éclectisme Napoléon, Richter, la Morgue, Rabelais, Shakespeare, Robespierre, le préfet de police et Malherbe. Dans sa préface, Trialph cause particulièrement delà République, qu’il voudrait savoir possible ; mais, hélas ! murmure-t-il, on ne rencontre plus personne de bonne volonté : « En France, quel citoyen échelonnera humblement sa capacité à me cirer mes bottes de poëte crotté ? » Ainsi raisonne Trialph. En littérature, il paraît n’être d’aucune école, on ne trouve pas un seul nom contemporain sous sa plume.

«Ce que j’écrirai ici, je l’ignore. Je veux seulement esquisser quelques vérités sur le citoyen Cœur humain. » Le malheur est que les vérités de Trialph sont trop souvent saupoudrées d’immoralité. J’aurais voulu le connaître au temps où, selon son expression, il avait des illusions comme un eunuque de la graisse. Aujourd’hui, ce n’est plus qu’un ricaneur, et de la pire espèce encore : un ricaneur qui veut être plaint ! Sa préface est une parodie sérieuse des préfaces les plus célèbres ; il penche la tête d’un air douloureux et se demande où va le monde, — à propos des amours de Nanine et d’Ernest, qu’il va raconter tout à l’heure.

Au milieu de ces digressions usées, de ces moqueries sans motif, de ces colères inutiles, de ces dédains littéraires, de ces saccades prévues, au milieu de toutes ces choses inachevées et recommencées dont se compose cette préface, il y a cependant un élan de cœur que je ne puis suspecter, et qui tranche sur l’allure divagante du morceau :

« J’ai un aveu qui me pèse.

« Je suis malheureux…

« Oh ! ma pauvre mère !

« Ma mère ! Tu m’as donné la vie, tu as veillé pendant des nuits longues et froides auprès de moi, qui reposais dans un berceau ; tu m’as enlacé de soins et de tendresse, tu as pleuré beaucoup sur mon avenir ; tu m’avais averti… Je t’ai coûté la santé, le bonheur, ma mère, hélas ! et je maudis mon existence !…

« Oui, je la maudis ! »

Les Roueries de Trialph commencent par un bal, en plein faubourg Saint-Germain.

On voit passer le héros en habit boutonné.

Il est moins sombre que d’habitude ; il a formé le projet, ce soir-là, de se gargariser de quelques drôleries de sentiment.

Amer Trialph !

En conséquence, après quelques minutes d’examen sous un candélabre, il entre en adoration d’une jeune fille et d’une femme mûre, — toutes les deux à la fois.

La déclaration d’amour à la jeune fille assez étonnante. Il lui dit : — Mademoiselle, je vous aime autant que la République.

« La jeune fille devint rose d’émotion. »

Trialph fait une pirouette, et se dirige ensuite vers la femme mûre, laquelle est une comtesse de haute vertu, avec des yeux bleus, un teint pâle sous le bismuth et le vermillon, et une taille à l’entonnoir.

Il lui demande un rendez-vous pour le lendemain.

Ces deux exploits accomplis, — Trialph s’en va se coucher.

Au fond, ce Trialph est un mauvais drôle, toujours grinçant des dents, mal frisé, désaimant tout, passant de longues heures en tête à tête avec un pistolet chargé, lisant lui aussi ses prières dans lord Byron, mâchonnant un éternel blasphème sous sa lèvre crispée, et goûtant une joie sauvage à s’accouder sur le parapet du pont Notre-Dame, en regardant d’un œil fasciné les nappes verdâtres de la Seine. Un Jeune-France, enfin.

Ces Jeune-France sont si loin de nous, que cela vaut la peine d’en parler.

Comme tous les Jeune-France, Trialph a sur sa chiffonnière, auprès de son lit, une tête de mort non lavée à la chaux, toute jaune encore de rouille humaine. Dans le creux de l’œil droit il a placé la montre d’un curé de campagne (le parrain de Mardoche, probablement), et dans le creux de l’œil gauche un charmant petit thermomètre. — La charpente osseuse du nez lui sert à suspendre ses bagues d’or et le camée d’un bracelet qu’il « a volé un jour à une fougueuse Italienne, qui s’est mise depuis à chanter, la misérable créature, pieds nus, sur les boulevards. »

Trialph, à son réveil, met des gants glacés et se rend chez la femme mure à qui il a demandé un rendez-vous, madame la comtesse de Liadières.

Il fait sa cour à la façon des Jeune-France, c’est-à-dire il ricane, il pâlit, il déchire sa poitrine avec ses ongles, il pose sa main sur la rampe du balcon en murmurant : — Mon Dieu ! que le ciel est pur ; mon Dieu ! que cet air est suave !… Mais lui, son front est brûlant, son sang bout dans sa tempe à lui ouvrir le crâne ; il essaye de parler de choses indifférentes, du bois de Boulogne, du paillasse Deburau, de l’athéisme, des Polonais, de tout ce qui est à la mode ; enfin il se jette aux genoux de la comtesse et la tutoie :

— Femme ! que tu es belle ainsi !

La comtesse ne fait pas jeter cet animal à la porte. Au contraire ; elle le trouve intéressant, nouveau. Cela enhardit Trialph, qui se lance dans toutes sortes de sarcasmes contre l’amour, contre la patrie, contre la gloire, contre les belles-lettres, contre la lune, contre la législation actuelle, contre les jolies femmes, et qui termine par un éclat de rire convulsif, — cet éclat de rire convulsif sur lequel ont vécu tant de romans et tant de drames.

— Vous m’effrayez, dit la comtesse de Liadières ; pourquoi rire ainsi ?

— Je ris, madame, de ne pas me voir pendu ou brûlé vif. Un matin que je rencontrerai la signora Société dans les rues de Paris, je veux en passant lui jeter au nez cette prédiction qu’elle mourra l’année prochaine, s’il éclôt par hasard en France trente faquins de bouffons comme moi !

Cela est bien sage dans la bouche de Trialph.

Mais Trialph ne demeure pas longtemps dans sa franchise. Quand il lui est bien prouvé que la comtesse l’aime, le voilà qui devient brutal et grossier envers cette femme charmante ; le voilà qui l’appelle coquette, déloyale, qui lui parle de M. Liadières et qui se déchaîne contre l’adultère. Il marche à grands pas dans le boudoir, il est écumant, il est frénétique ; enfer et puissances du ciel ! Massacre et railleries ! Il casse le cordon de la sonnette, il éreinte le tapis à coups de talon de botte, il frappe à poing fermé sur le piano. La comtesse, épouvantée, se roule dans un coin comme un serpent en spirale. Immobile et muet, Trialph la glace d’un sourire diabolique.

« Je devais être horriblement beau ! » ajoute-t-il.

Vraiment, j’éprouve quelque honte à vous raconter ces désordres. Telle était pourtant une scène d’amour en ces temps-là, tels étaient les amoureux du livre et de la scène. Trialph n’est guère plus exagéré qu’Antony ; il ne sait pas ce qu’il veut, il ne veut plus ce qu’il a demandé, il menace, il implore, il sanglotte, il a la fièvre.

Ils avaient tous la fièvre, alors.

Cette furia d’amour, répandue en littérature par Indiana, par les drames fauves, par les poésies noires, a été assez heureusement caractérisée dans un vaudeville joué par Arnal :

Quel plaisir de tordre
Nos bras amoureux,
Et puis de nous mordre
En hurlant tous deux !

Vous voyez que Trialph est tout à fait dans la tradition, lorsque hérissé, funeste et se gorgiasant à l’aise dans son délire satanique, il foule aux pieds cette femme du monde, cette comtesse, absolument comme si c’était madame Dorval.

Silence ! Voici le mari qui entre, M. de Liadières.

« M. de Liadières alla se poser debout devant la cheminée. Il contempla d’un air froid et sérieux la comtesse, qui n’osait s’approcher de lui. Elle était échevelée. Le vieillard soupira. Jamais la majestueuse sérénité de son front chauve ne m’avait inspiré autant de respect ; il me paraissait voir une ondée de lumière descendre sur le visage de cet homme comme un rayon pur de soleil sur la neige éblouissante des Alpes. Oh ! il était beau, ce vieillard ! Qu’il était beau ! »

Reconnaissez le vieillard de Portia, d’Alfred de Musset, ce même vieux à tiroir, — dévasté et noble, — qui défraie toute la littérature d’après Juillet.

Trialph et le vieillard se sont compris dans un seul regard : ils se battront à la pointe du jour.

En attendant, Trialph va diner avec des républicains qui conspirent.

Il sable le Champagne.

Il fume des feuilles sèches d’opium.

Les républicains émettent divers procédés pour se défaire du roi Louis-Philippe.

— Je m’offre, s’écrie l’un d’eux, à le piquer avec une aiguille aiguisée d’acide prussique, en lui donnant une poignée de main, comme il en prodigue aux vils séides qui se foulent au devant de son cheval

— Quand agiras-tu ?

— Je voudrais bien ne plus souffrir du pied : jamais je ne parviendrais à m’échapper…

Interrogé à son tour, Trialph convient qu’il n’est qu’un détestable farceur dont ils n’ont pas besoin.

Fi du Trialph !

Trialph laisse-là cette mauvaise compagnie.

Il entre au Théâtre-Français.

Il se promène dans le foyer, où sont réunis les aristarques de la presse : « colporteurs de cancans, jansénistes littéraires ; puis, tout le servum pecus romantique des moutons qui bêlent, parce que le bélier marche en avant ; aiglons de basse-cour, rapsodes benêts, automates extatiques qui dansent toute une soirée comme les poupées de l’immortel Séraphin ! »

Ah çà ! dira-t-on, Trialph n’est donc pas romantique ?

Certainement non !

Trialph professe des opinions énergiquement classiques, — à la façon d’Eugène Delacroix, — il adore Athalie et Phèdre.

Trialph classique, c’est bien plus drôle !

Ainsi charme-t-il ses loisirs, en attendant l’heure de son duel avec M. de Liadières.

À ce duel, M. de Liadières juge convenable d’amener, en guise de témoin, sa femme, la comtesse, — ce qui déroute entièrement Trialph.

— La religion des usages, pense-t-il, se refuse à ce que j’assassine le mari de ma maîtresse devant elle. Je n’ai encore rien vu de cela dans aucune de nos pièces, dans aucun de nos romans. Je ne veux pas devancer le drame de la scène dans le drame de ma vie. La littérature crée des mœurs aux sociétés qui veulent sembler vivre. La bonne décence prescrit le reste aux honnêtes gens qui ont du goût.

Il essaie de soumettre à M. de Liadières cette observation pleine de délicatesse.

Mais le beau vieillard le traite de misérable et lui croise ses deux poings sous le menton.

C’est un ancien militaire, comme tous les vieillards de la littérature.

On arrive dans un endroit écarté, près de la barrière Saint-Jacques.

La femme pleure.

Les deux hommes sautent sur les épées.

Le cocher fume sa pipe, en caressant tranquillement ses bêtes.

Tirade sur le beau temps qu’il fait.

La femme se meurtrit les bras.

Les deux hommes fondent l’un sur l’autre.

Le cocher détourne les yeux.

Tirade sur le duel : « Le duel prouve ce qu’il veut prouver, je le soutiens. On a beau mouler des phrases, tout ce qui n’est pas le duel ment à ceux qui doivent se battre. Le meilleur raisonnement contre les ampoules du style et les sophismes de la sensibilité, c’est que notre estomac digère la chair des animaux et notre conscience les conséquences d’un duel honorable. »

La femme s’évanouit…

Trialph vient de faire voler en éclats l’épée de M. de Liadières, il ne veut pas du sang de ce vieillard !

Ce jour-là, par un hasard étrange, on guillotine un boucher sur la place de la barrière Saint-Jacques ; — la scène de guillotine est indispensable dans les romans de 1833 ; — toutes les fenêtres sont louées : à l’une d’elles, Trialph aperçoit Nanine, cette jeune fille du premier chapitre à qui il a adressé une déclaration républicaine. La société est fort belle et respire des violettes en attendant le condamné. Comme Trialph est connu pour un peu poëte, on le prie de réciter des vers, du gracieux, de l’aérien.

Trialph récite une ballade intitulée le Sylphe, — la crème de sa littérature, dit-il, la meringue de ses œuvres fugitives.

Pendant ce temps-là, Nanine a posé sur le pied de Trialph son joli soulier satiné.

C’en est fait, Trialph aimera Nanine. Il l’aime déjà.

— Au large ! s’écrie-t-il, j’aime ! j’aime ! Moi, j’aime d’amour ! C’est Nanine que j’aime, et je l’aime plus que je ne voudrais l’aimer, je le vois. Mais qu’importe ! Je ne suis pas habitué à jeter mes passions au dehors, comme on fait d’un créancier qui mettrait la main sur votre habit, en disant : Vous n’avez pas le droit de porter cet habit !

Puis tout aussitôt — car l’âme de Trialph est comme la patte d’oie d’une forêt où se croisent divers sentiers — il lui vient des inquiétudes, des troubles que, par parenthèse, il exprime en très-poétique langage : « À prévoir de loin, peut-être ai-je peur avec raison que cette vierge blonde s’abandonne parfois à des instincts de coquetterie. Quand, pour me plaindre alors, je m’approcherai d’elle, au milieu de la foule des indifférents, Nanine, je le crois, voudra bien avoir la complaisance de ne pas s’éloigner. Je serai pâle, je tremblerai. D’une bouche timide qui permettra à peine aux sons de ma voix de se faire entendre, je lui dirai : Vous me trompez ! Elle répondra vite : Non ! Et sans que rien l’ait troublée, ensuite elle s’envolera vers d’autres hommages, moins sérieux, moins exigeants. Puis, en se souvenant par hasard de mes inquiétudes : C’est un fou qui m’aime trop ! se répétera-t-elle pendant la danse où j’épierai les regards furtifs de ses beaux yeux noirs, presque toujours pleins de bonheur…

« Néanmoins, je consens à l’aimer ! » ajoute Trialph, en concluant.

Hélas ! cher Trialph, tu comptes sans ton ami Ernest !

Ernest est un jeune homme qui a la main heureusement gantée et qui s’est acquis je ne sais quelle grâce à jeter son lorgnon au-devant de toutes les loges d’Opéra.

Au moment où la belle société se porte aux fenêtres pour voir arriver la charrette, Ernest s’approche de Trialph et lui jette discrètement dans le tuyau de l’oreille la nouvelle de son prochain mariage — avec mademoiselle Nanine de Massy.

— Il me faut un meurtre ! murmure Trialph.

Enfin !

Je trouve, moi, que ce meurtre s’est bien fait attendre.

Le premier meurtre de Trialph, — c’est tout uniment un suicide.

Trialph ; qui n’y met pas de prétention, se fait un verre d’eau sucrée avec plusieurs petits paquets de morphine ; et il l’avale, pendant que le couteau de la guillotine tranche la tête du boucher de la barrière Saint-Jacques.

Fait ! comme disent les enfants, au jeu de cache-cache.

Quand il s’est empoisonné, Trialph veut assister à un bal : — Oui, s’écrie-t-il, puisque la lutte m’a épuisé avant le terme, ma place de mort est là, aux splendeurs factices de la lumière des bougies, parmi les femmes et les fleurs artificielles, parmi les égoïstes, les repus, les contents, les orgueilleux, les ingrats, parmi les privilégiés, les accapareurs de places, les brevetés, les pensionnés, les distributeurs de médailles et de couronnes, parmi ceux qui volent au jeu de cartes et ceux qui ne se fatiguent pas de la valse adultère !

La valse adultère ! voilà leur grand mot, leur grande pudeur.

Ô moralité des Jeune-France !

Au bal, — Trialph danse comme un perdu, il boit du punch, il copie sa ballade du Sylphe sur l’album d’une vieille dame, il se livre à la valse adultère, il fait mille gambades, — et, en fin de compte, il reconnaît qu’il s’est mal empoisonné. Déception !

Au désespoir d’avoir manqué son coup, Trialph se rend dans le bureau d’un journal, et, moyennant quelques centimes, il fait insérer les lignes suivantes :

« Un particulier, décidé au suicide, désire exploiter avantageusement sa mort, pour payer la corbeille de noces d’une femme, qu’un de ses amis arrache à son amour. Il offre donc le sacrifice de sa vie à la merci d’un projet quelconque, moyennant une somme dont il sera convenu entre les parties intéressées. — S’adresser, pour les renseignements, à M. A. B., poste restante, à Paris. »

Cette annonce a pour résultat d’amener une lettre anonyme qui enjoint à Trialph de se trouver, masqué, au bal de l’Opéra.

Là, Trialph se voit accosté par M. le comte de Liadières, qui lui offre une somme assez rondelette s’il veut assassiner la comtesse.

Stupeur de Trialph !

Après quelques instants de réflexion, il accepte la somme et va la jouer à Frascati.

Frascati ! le jeu ! les impures en décolleté de dentelles ! le râteau infernal ! les doigt maigres qui s’allongent en tremblant pour froisser les billets de banque ! les visages pales et froids sous la sueur ! Encore un thème que Trialph se garde bien de laisser échapper, et sur lequel il brode les plus voyantes métaphores.

Trialph rencontre Ernest à Frascati.

— Ernest, veux-tu que je te joue ta femme Nanine ?

— Farceur !

— Huit mille francs ?

— Immoral !

— Seize mille ?

— Diable !

Ernest se laisse tenter : il joue et il perd.

— Maintenant, ta maîtresse ? continue Trialph.

— Soit.

Ernest perd encore ; il perd toujours.

Néanmoins, comme c’est un beau joueur, il conduit mélancoliquement Trialph sous le balcon de sa maîtresse : il lui montre l’échelle de corde préparée, la fenêtre mystérieusement entr’ouverte, et, étouffant un soupir, il lui dit : Va !

— Bah ! exclame Trialph ; mais c’est chez la comtesse de Liadières ?

— Sans doute.

— Madame de Liadières serait ta maîtresse ?

— Depuis six mois.

— Anathème !

Trialph bondit sur Ernest, et le jette, sanglant, sur le pavé.

Après quoi, il escalade le balcon.



« Le comte parut.

» Il était tête nue, et croisait ses deux bras sur sa poitrine.

— » Avez-vous fini ?

— » Oui, répondis-je en montrant la comtesse étendue sur le parquet.

» Le vieillard prit un flambeau et se hâta d’incendier les rideaux et les toiles de la chambre adultère. »

Deux heures après, une berline roule vers l’Océan.

Elle emporte Trialph au suicide.

Il a tué Ernest, il a tué madame de Liadières, il a tué Nanine — en lui chatouillant la plante des pieds ; il va se tuer à son tour.

Sur la plage, Trialph coudoie un comédien à qui il remet ses mémoires ou plutôt ce qu’il appelle ses Roueries :

« Nous nous complimentâmes longtemps sur le port en face de l’eau.

» Il m’a quitté enfin, l’égoïste !

» À la mer, à la mer, le Trialph ! »

FIN.

Voilà ce livre tout entier, — une des expressions les plus fidèles de l’orgie romancière. J’ai disséqué celui-là, afin d’être dispensé de disséquer les autres, — car il y en a d’autres. Il y a le Champavert, de Petrus Borel ; il y a les premières frénésies de Jules Lacroix. Il y en a de pires encore, auprès desquels les productions clandestines du Directoire ne sont que des berquinades. — Rappelons souvent cela, afin d’innocenter les nouveaux venus de la littérature, dont les quelques écarts ont pu être incriminés par des ermites de la critique, dont la robe de bure ne cachait pas assez la queue frétillante des diables de 1833.

Lassailly valait mieux que son livre, ce qui ne veut pas dire que son livre ne vaille absolument rien. Vous y aurez remarqué, comme moi, des formules attrayantes et nouvelles, d’heureuses témérités, un certain esprit qui, loin de courir les rues, marche sur la crête des toits.

Ce qu’on ne trouve pas dans les Roueries de Trialph, ce sont des roueries, — et je m’explique difficilement un pareil titre, à moins que le roman lui-même ne soit d’un bout à l’autre une mystification, ce qui pourrait bien être, mais ce que j’hésite à croire : — Lassailly n’était pas si gouailleur.

Abrégeons.

Il y a la beauté du diable, qui est simplement la jeunesse et la fraîcheur. Ne peut-on pas dire aussi qu’il y a la littérature du diable ?

La littérature du diable, — c’est le délire, c’est l’emportement, c’est l’abandon, c’est l’incohérence, c’est tout ce qu’il ne faut pas.

C’est tout ce qui plaît, sans avoir raison de plaire.

Lassailly appartenait, par ses premières feuilles noircies, à cette littérature maudite et chiffonnée, qui semble avoir fait un pacte avec la Mort[3].


  1. Qu’il me soit permis de revenir sur un fait, que j’ai déjà eu l’occasion de constater. Notre xixe siècle veut absolument que Gilbert soit mort de misère, parce que Gilbert est mort à l’Hôtel-Dieu. J’en suis fâché pour le xixe siècle, mais il doit chercher ailleurs ses sujets d’apitoiement, qui du reste ne lui manqueront pas. Gilbert, lorsqu’il mourut, était tout à fait dans l’aisance ; il avait surmonté les obstacles du début ; il avait percé la foule ; souvent on le rencontrait vêtu d’un magnifique habit brodé d’or. Sa folie est due, non pas à une accumulation de déceptions littéraires, comme on l’a prétendu, mais à une cause purement accidentelle, à une chute de cheval qui occasionna une fièvre chaude, pendant laquelle, — tout le monde sait cela, — Gilbert avala une clef. Dans ces circonstances, on le transporta à l’Hôtel-Dieu, c’est ce qu’on avait de mieux à faire.
    Sans doute, la pauvreté fait très-bien au bout d’un vers mais la vérité fait encore mieux. Plaignons Gilbert de sa mort prématurée, mais n’en tirons pas de conséquence. Mercier, qui était un de ses amis et qui a recueilli son dernier soupir, a donné sur l’état de sa fortune les renseignements les plus rassurants.
  2. Revue critique, journal mensuel. S’adresser pour tout ce qui concerne la rédaction, à M. Lassailly, rue Caumartin, 41. On s’abonne à la Tente, galerie Montpensier, 6. Janvier 1840 (Imprimerie Belin et Cie, rue Sainte-Anne, 55). — À l’appui de ce que dit M. Janin, voici quatre vers d’une Ode à l’Aristocratie contenue dans le premier numéro de ce journal :
     
     
    Ô calomnie aux ongles longs !

    Ô menteur Journalisme, éloquence sans âme,
    Héroïsme bâtard, inglorieuse lame
    D’assassins qui n’ont pas de noms !

  3. Voici les titres de quelques nouvelles publiées par Lassailly dans le feuilleton du Siècle :
    Le Dernier des Pétrarque.
    Les Gouttes de digitale.
    Grègorio Banchi.
    Un Secrétaire du XVIIIe siècle, ou le Griffon de la vicomtesse de Solanges.
    La Trahison d’une fleur.

    Chercher dans la collection du Monde illustré un article de M. Hippolyte Lucas sur Lassailly.
    Alfred de Musset avait composé ces vers sur l’air du Menuet d’Exaudet :

    Lassailly
    A failli
    Faire un livre.
    Il n’a tenu qu’à Renduel
    Que cet homme immortel
    Pût vivre ! etc., etc.